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ancien testament - Page 28

  • Luc 7. Jésus est fâché ! Il déteste les excuses qui permettent de se dérober.

     

    31.1.2010

    Jésus est fâché ! Il déteste les excuses qui permettent de se dérober.

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    Luc 7: 18-48

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Jésus est fâché ! Oui, Jésus est fâché. Vous ne l'avez pas senti à la lecture de ces récits ? Oui, moi je sens toute l'exaspération de Jésus vis-à-vis de ceux qu'il rencontre. Il y a d'abord les envoyés de Jean Baptiste qui veulent savoir si Jésus est vraiment le Messie, ou pas.

    Pour répondre à leur question, Jésus ne dit rien, il part dans une frénésie de guérison, maladies, maux, souffrance, aveuglement; Jésus guérit à tour de bras. Puis, enfin, il parle aux envoyés : "Allez raconter à Jean ce que vous avez vu." (Luc 7:22) Une façon de dire : "Mais ouvrez les yeux ! Ce que je fais est explicite, non ?" Il faudrait une patience d'ange pour ne pas être exaspéré par cette incrédulité. Mais peut-être que Jésus avait cette patience ?

    Ensuite, Jésus interpelle les foules qui le suivent et qui avaient suivi Jean Baptiste auparavant. C'est une foule mélangée, le petit peuple, mais aussi ceux qui collaborent avec les Romains et collectent pour eux les taxes et les impôts, et quelques représentant des autorités, les scribes et de la bourgeoisie, les pharisiens. (Luc 7:29-31)

    Ils étaient attirés par Jean Baptiste. Maintenant, ils suivent Jésus qui se demande ce qu'ils cherchent. "Qu'êtes-vous aller chercher auprès de Jean Baptiste ?" (Luc 7:24-26) Qu'est-ce qui vous attirait chez lui ? Ni la fragilité, ni le luxe, peut-être le message ?

    Et Jésus sait que les gens ont été partagés. Le peuple et les collecteurs d'impôts ont demandé le baptême à Jean, alors que d'autres l'ont rejeté, il était trop extrémiste pour eux. Et Jésus — pensant tout haut, fâché contre leur versatilité, leurs incohérences — se demande à quoi il peut comparer la génération qu'il a sous les yeux.

    Alors, il les compare à un groupe d'enfants qui joue sur la place publique. Enfin, ils voudraient jouer, mais ils restent inertes. L'un propose : "Et si on jouait à la noce ?" Mais personne ne bouge, c'est bôf… Alors, un autre propose : "Vous êtes tellement amortis qu'on devrait jouer à l'enterrement !" (Luc 7:32) Mais même cette provocation ne fait bouger personne.

    Voilà à quoi ressemble cette génération dit Jésus à travers cette parabole, une génération d'indifférents, de blasés, de sans réaction, d'apathiques. Immobiles, bloqués, paralysés, repliés sur eux-mêmes.

    Je vous avais dit que Jésus était fâché. Oui, il voudrait secouer cette génération. Vous n'êtes contents de rien ni de personne. Jean Baptiste est venu comme un ascète et vous avez dit : « Il a un démon » (Luc 7:33). Je viens et je me mêle à la vie, je mange avec tout le monde et cela ne vous convient pas non plus. Qu'est-ce qui cloche ? Qu'est-ce qui vous paralyse ?

    Dans notre génération aussi on a cette impression de paralysie. Les gens ne s'engagent plus, ils ne sortent plus de chez eux pour des activités en commun. Toutes les sociétés locales ont de la peine à trouver des gens pour leurs Comités. chacun est scotché devant son journal ou sa TV. On entend beaucoup d'excuses : "J'ai trop à faire, je n'ai pas le temps. Je ne peux pas m'occuper de toute la misère du monde. Ce que je peux faire, ce n'est qu'une goutte d'eau dans la mer, c'est inutile. D'ailleurs, les chrétiens ne sont pas meilleurs que les autres. Ou encore : aider n'aide pas, mais maintient dans la dépendance."

    Autant de phrases qui servent à justifier l'inaction, l'immobilisme, la paralysie. De nos jours, il faut dépasser les 100'000 morts pour faire bouger les gens, n'est-ce pas ? Pas vous qui vous êtes déplacés ce matin à l'église, je parle de ceux qui sont restés chez eux.

    C'est contre cet immobilisme que Jésus se fâche. Et avec sa petite parabole, il coince ceux qui cherchaient à se défiler. Ceux qui avaient de bonnes excuses pour ne pas suivre Jean Baptiste, Jésus les coince, ils devraient le suivre lui !

    Jésus accuse, Jésus critique ces excuses, ces raisonnements qui justifient l'immobilisme, le retrait, la non-intervention, le non-engagement. Qui voulez-vous suivre si vous ne suivez ni celui qui jeûne, ni celui qui mange ? Qui voulez-vous suivre si vous ne suivez pas celui qui vit isolé dans le désert, ni celui qui se mêle à la vie des humains ? Décidez-vous nom d'une pipe !

    Jésus est fâché ! Mais fâché contre les excuses, les raisonnements tordus qui servent de paravent, d'échappatoire aux engagements ou aux responsabilités. Jésus n'a jamais coincé personnes sur ses faiblesses, ses incapacités, ses infirmités ou ses vulnérabilités. Par contre, il est intraitable face à l'hypocrisie, face aux raisonnements dilatoires, face à la logique tordue qui permet la fuite.

    Je pense que c'est ce qu'il dit dans la conclusion de la parabole, une conclusion un peu énigmatique dans nos traductions. Le texte grec nous dit ceci : "la sagesse est justifiée par tous les enfants de la sagesse" ce qui est généralement compris comme "seuls les sages peuvent reconnaître la sagesse" dans le même sens qu'il dit ailleurs "Que ceux qui ont des oreilles pour entendre écoutent" (Luc 8:8).

    Mais si Jésus est fâché, je pense qu'il met de l'ironie dans cette phrase. Alors, il faut la comprendre comme disant : les enfants de la sagesse justifient la sagesse, ce qui signifie en termes actuels : "les raisonneurs donnent raison à leurs raisons" ou en termes plus communs : "vous pouvez remballer vos excuses."

    Jésus est fâché parce qu'il déteste l'hypocrisie et les excuses qui permettent de se dérober à ses devoirs ou à la volonté de Dieu. Mais, tout fâché qu'il est, Jésus n'abandonne pas sa tendresse et sa compassion, comme le montre le récit suivant où il est invité à manger chez Simon le pharisien.

    Jésus combat toutes nos excuses, toutes nos dérobades, pour nous amener au cœur de la vie, là où il y a la joie des chansons et de la danse, comme les émotions de tristesse ou de colère dans les moment de perte.

    Jésus cherche à désarmer notre raison, nos bonnes raisons pour ouvrir notre cœur à nos sentiments et à nos émotions, pour ouvrir notre cœur à la présence de l'autre, à l'amour et à la charité. Jésus nous ouvre le cœur pour nous redonner toute notre mobilité, pour chanter et danser et pour nous permettre d'approcher les autres en confiance.

    Laissons Jésus nous guérir de nos paralysies et nous mettre en mouvement vers notre prochain.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Jérémie 33. D'une royauté terrestre à une royauté sur les cœurs

    Jérémie 33

    29.11.2009

    D'une royauté terrestre à une royauté sur les cœurs

    Jér 33:12-16 + 19-22 Mc 1 : 1-5

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Nous vivons le premier dimanche de l'Avent, temps de préparation à Noël. Temps de notre préparation et rappel du fait que Dieu lui-même a préparé son peuple à accueillir Jésus comme son Fils. Il y s donc un double mouvement : (i) faire mémoire de l'Ancien Testament pour nous rappeler les promesses de Dieu et comment il les réalise et (ii) comme Jean Baptiste : préparer le chemin du Seigneur, nous préparer intérieurement à le recevoir, à lui faire une place dans nos vies.

    Vous avez entendu trois petits textes transmis par le prophète Jérémie, rappelant les promesses de Dieu. Jérémie parle dans une période de profond bouleversement, puisqu'il parle alors que Jérusalem et les contrées environnantes sont occupés, pillées et détruites par l'ennemi d'Israël, le royaume de Babylone.

    Le premier texte promet le retour à la normalité : "dans ce pays dévasté, il y aura de nouveau place pour des bergers qui surveillent leurs moutons pendant la nuit." (Jr 33:12) Un texte qui trouve un écho dans le récit de Noël, où les anges annoncent la naissance de Jésus aux bergers qui gardent leurs troupeaux dans les champs. Une première promesse réalisée au moment de la naissance de Jésus.

    Le deuxième texte parle de la naissance d'un vrai descendant de David. Ce descendant a pour caractéristique de "faire appliquer le droit et de rendre la justice." (Jr 33:15) La libération du pays de Juda et de Jérusalem a pour but l'établissement du droit et de la justice, c'est-à-dire rendre justice aux plus faibles, à ceux qui sont lésés. Du Décalogue à la prédication des prophètes, Dieu s'affirme comme le défenseur de la justice.

    Enfin, le troisième texte promet une descendance à Israël, une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel ou que le sable de la mer, les termes mêmes de la descendance promise à Abraham. Il y a aussi dans ce troisième texte la promesse d'avoir perpétuellement un roi, un descendant de David à Jérusalem. Cela pose évidemment un problème, puisque le trône de David n'a pas pu être rétabli de façon durable à Jérusalem. Le peuple d'Israël n'a pu se gouverner lui-même que pour de très courtes périodes entre le retour de Babylone et la destruction de Jérusalem en 70 après J.-C. par les Romains.

    Clairement, la royauté que les chrétiens attribuent au Christ n'est pas de même nature que celle promise dans ce passage. Comprendre ce décalage, c'est comprendre la pédagogie de Dieu. Comprendre cette pédagogie, nous permettra de comprendre ce que Dieu veut pour nous aujourd'hui.

    La pédagogie de Dieu pour se faire comprendre est adaptée à nos moyens et à nos limites humaines. Dieu ne pouvait se révéler d'un coup — comme il l'a fait au travers de Jésus — dès qu'il a abordé l'être humain. Il n'aurait pas été compris. Jésus a déjà été si peu compris après des siècles de préparation, d'Abraham à Jean Baptiste. Qu'est-ce que cela aurait été sans cette préparation ?

    On peut schématiser la découverte de Dieu par l'être humain en trois phases.

    Première phase. L'être humain pense que Dieu et le cosmos sont une seule et même entité. L'être humain comprend les phénomènes naturels comme des gestes, des mouvements, des expressions de Dieu. La foudre de Zeus en est un exemple. (Mais nos contemporains pensent aussi souvent comme cela, soit lorsqu'ils adorent la nature et les couchers de soleil, soit quand ils pensent que les catastrophes naturelles viennent de Dieu). Dans le judaïsme et le christianisme, Dieu et la nature sont clairement séparés : il a fallu l'apprendre.

    La deuxième phase a servi à sortir de la première phase. Dieu s'est présenté comme celui qui dirige l'Histoire et les événements. Il n'est plus le Dieu-cosmos, il est dans l'Histoire et il guide son peuple, comme ses dirigeants, et fait gagner les batailles. Dieu a pris ce rôle, un temps, de manière limitée, envers Israël, pour le faire sortir de ce qu'on appellera le paganisme : confondre Dieu et la Nature.

    Dans cette deuxième phase, Dieu se fait connaître à son peuple, pour le mettre sur la voie de la troisième phase. Il se montre comme un Dieu qui se rapproche de son peuple, comme un Dieu qui exige le droit et la justice (qui sont différents des lois de la nature, de la loi de la jungle).

    La promesse d'un roi, d'un royaume terrestre appartient à cette phase intermédiaire, mais qui n'est pas l'accomplissement de la révélation divine. Cela prépare à la troisième phase qui est révélée à Noël, en Jésus-Christ : Dieu vient habiter parmi nous, en nous.

    Dieu devait être séparé du cosmos, il doit maintenant être séparé de l'Histoire, pour entrer dans le cœur de l'être humain, au cœur du culte et de la culture.

    La troisième phase est un processus d'intériorisation. Dieu habite parmi nous, en nous, en chacun et entre chacun. Si le droit et la justice doivent régner dans la société, il est plus important encore que la paix et l'amour vive en chacun et entre chacun d'entre nous. C'est la troisième phase, celle que Jésus inaugure à Noël, celle que nous préparons pendant le temps de l'Avent.

    Jean Baptiste appelle au changement de comportement. Chacun est appelé à changer parce que le Royaume de Dieu s'est approché, parce que Dieu est là, tout près, et il veut entrer en nous, nous habiter. Les contes de Noël nous invitent à ce changement intérieur : creuser de la place en nous, valoriser l'être plutôt que les choses, s'offrir, offrir sa présence, plutôt que chercher à acquérir ou à prendre, s'émerveiller comme les bergers, plutôt qu'exercer le pouvoir et la violence comme Hérode.

    Où en sommes-nous de notre compréhension de Dieu ? Fait-il partie de la nature, tantôt belle, tantôt cruelle ? L'attendons-nous dans l'Histoire, pour faire à notre place ce qui est de notre ressort ? Ou bien allons-nous lui faire une place à l'intérieur de nous-mêmes, dans notre cœur, dans nos relations, dans nos familles ?

    Laissons-nous questionner par ce Dieu qui réclame une place au milieu de nous ! Une place qui n'est pas demandée au moyen de la foudre, une place qui n'est pas demandée par un roi entouré d'une grande armée, mais une place qui est demandée par un bébé dans une crèche.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Matthieu 5. Le monde n'a pas besoin de plus d'objets, mais de plus de présence.

    Matthieu 5

    1.11.2009
    Le monde n'a pas besoin de plus d'objets, mais de plus de présence.
    Jn 14 : 15-17    Mt 5 : 1-10

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Les bénévoles engagés dans la Fête paroissiale ont reçu une invitation à participer à ce culte et à l'apéritif qui suivra tout à l'heure. Jésus de son côté est venu sur terre apporter l'invitation de Dieu à entrer dans le Royaume des cieux.
    Cette invitation de Jésus s'inscrit dans une longue tradition. Dieu s'est fait connaître à Abraham, un homme, une famille, puis à tout un peuple à travers Moïse, à une nation à travers David et les prophètes. Jésus ouvre cette invitation encore plus largement.
    C'est en voyant les foules autour de lui, qu'il voit à quel point chacun sur la terre a besoin de découvrir la présence de Dieu, découvrir la vraie forme de la Présence de Dieu auprès de tous les humains. En filigrane de son texte, Matthieu nous présent Jésus comme un nouveau Moïse. Depuis la montagne, il donne son enseignement. Les disciples sont à ses pieds et les foules en arrière-plan. Jésus, avec les Béatitudes et le Sermon sur la montagne, va donner un enseignement destiné aux croyants, mais dont la portée est universelle.
    Les huit Béatitudes présentent un enseignement choquant, paradoxal, qui confronte directement les valeurs du monde présent.
    Nous vivons dans une société de la performance, de l'efficience, de la production. Ce qui donne, aujourd'hui, de l'importance aux gens, c'est leur pouvoir d'achat, c'est leur visibilité médiatique, leurs coups d'éclat, leur agitation. Les gens ordinaires que nous sommes sont laissés de côté. Mais sommes-nous pour autant sans valeur ?
    A qui Jésus s'adresse-t-il depuis sa montagne ? A qui s'adressent les Béatitudes ? Qui sont ceux à qui Jésus offre son attention et ses promesses de bonheur ?
    Eh bien il parle (v.3) à ceux qui se savent pauvres en eux-mêmes, "pauvres en esprit", ce qui ne veut pas dire "faibles d'esprit" mais plutôt à court de souffle, essoufflés de courir tout le temps après la vie.
    (v.4) Il parle à ceux qui pleurent, à ceux qui sont affligés, à ceux qui vivent avec des blessures affectives, relationnelles.
    (v.5) Il parle aux doux, à ceux qui ne savent pas s'imposer, jouer des coudes, revendiquer haut et fort, qui s'effacent et s'inclinent.
    (v.6) Il parle à ceux qui aspirent au changement, qui en ont marre des passe-droits, des bonus indécents, qui sont scandalisé par le mépris des puissants.
    (v.7) Il parle à ceux qui sont miséricordieux (comme le mot à vieilli, nous sommes sûrement les seuls à l'utiliser encore !). Oui, il parle à ceux qui ont le cœur sur la main, à ceux qui écoutent leurs tripes, qui ouvrent leurs bras face à la souffrance des autres, ceux que leurs émotions submergent quand ils entendent parler du malheur des autres.
    (v.8) Il parle à ceux qui ont le cœur pur. Un cœur pur, c'est un cœur entier, sans mélange comme on le dirait d'une couleur, d'un pot de peinture. Ceux qui n'arrivent pas à mentir, à s'accommoder des petites compromissions si confortables pour justifier des comportements troubles.
    (v.9) Il parle à ceux qui recherchent la paix, que tout désaccord trouble, que les désunions rendent malheureux et donc qui mettent leur énergie à réconcilier, à rétablir le dialogue.
    (v.10) Il parle à tous ceux qui se font rabrouer parce qu'ils ont protesté contre les magouilles, de qui on s'est moqués parce qu'ils ont refusé d'aller dans le même sens que tout le monde, au nom de l'honnêteté et de l'intégrité.
    Dans ces Béatitudes, Jésus relève des attitudes simples, humbles, souvent silencieuses, mais toujours courageuses, droites, relevant de la fidélité à sa conscience. Et Jésus dit : c'est à vous qu'est ouvert le Royaume des cieux. Il ne cherche pas à débusquer les prix Nobel et les héros. Il ouvre le Royaume de son Père à chacun, à nous tous, qui nous reconnaissons dans ces portraits.
    Jésus ne va pas chercher les puissants, les performants, ceux qui ont réussi et sont au sommet. Jésus s'adresse à tous, à nous tous, même si nous nous sentons faibles, pas à la hauteur, malheureux, plein de chagrin ou de colère. Notre situation, quelle qu'elle soit, n'est pas un obstacle, elle est le lieu où Dieu nous rejoint. Elle n'est pas un obstacle, elle est le chemin qui nous conduit au Royaume des cieux.
    Jésus retourne les valeurs de notre société, du monde, les valeurs qui reposent sur l'accroissement du matériel, sur la productivité et la performance.
    Quand nous sommes jeunes, nous pouvons nous laisser aller à cette illusion de bonheur. Mais maintenant, quand notre position ou notre situation change, quand l'âge diminue nos forces, nous ne pouvons plus croire à cette illusion. Nous avons à changer de valeurs, à nous convertir et passer de la production matérielle au service, passer du service à la relation, passer de la relation à la présence.
    A travers les Béatitudes, Jésus nous montre un chemin qui quitte le monde du faire (faire toujours plus) pour aller vers l'être. L'être avec les autres, et l'être devant Dieu.
    Le monde n'a pas besoin de plus d'objets, mais de plus de présence. Jésus nous enseigne à être présent, à nous-mêmes et aux autres, en nous révélant la Présence du Père. Le Royaume des cieux promis, c'est un espace de relations, où personne n'est seul, où personne ne pleure sans être consolé, ne porte sa peine sans recevoir du soutien, où personne ne reste dépourvu devant l'injustice, où chacun peut manifester sa compassion, où la présence de Dieu se voit dans les regards d'affection des uns pour les autres, où la paix fait son chemin, où ceux qui souffrent de moqueries ou du dénigrement sont portés et réconfortés.
    Voilà le Royaume des cieux que Jésus offre. Voici le Royaume des cieux que le Christ nous invite  à construire, ici, ensemble. Je rêve que l'Eglise, la paroisse, puisse en être le commencement. Allons-nous le faire ensemble ?
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Exode 3. Moïse (4) L'être de Dieu est un être-avec : "Je serai avec toi."

    Exode 3

    11.10.2009
    Moïse (4) L'être de Dieu est un être-avec : "Je serai avec toi."
    Ex 3 : 9-15 
    Deuxième lecture biblique, dans l'Evangile de Jean, Jésus révèle son identité de diverses manières :

    Je suis le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra pour toujours. (Jn 6:51)
    Je suis la lumière du monde. Celui qui me suis aura la lumière de la vie. (Jn 8:12)
    Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. (Jn 10:11)
    Je suis la résurrection et la vie.  Celui qui croit en moi vivra même s'il meurt. (Jn 11:25)
    Je suis la vigne, mon Père est le vigneron, vous êtes les sarments. Celui qui demeure uni à moi porte beaucoup de fruit. (Jn 15:1+5)
    Je suis la porte. Celui qui entre par moi sera sauvé. (Jn 10:9)
    Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous reconnaîtrez que "je suis celui que je suis". (Jn 8:28)

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Moïse est devant le buisson ardent, ce buisson du désert du Sinaï, qui brûle, mais ne se consumme pas. Dieu a interpellé Moïse, lui a dit qu'il avait vu la situation d'esclavage des fils d'Israël en Egypte et qu'il veut les délivrer. Et Dieu mobilise maintenant Moïse : "Je t'envoie maintenant vers le Pharaon ! Va, et fais sortir d'Egypte, Israël, mon peuple !" (Ex 3:10) Mais Moïse a peur, il se sent incapable, la tâche est trop grande, il ne sent pas à la hauteur.
    L'appel de Dieu nous prend toujours au dépourvu, par surprise, et combien d'excuses ne trouvons-nous pas pour y échapper. La réponse de Dieu est intéressante. Il ne dit pas : "Tu … Tu es capable; tu n'as rien à craindre; tu peux le faire… Non ! Dieu répond à Moïse en disant "Je… Je serai avec toi" (Ex 3:12).
    Et à la question de Moïse : "C'est de la part de qui ?" Quand les Israélites me demanderont qui m'envoie, quel nom devrais-je dire ?" (Ex 3:13). Dieu répond aussi en "Je" Dis-leur "JE SUIS" m'a envoyé. Mon nom est "JE SUIS." Je suis celui que je suis, ou Je suis celui qui suis. Là se trouve la révélation du nom de Dieu, celui que les juifs s'interdisent de prononcer, le tétragramme, c'est-à-dire les quatre lettre YHWH qui forment le nom sacré de Dieu.
    zzzzz
    "Je suis", "je serai", ce qui a conduit à le traduire aussi par "l'Eternel" comme dans le Ps 23 : "L'Eternel est mon berger." L'Eternel, l'Existant, l'Etant, l'Etre. On peut donc voir Dieu comme le fondement, la fondation de tout ce qui existe, de notre être à nous aussi. C'est lui qui nous fait exister, être, qui nous fait vivre.
    Cette révélation à Moïse se passe dans un contexte historique et géographique précis. Moïse est en exil, les fils d'Israël souffrent en Egypte où ils sont maltraités. Et là, Dieu se révèle à Moïse dans un but précis : aller au secours de son peuple, intervenir en leur faveur.
    L'être de Dieu n'est pas hors du temps, hors de l'espace, dans une éternité immuable et inaccessible. L'être de Dieu est un être-avec : "Je serai avec toi." Comme Esaïe le dira plus tard : "Emmanuel", Dieu avec nous (Es 7:14).
    Si Dieu est le fondement de l'être, il est aussi dans l'action. C'est un Dieu qui entend nos plaintes, qui voit nos situations, qui comprend ce que nous vivons et qui envoie un intervenant pour délivrer son peuple. Dieu mandate Moïse pour intervenir auprès de Pharaon pour qu'il laisse sortir d'Egypte son peuple bien-aimé. Nous connaissons la suite de l'histoire, la délivrance et l'installation en terre promise.
    Sautons encore quelques siècles, jusqu'au temps de Jésus. L'évangéliste Jean nous rapport des paroles de Jésus disant :
    Je suis le pain de vie
    Je suis la lumière du monde
    Je suis le bon berger
    Je suis la résurrection et la vie
    Je suis la vigne
    Je suis la porte de l'enclos
    et encore :
    Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, vous reconnaîtrez que "je suis celui que je suis."
    Très clairement, l'évangéliste Jean fait référence à ce récit du Sinaï pour nous dire que ce Jésus est bien Dieu lui-même. L'apôtre Paul — avant Jean — ne faisait rien d'autre lorsqu'il disait que le Christ est "l'image même de Dieu" (1 Co 4:4) et que ce qu'il prêche c'est "Jésus-Christ comme Seigneur" (1 Co 4:5).
    Dire "Jésus-Christ est le Seigneur" c'est affirmer que Jésus-Christ est Dieu, qu'il est le Dieu qui s'est révélé à Moïse dans le désert. Dans le Dieu qui se révèle à Moïse dans le tétragramme, Jésus-Christ est déjà présent (c'est le sens de la Trinité).
    Le Nouveau Testament est la continuation de la révélation à Moïse dans le désert. Jésus est le vrai visage de Dieu. Lorsque nous découvrons la personne de Jésus dans les évangiles, dans les lettres du Nouveau Testament, nous approchons de Dieu, nous découvrons Dieu lui-même.
    L'évangéliste Jean ne peut être plus explicite lorsqu'il rapporte les paroles de Jésus : "Celui qui m'a vu a vu le Père" (Jn 14:9). Nous n'avons pas besoin d'aller dans le désert, de monter sur le Sinaï, Dieu s'offre à nous en Jésus-Christ, dans sa Parole. Il est là — tout proche — à notre portée. Et nous pouvons le mettre à la portée de tous, de nos enfants, de notre famille.
    Dieu a appelé Moïse pour une tâche de délivrance. Dieu a assuré Moïse de sa présence auprès de lui pour réaliser cette tâche. Dieu nous appelle aussi pour communiquer autour de nous, à nos enfants, la bonne nouvelle de Jésus. Jésus est Dieu avec nous, dans nos vies comme nourriture (le pain descendu du ciel), comme lumière, comme guide, comme vie, comme joie, comme accueil. Laissons-nous imprégner de cette révélation de Dieu et marchons confiants dans la vie.
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Exode 3. Moïse (3) Dieu vient sanctifier notre réalité, aussi banale soit-elle.

    Exode 3

    4.10.2009
    Moïse (3) Dieu vient sanctifier notre réalité, aussi banale soit-elle.
    Ex 2 : 23 — 3 : 8 Jn 4 : 19-24

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous retrouvons Moïse dans son parcours à la rencontre de Dieu. Nous avons vu comment il a grandi à la cour du Pharaon et fait l'apprentissage du pouvoir exercé avec violence. Vu comment il a découvert ses origines, son peuple, et les violences qu'il subit jour après jour. Partagé entre ces deux origines, Moïse s'exile au désert où il découvre une autre façon d'être dans la vie nomade du désert.
    Moïse est un homme en chemin, à la recherche de lui-même, de son identité et de sa personnalité. Cette découverte de lui-même, de soi-même, ne peut se faire sans être confronté à Dieu lui-même. Le récit de ce matin nous raconte donc la rencontre entre Moïse et Dieu, ou plutôt entre Dieu et Moïse. Car ce qui apparaît d'abord, c'est que c'est Dieu qui interpelle Moïse.
    On ne nous présente pas Moïse en quête de Dieu, ou en prière, ou en pèlerinage… Le récit nous parle d'abord de Dieu, puis de Moïse et ensuite encore de Dieu. C'est Dieu qui aborde Moïse, c'est Dieu qui se révèle à nous. En dehors de ce mouvement de Dieu vers nous, Dieu serait totalement inaccessible.
    C'est lui qui fait le premier pas. En même temps, Dieu n'est pas totalement inaccessible, parce qu'il tend l'oreille vers nous. Les derniers versets du chapitre 2 nous disent : "Les Israélites, du fond de leur esclavage, se mirent à gémir et à crier, et leur appel au secours monta jusqu'à Dieu. Dieu entendit leur plainte et se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Il regarda les Israélites et se rendit compte de leur situation." (Ex 2:23-25).
    Dieu entend, Dieu se souvient, Dieu voit, Dieu re-connaît leur situation. On voit qu'avant de nous aborder, Dieu étudie dans quelle situation nous nous trouvons, il regarde, il écoute, il cherche à savoir et lorsqu'il sait ce qui se passe, ce que nous endurons, il intervient.
    Comment intervient-il ? Par un jour tout ce qu'il y a de plus ordinaire, alors que Moïse conduit les troupeaux de son beau-père vers leurs pâturages, au-delà du désert. Moïse voit — au loin — quelque chose d'intriguant. Ce qui se passe n'est pas sous les yeux de Moïse, ce n'est pas directement sur son chemin, c'est en marge, c'est de côté, c'est à l'écart.
    Le texte nous dit clairement : "Moïse décida de faire un détour pour aller voir." (Ex 3:3) Liberté que Dieu nous accorde : décider d'aller voir, ou non ! Difficulté pour nous : faire un détour, se laisser entraîner hors du chemin tracé, se laisser dérouter, sortir de nos routes, de nos ornières ou de nos habitudes. Oui, difficulté des "pas évident", des "ça va me prendre du temps", du "qu'est-ce qui va m'arriver ?" ou du "qu'est-ce que les autres vont penser ?" Faut-il que je sorte des sentiers battus pour aller vers Dieu ?
    Moïse fait ce détour, il se laisse dérouter, se laisse intriguer. C'est une fois le détour commencé que retentit l'appel de Dieu : "Moïse, Moïse !" La rencontre avec Dieu commence lorsqu'il nous voit faire un pas hors de nos routines, dès que nous faisons le premier pas dans sa direction.
    Et voilà que, bizarrement, Moïse se fait arrêter dès ce premier pas. "Ne t'approche pas de ce buisson, enlève tes sandales, tu te trouves dans un endroit consacré." (Ex 3:5) Qu'est-ce que ce buisson qui brûle sans se consumer ?
    Pourquoi un buisson ? N'est-ce pas un peu petit pour abriter Dieu ? N'aurait-il pas fallu un olivier centenaire ou un figuier ou mieux un grand cèdre, quelque chose à la mesure de Dieu ? Non, c'est un buisson, un chétif buisson du désert, un arbuste vulgaire, sans prétention, qui ne fait d'ombre à personne, négligeable… Une façon de nous dire que Dieu habite nos réalités les plus simples, les plus banales, notre réalité quoi !
    Et le feu ? Le feu évoque le monde d'en haut, le divin. Le divin vient habiter la simple réalité, pour l'illuminer sans la détruire. La démesure est telle entre le divin et le terrestre que l'on pourrait craindre que notre réalité soit immédiatement détruite par le contact du divin, comme la matière au contact de l'anti-matière. Dieu nous rassure, il n'en est rien. L'intention divine est d'habiter notre réalité sans la détruire, seulement d'y mettre sa chaleur et sa lumière. Dieu veut illuminer nos réalités du dedans.
    Enfin, ce caractère divin du feu, du buisson, illumine, contamine tout ce qui l'entoure. L'endroit devient saint. Là où Dieu vient habiter, il sanctifie ce lieu. Dieu vient sanctifier — rendre saint — notre réalité, nos réalités, aussi banales soient-elles. Comme le pain du boulanger et le vin du vigneron deviennent Présence du Christ pour nous dans la Cène, toute réalité peut devenir porteuse de la Présence de Dieu.
    Nous pouvons offrir la réalité de nos vies, de nos personnes — notre travail, notre famille, nos biens — à Dieu pour qu'il les habite et qu'ils deviennent des actions, des personnes ou des biens sanctifiés. Dieu voit notre réalité, Dieu connaît nos situations et vient habiter notre monde.
    En Jésus, il est venu habiter notre monde. Par le saint Esprit, il vient nous habiter et nous devenons nous-mêmes le temple du saint Esprit, de sorte que — comme Jésus le disait à la Samaritaine — on peut adorer Dieu en esprit et en vérité dans n'importe quel lieu (Jn 4:24).
    A nous d'oser nous laisser dérouter, pour marcher dans les pas de Dieu, lui qui nous entend, qui nous voit et qui nous connaît.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Marc 4. Quatre façons d'être dans la vie.

    Marc 4

    27.9.2009
    Quatre façons d'être dans la vie.

    Mc 4 : 1-9    Mc 8 : 27-30
    Chers catéchumènes, chers parents, chers paroissiens,
    Qui est Jésus ? La question se posait déjà il y a 2'000 ans ! Jésus lui-même pose la question à ses compagnons de route, à son équipe — qu'on appelle les disciples. "Qu'est-ce que le gens disent de moi ?" (Mc 8:27) et "Pour vous, qui suis-je ?" (Mc 8:29). Il y a ce que les autres disent et il y a ce que je pense, au plus profond de moi, au plus profond de chacun.
    Qui est Jésus ? A chacun de faire sa recherche, à trouver sa réponse personnelle, et le catéchisme, comme le temps partagé au culte, sont des lieux où faire cette recherche, ce chemin. Qui est Jésus ? Il y a les titres traditionnels : Messie, Fils de Dieu, Seigneur. Mais ils ne nous disent plus grand chose, parce qu'ils sont déconnectés de notre réalité.
    Il faut chercher des titres nouveaux, qui nous parlent. Selon les personnes ou les circonstances, on pourrait dire : C'est mon guide de montagne ou mon guide du Routard; c'est mon GPS, c'est mon cadeau du ciel… c'est mon kit de survie, c'est mon accompagnant, c'est la musique qui embellit mes journées… A vous de faire preuve d'imagination et de poésie.
    J'aimerais vous proposer de le voir ce matin, avec la parabole, comme le Semeur de vie dans nos existences. Jésus raconte la parabole du Semeur pour nous parler de lui et de notre vie à nous. Comment être heureux dans la vie, comment recevoir ce qui nous arrive dans la vie pour le transformer en bonheur, en réussite, en vie accomplie ?
    Dans cette parabole, Jésus nous présente quatre attitudes face à la vie, face à ce que nous recevons, à ce qui nous arrive. Mais regardons d'abord ce qui est semé, ce qui nous est donné.
    a) Ce qui nous est donné ce sont des graines. Ce qui nous arrive, c'est le germe de quelque chose d'autre. Ce qui nous arrive doit donc être transformé pour s'épanouir. Ce n'est pas le bonheur direct, tout de suite. C'est quelque chose qui contient du bonheur en germe. C'est à nous de le faire germer et pousser, de lui donner la possibilité de se transformer, de grandir et de donner du fruit.
    b) Ensuite, ce qui est donné est donné partout et à tous. Le Semeur sème sur tous les terrains. Le bonheur n'est pas réservé à certains plutôt qu'à d'autres. Le Semeur est généreux, il donne à tous de la même façon, il nous fait confiance, il met de l'espoir en nous, en nos capacités d'accueillir les cadeaux de la vie.
    c)  Finalement, c'est la façon d'accueillir ce qui nous est donné, ce qui nous arrive, qui fait la différence. Jésus nous présente quatre terrains différents, quatre façons d'être dans la vie et de faire son bonheur ou son malheur.
    1. Première image. Le chemin nous donne l'image d'une terre piétinée, tassée, fermée, imperméable. Oui, il arrive que certaines personnes se ferment à la vie, à tout ce qui arrive, s'enferment en elles-mêmes. Les cadeaux de la vie arrivent pour ces gens aussi, mais ils sont trop fermés pour les prendre pour les ouvrir et voir ce qu'il y a dedans. C'est l'attitude : "je ne veux rien entendre, rien savoir." Ou bien "je connais déjà tout cela, cela ne m'intéresse pas." Une bonne façon de passer à côté d'un tas de bonnes choses.
    2. Deuxième image. La terre caillouteuse, empierrée. Il y a de la terre, un peu, et les graines germent, font des pousses, mais pas de racines et elles sèchent. Ces gens-là accueillent les nouveautés avec enthousiasme, "c'est génial… je veux essayer, montre-moi !" Mais si elles n'arrivent pas tout de suite à le faire, si elles rencontrent un obstacle, s'il faut faire des efforts, persévérer, ces personnes abandonnent. "C'est décevant, je n'arrive pas, je suis nul."
    On peut se pourrir la vie à vouloir tout réussir tout de suite et parfaitement. Ou à vouloir tout essayer et ne rien faire jusqu'au bout. Les choses, la vie, a besoin de temps et d'approfondissements, de persévérance et d'efforts. Ce n'est pas drôle, mais c'est comme ça. C'est le terrain pierreux. On s'enflamme et on s'éteint.
    3. Troisième image : les ronces. Jésus parle encore d'un troisième type de personnes, celles qui se laissent envahir par tout ce qui les entoure. Elles reçoivent les cadeaux de la vie, mais il y a toujours quelque chose qui leur fait du souci. "Je suis invité à une fête, chouette. Mais comment est-ce que je vais m'habiller ? Qu'est-ce que les autres vont penser de moi ? Qu'est-ce que je vais leur dire ? C'est l'angoisse, je fais mieux de ne pas y aller."
    Ou alors, on se laisse envahir par les distractions : "pourquoi est-ce que je m'affale devant la télé pour voir ces âneries plutôt que de lire le livre que je me suis acheté ?" Ou alors, une fois qu'on a choisi quelque chose, on regrette immédiatement l'autre truc sur lequel on hésitait et on vit dans le regret.
    4. Bon, jusqu'à maintenant, personne ne s'est reconnu, parce que vous êtes tous comme la bonne terre qui reçoit les graines et qui produisent plein de grain, c'est la quatrième image. Cet idéal auquel nous aspirons tous, mais que nous avons tellement de peine à atteindre.
    Eh bien, Jésus se propose comme guide pour nous conduire à devenir ce terrain accueillant où faire germer et pousser le bonheur. Jésus sème de la vie dans nos existences et veut nous apprendre à devenir les jardiniers de nos vies, apprendre à bêcher, biner, sarcler la terre, à ôter les pierres et arracher les mauvaises herbes pour faire de la place à l'essentiel, à une vie qui porte du fruit.
    Le catéchisme, la lecture de la Bible, la prière personnelle, le culte sont des temps de découverte et de rencontre avec Jésus. Dans son enseignement, sa Parole, il nous donne le mode d'emploi de la vie. Il a envie que nous soyons heureux, que nous ayons une vie épanouie, des relations enrichissantes les uns avec les autres. Préparons-nous, préparons notre terrain à le recevoir, pour que notre vie fleurisse et porte du fruit en abondance.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Ephésiens 1. Série Calvin (5). Une Eglise pour nourrir les croyants.

    Ephésiens 1

    30.8.2009
    Série Calvin (5). Une Eglise pour nourrir les croyants.
    Eph 1 : 18-23    Mt 13 : 24-30

    "L'Eglise est le corps du Christ, c'est en elle que le Christ est pleinement présent, lui qui remplit tout l'univers" nous rappelle la lettre aux Ephésiens (Eph 1:23). Lorsque nous regardons l'Eglise, les Eglises, dans le monde ou chez nous, peut-on s'empêcher de se demander si nous atteignons cet idéal ? Est-il si évident que "le Christ est pleinement présent" dans l'Eglise ?
    Cette question ne tient pas à notre époque uniquement. Calvin y était déjà confronté et cherchait dejà une réponse : où se trouve l'Eglise de Jésus-Christ ? Déjà il se demandait comment penser l'Eglise entre ce qu'on en voit et ce qu'on en espère, entre ce qu'on en voit et ce que l'Ecriture nous en dit, entre sa réalisation actuelle et les promesses qui reposent sur elle.
    En premier lieu, Calvin va proposer de faire une différence entre l'Eglise visible et l'Eglise invisible. L'Eglise visible, c'est celle que nous voyons. L'Eglise invisible, c'est celle que Dieu voit, mais qui nous échappe.
    L'Eglise invisible, c'est l'Eglise au-delà du temps et de l'espace, qui rassemble ceux que Dieu a choisis. C'est la "communion des saints" du Credo. Cette Eglise est connue de Dieu seul.
    L'Eglise visible, c'est celle que nous découvrons dans les communautés locales, dans les circonstances historiques, faite d'hommes et de femmes aussi imparfaits qu'aspirants à recevoir l'amour de Dieu. C'est la communauté des pécheurs et la communauté des appelés. Personne ne peut s'y arroger le droit d'y désigner le bon grain ou l'ivraie. "Il appartient à Dieu seul de connaître ceux qui sont les siens" dit Calvin (IRC* IV, 1,8).
    Bien sûr, cette Eglise visible n'a rien de commun avec la gloire de l'Eglise invisible, mais Calvin nous recommande de ne point la mépriser : c'est la seule Eglise que nous connaissons, c'est pour elle que le Christ est mort et c'est elle qu'il cherche à sauver.
    Ensuite Calvin explique que l'Eglise fait partie des "aides extérieures" que Dieu a voulu pour venir "soutenir notre faiblesse" (IRC IV, 1,1). L'Eglise est le moyen que Dieu a mis en place pour que nous puissions grandir dans la foi. Calvin précise : "Nous voyons que Dieu, bien qu'il puisse élever en un moment les siens à la perfection, les veut néanmoins faire croître petit à petit sous la nourriture de l'Eglise." (IRC IV,1,5).
    L'Eglise a deux moyens à sa disposition pour nourrir les fidèles, ce sont la prédication de l'Evangile et les sacrements du baptême et de la cène. Prédication et sacrements sont les signes de la véritable Eglise. Je cite le Réformateur : "Partout où nous voyons la Parole de Dieu être purement prêchée et écoutée, les sacrements être administrés selon l'institution du Christ, là il ne faut nullement douter qu'il y ait Eglise." (IRC IV, 1,9).
    Calvin peut assurer qu'il y a une véritable Eglise s'il y a prédication de la Parole de Dieu et administration des sacrements, parce qu'il est convaincu que le saint-Esprit est présent dans l'Ecriture sainte et que l'écoute de la Parole de Dieu porte des fruits indépendamment des personnes qui prêchent ou administrent les sacrements. Calvin fait ici toute la place à l'œuvre de Dieu. C'est lui qui ouvre les cœurs, c'est lui qui convertit, c'est lui qui sanctifie.

    Mais si Dieu fait tout, à quoi sert l'Eglise ? Eh bien, Calvin souligne que Dieu a choisit de travailler par l'intermédiaire de son Eglise et des humains. Il ne faut donc pas mépriser l'Eglise visible et les moyens pratiques à mettre en œuvre. C'est pourquoi Calvin mettra beaucoup d'énergie à organiser l'Eglise de Genève.
    L'Eglise a un rôle de mère pour le croyant, et pour dire cela, Calvin a des phrases que l'Eglise catholique ne renierait pas ! "L'Eglise est la mère de tous ceux dont Dieu est le Père" (IRC IV, 1,1). "Hors le giron de cette Eglise, on ne peut espérer la rémission des péchés ni aucun salut" (IRC IV, 1,4).
    La nouveauté de Calvin, je crois, c'est de définir l'Eglise par sa colonne vertébrale et pas par ses frontières extérieures. En faisant la différence entre Eglise visible et invisible, Calvin anéantit toute idée de pouvoir définir qui est dans ou hors l'Eglise, qui est élu ou non élu. Calvin nous dit, en quelque sorte, que l'important c'est de se diriger vers le centre, vers l'essentiel — qui est le Christ — peu importe le chemin ou la distance qu'il reste à parcourir.
    Chacun doit avancer sur son chemin et l'Eglise lui offre des possibilités de sanctification, d'édification à travers la prédication et les sacrements. Reste qu'avec cela, l'Eglise demeure imparfaite et même, parfois, un mauvais exemple. Calvin accepte cela, tout en le regrettant. Mais il met en garde ceux qui voudraient une Eglise de purs, de gens moralement ou doctrinalement irréprochables. L'Eglise est là pour notre sanctification, mais elle ne repose pas sur la sainteté de ses membres.
    Calvin est  très attentif à l'unité de la communauté, il ne faut ni exclure, ni s'exclure soi-même, parce que le jugement des cœurs n'appartient qu'à Dieu. L'Eglise ne doit donc pas devenir un lieu de jugement, mais rester un lieu où l'on vient se nourrir, se fortifier, trouver du courage.
    L'Eglise est une communauté humaine, d'entraide, parce qu'elle est pleinement habitée par la présence du Christ.
    Amen

    * IRC VI, 1, 8 = Jean Calvin, Institution de la Religion Chrétienne, livre IV, chap. 1, § 8.
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Romains 8. Série Calvin (2) - De l'énergie pour agir !

    Romains 8

    12.7.2009
    Série Calvin (2) - De l'énergie pour agir !
    Rm 8 : 1-4 Mc 10 : 13-16

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,
    Dans notre série sur Jean Calvin de cet été, nous avons vu dimanche passé que Dieu nous aime d'un amour inconditionnel, c'est-à-dire que son amour pour nous ne dépend pas de nos résultats, de nos succès, de notre attitude, de la même manière que nous essayons, comme parents, de manifester à nos enfants un amour qui ne dépende pas de leurs notes ou de leurs comportements.
    On appelle cela en langage technique théologique "la justification par grâce." Le salut ne dépend pas de nos mérites, de nos bonnes actions, mais de la décision de Dieu, une décision qu'il prend dans son cœur, dans son amour. Cela a une conséquence pratique directe, c'est que nous pouvons cesser de nous inquiéter, cesser de vouloir nous justifier nous-mêmes, cesser de mettre notre énergie à paraître justes et bons chaque fois que nous ne le sommes pas en réalité.
    Si nous n'avons plus besoin de mettre notre énergie à paraître autre chose que ce que nous sommes, alors cette énergie devient disponible pour autre chose. Le mérite de la justification par grâce, la conséquence de cet amour inconditionnel de Dieu pour nous, est de nous libérer de la quête continuelle de plaire, de satisfaire, d'être à la hauteur.
    Calvin dit, continuellement, que vouloir plaire à Dieu est voué à l'échec. Jamais nous ne pouvons être à la hauteur de son exigence de justice et de vérité. L'exigence de Dieu ou de la Loi divine est inatteignable. C'est voué à l'échec, mais ce n'est pas désespéré, puisque Dieu lui-même a choisi de changer les choses. Jésus a accompli la Loi pour tous les humains (Rm 8 : 3) et il a libéré de l'esclavage de cette exigence. Jésus a accompli la Loi à notre place. Dieu ne se préoccupe donc plus de nous voir l'accomplir. Dieu se préoccupe de ce que nous recevions son amour.
    Dieu change de rôle. Il n'a plus envie d'être face à nous comme un expert qui nous fait passer un examen. Il se présente comme un père qui vient voir ses enfants. Il reçoit ce que nous faisons comme un père aimant. Cela change tout pour nous. Cela change notre façon de travailler et d'agir.
    Imaginez que vous aimez bricoler ou jardiner ou cuisiner. Allez-vous agir de la même manière si ce que vous faites vous allez le présenter à vos amis ou si vous devez le présenter à un examinateur, pour un examen qui va déterminer tout votre avenir ? Cela change tout.
    Calvin nous dit : abandonnez l'idée que Dieu vous fait continuellement passer un examen pour savoir si vous êtes à la hauteur. Non, changez de regard, Dieu est vis-à-vis de vous comme un père vis-à-vis de ses enfants.
    Ainsi, je cite, "il nous faut être semblables aux enfants, ne doutant point que notre Père très bon et si débonnaire [gentil] n'ait nos services pour agréables, bien qu'ils soient imparfaits" (IRC* III, 19, 5). Ne doutons plus que Dieu considère nos actions comme agréables, même si elles sont imparfaites.
    Nous sommes donc libérés du stress de l'examen à passer, du concours à réussir. Ce que nous faisons, nous le faisons sous le regard bienveillant de Dieu. Nous ne le faisons plus pour passer une barre placée trop haut. Fini l'esclavage de la perfection et de la réussite. Que d'énergie libérée. Que de stress éliminé si nous prenons cela au sérieux.
    Tout ce que nous faisons, dans la vie, nous pouvons désormais le faire d'une manière plus paisible : notre vie n'est pas en jeu, notre identité n'est pas en jeu, notre considération, l'amour des autres pour nous n'est pas en jeu.
    En déconnectant notre agir, notre travail du lien avec le salut, la réussite de notre vie, Calvin dédramatise tout notre agir, et en même temps, il lui donne un nouveau sens, une nouvelle direction. Ce que nous faisons, ce n'est plus pour gagner le ciel ou le manquer (dédramatisation), c'est pour produire quelque chose, c'est pour nous occuper, c'est pour répondre à nos élans de créativité, c'est pour rendre service à la communauté, etc…
    Le travail, le métier prend un nouveau sens. Chacun peut contribuer au bien social, au bien commun. Et Calvin croit en l'idée de progrès, progrès moral et progrès social. Il a beaucoup lutté à Genève, pour que les réfugiés huguenots venant de France puissent trouver des places de travail et produire des choses utiles à la société.
    A partir de là, Calvin développe l'idée que chacun a des talents qu'il peut mettre au service de la société ("Dieu a doué chacun de dons naturels" CNT** Mt 25:15). Chacun doit découvrir la vocation que Dieu a pour lui et mettre ce talent en œuvre, pour le bien de tous ("Christ prononce que le labeur de ceux qui s'exerceront fidèlement en leur vocation, ne sera point vain ou inutile" CNT. Mt 25:20). Le travail est valorisé, non pas pour obtenir le salut, mais comme réponse aux dons qui viennent de Dieu. Une autre idée, qui en découle, est celle de responsabilité. Chacun devra répondre de l'usage de sa vie, de sa vocation, de l'usage de son talent ("chacun rendra compte pour soi" CNT Lc 19:13).
    La sanctification de l'être humain passe par le service que chacun peut réaliser dans son travail, dans ses tâches quotidiennes. L'établi, le bureau ou l'évier de la cuisine peuvent devenir des lieux saints où l'on accomplit sa vocation de service. La vie civile, la société civile, la maison comme la rue, deviennent des lieux de sanctification.
    La vie familiale, la vie professionnelle, les loisirs deviennent des temps où l'on vit la présence bienfaisante de Dieu, où l'on exprime sa reconnaissance et le plaisir de vivre, réaliser, construire le Royaume de Dieu.
    En nous libérant du souci de nous justifier, le Christ, pense Calvin, nous libère pour servir la société et nous réaliser dans tous les gestes de la vie quotidienne. Toute notre vie prend sens et devient passionnante.
    Amen

    * IRC III, 19, 5 = Jean Calvin, Institution de la Religion Chrétienne, livre III, chap. 19, § 5.
    ** CNT Mt 25:15 = Jean Calvin, Commentaire sur le Nouveau Testament, Evangile de Matthieu 25:15
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Jean 13. Un mot d'ordre qui a changé le monde !

    Jean 13

    21.6.2009
    Un mot d'ordre qui a changé le monde !
    Jn 13 : 34-35    Ga 3 : 27-29

    "Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres !" dit Jésus.
    Pour nous, ce commandement n'a rien de nouveau, et je pense que tous, vous qui êtes-là ce matin, le connaissez depuis bien longtemps. Ce commandement n'a plus rien de nouveau pour nous aujourd'hui, il apparaît plutôt comme une rengaine trop souvent répétée.
    Dans notre monde, dans la situation actuelle, on nous dit qu'il s'agit plutôt de se battre et d'être compétitif si l'on veut survivre ! Mais cela suppose que Jésus ait demandé — à travers ces mots et sa vie — d'être simplement gentils les uns avec les autres. Non ! Jésus propose autre chose ! Il propose de changer le monde, et en fait, il l'a changé — en grande partie — et nous allons voir comment.
    Oui, ces paroles : "Aimez-vous les uns les autres !" ont changé le monde depuis l'Antiquité jusqu'à nous. Essayons de nous représenter ce qu'était le monde antique, autour de Jésus et dans l'Empire romain. Les relations humaines étaient fondées sur l'appartenance au groupe et sur une certaine ségrégation. Les citoyens romains étaient jugés selon la loi romaine — à laquelle l'apôtre Paul fera appel lorsqu'il sera arrêté. Les juifs n'avaient pas le droit — selon leur religion, au risque de devenir impurs — d'entrer dans la maison d'un romain ou de manger avec lui (Ac 10:28).
    Jésus a fait tomber ces barrières et les chrétiens ont formé des Eglises qui réunissaient juifs et païens. Aujourd'hui, nous n'aurions pas idée de refuser de manger avec quelqu'un parce qu'il est d'une religion ou d'un pays différent.
    Dans l'Antiquité, il y avait une hiérarchie entre hommes et femmes, des rôles bien déterminés. Les femmes étaient dépendantes des hommes, d'abord du père, puis du mari, puis du frère ou du fils. Le christianisme a donné une nouvelle place à la femme, même si — il faut le reconnaître — l'institution de l'Eglise est vite devenue une affaire d'hommes qui ont, à nouveau, exclu les femmes.
    Le mot d'ordre de Jésus : "Aimez-vous les uns les autres !" a souvent passé par d'autres canaux, dans la société, pour que cette égalité — pas encore parfaite — devienne la norme aujourd'hui (en tout cas dans l'idéal).
    Ce commandement a également bouleversé les relations de travail en remettant fondamentalement en cause la pratique de l'esclavage : si nous sommes tous égaux devant Dieu, comment peut-on exploiter des esclaves ?  L'esclavage de l'Empire romain a finalement été aboli par la force du christianisme, même s'il y a eu des rechutes avec l'esclavage des noirs. De nouveau-là, le commandement nouveau a repris le dessus et l'esclavage a été aboli, puis les droits des noirs américains restitués grâce à l'action du pasteur Martin Luther King.
    Tout cela a pris du temps et des chemins qui passent tantôt par l'Eglise : la mise en place des hospices pour recueillir les malades et les démunis, tantôt par la société civile : la déclaration des Droits Humains. Mais le commandement garde sa nouveauté et sa force de changement : le changement des rapports humains, des relations humaines.
    Savez-vous qu'entre l'Antiquité et aujourd'hui, la violence physique — les blessures et les meurtres — a diminué de cent à un ! Même s'il y a encore quelques irréductibles, nous réglons nos conflits par le dialogue, plutôt que par la violence. Même si ce dialogue passe parfois par les tribunaux, c'est une façon non-violente de résoudre un différend. C'est une application pratique du commandement de Jésus.
    Jésus a demandé à ses disciples de suivre son mot d'ordre comme signe pour tous les humains de quelque chose de nouveau pour le monde, comme un signe de ralliement de tous ceux qui croient, signe qu'il est possible de changer les rapports humains, de faire diminuer la violence, de faire augmenter le respect mutuel.
    Et ça a marché ! Pas parfaitement évidemment. Le monde n'est pas le paradis, la violence, bien que diminuée, est encore présente; l'inégalité, bien que diminuée, est encore présente; les rapports de force, bien que diminués, sont encore présents; les ségrégations, bien que diminuées, sont encore présentes. Cela dit le chemin parcouru — et pour lequel nous pouvons être reconnaissants, mais cela dit aussi le chemin qu'il reste à parcourir, le travail qu'il faut continuer à faire.
    Le mot d'ordre de Jésus reste d'actualité, il garde sa force de changement, pourvu qu'il y ait des gens pour en reconnaître la valeur, pour le transmettre, pour le mettre en pratique.
    Je vois deux domaines particuliers — chez nous — où nous avons beaucoup à progresser : dans la famille, d'abord, dans la communication dans le couple et avec les enfants. Il y a trop de divorces et d'enfants qui en souffrent. Pas parce que le divorce serait en soi immoral, mais parce qu'il fait souffrir et le couple et les enfants. Si nous apprenions à mieux communiquer — dès le début — dans le couple, nous nous éviterions beaucoup de souffrances.
    L'autre domaine qui mine notre société est la solitude. Et là, je salue le travail de votre Honorable Abbaye. En rassemblant notre village pour une fête, vous créez du lien — comme on dit. Vous permettez aux gens de se rencontrer, en vrai, pas en virtuel. Alors qu'en général, par peur de déranger, on s'enferme dans la solitude et dans l'ennui.
    En nous donnant ce "commandement nouveau," Jésus nous rappelle que les rapports humains peuvent changer, que le malheur n'est pas une fatalité, que les conflits peuvent se résoudre dans le dialogue, que la solitude se dissout dans la communion. Vivons ces relations renouvelées et que la fête soit belle.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Nombres 13. Selon ce que nous choisissons, nous modelons notre vie.

    Nombres 13

    14.6.2009
    Selon ce que nous choisissons, nous modelons notre vie.
    Nb 13 : 1-3, 17-24    Nb 13 : 25-33 — 14 : 1-9    Mt 7 : 7-11

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chères familles,
    Le peuple d'Israël se trouve à une frontière, faut-il avancer ou faire demi-tour ?
    Souvenez-vous, le peuple d'Israël est sorti de son esclavage en Egypte, il a échappé à la tyrannie du Pharaon, traversé la Mer des Roseaux et l'armée de Pharaon a été engloutie par les eaux. Le peuple d'Israël a traversé la péninsule du Sinaï où il a rencontré Dieu et reçu les Tables de la Loi. Le peuple d'Israël est libre, il est en route vers la Terre promise, il est à bout touchant : la Terre promise est devant eux. Vont-ils y entrer ?
    Des explorateurs ont été envoyés en reconnaissance, ils sont douze, un explorateur par tribu d'Israël. Ils reviennent avec des nouvelles, des nouvelles contrastées. "C'est un pays où coulent le lait et le miel" (Nb 13:27), ils y ont trouvé des fruits en abondance. Mais c'est une région habitée par des géants (Nb 13:33), les villes sont fortifiées, tout cela paraît bien risqué !
    Maintenant, quittons la géographie et l'histoire et faisons une lecture symbolique de cet épisode. Je crois que ce récit dépeint beaucoup de nos situations de vie, où nous nous sentons devant un avenir inconnu.
    •    Le petit enfant qui craint d'être séparé un jour de ses parents.
    •    L'enfant qui s'interroge sur sa capacité à grandir, à être à la hauteur du "plus grand" qu'il va devenir.
    •    L'adolescent qui se demande comment il va fais son entrée dans la vie active, indépendante.
    •    L'adulte qui se demande comment il va s'adapter à son nouveau travail, à une nouvelle entreprise.
    •    Les parents qui se demandent comment vont grandir leurs enfants.
    •    Les adultes qui s'interrogent sur le passage à la retraite ou leur entrée dans la vieillesse et, quand l'âge nous rattrape, que faire si je deviens dépendant, si je dois entrer en EMS ?
    A tout âge, on peut se trouver devant une frontière et se demander, vais-je avancer ou faire demi-tour. Remarquons que le récit nous dit que le demi-tour est un retour en arrière, vers la mort.
    Le futur — comme inconnu — est toujours ambivalent, en même temps "pays où coulent le lait et le miel" et pays "habité par des géants" face auxquels je me sens comme un microbe (l'hébreu dit "sauterelles", la traduction en français courant dit "fourmis").
    Que croire ? Que penser ? Quelle est la réalité, la réalité vraie, comme on dit ?
    Un phénomène bien vu dans le texte est ce jeu entre géants et microbes. Dans une situation inconnue, je me sens dé-sécurisé, je me sens tout petit et les autres me paraissent géants, compétents, assurés, tout ce qu'on veut, en contraste de moi. Et nous projetons notre propre perception sur les autres. "Nous nous sentions comme des fourmis, et c'est bien l'impression qu'ils devaient avoir de nous !" (Nb 13:33).
    Nous ne savons pas ce qu'ils pensent, mais nous projetons notre vision des choses dans leur cerveau. Une bonne façon d'augmenter notre peur ! Mais comment l'éviter ? Quels sont les ingrédients de la peur ? Quels sont les ingrédients pour franchir le pas et aller de l'avant ?
    Le récit nous présente un affrontement entre ceux qui veulent faire demi-tour et ceux qui veulent entrer en Terre promise. On peut voir comment ils argumentent :
    Les ingrédients du refus sont :
    - de gommer les éléments positifs,
    - d'augmenter — même faussement — l'attrait du présent ou du passé (argument du bon vieux temps),
    - accentuer les éléments négatifs de l'avenir,
    - projeter ses propres sentiments sur les autres,
    - avoir une faible estime de soi (se voir comme des microbes),
    - entretenir sa peur des autres (les voir comme des géants).
    Quels ingrédients sont-ils avancés pour faire le pas et accueillir l'avenir ?
    - considérer les éléments positifs (l'abondance dans le pays),
    - faire confiance dans le plan de Dieu (si Dieu le veut, alors cela se réalisera !),
    - avoir confiance en soi-même, cela fait baisser la peur des autres,
    - croire au soutien, à l'accompagnement de Dieu : nous ne serons pas seuls sur le chemin de l'avenir.
    Entre ces deux positions, quelles voix écouter ? Comment faire son choix ? Qu'est-ce qui fait la différence ? La différence entre l'attitude de refus d'avancer et celle de franchir le pas est une différence de vision du monde, d'interprétation de la réalité. Le monde, l'avenir, la Terre promise comportent deux réalités, l'abondance et le danger — on ne peut gommer ni l'une ni l'autre — mais c'est nous qui rencontrerons plutôt l'une ou plutôt l'autre selon notre attente !
    Nous décidons si le verre est à moitié plein ou à moitié vide. Selon que nous choisissons d'avancer avec confiance ou de reculer avec peur, nous modelons notre vie. Selon que nous choisissons de croire en la promesse d'un avenir ouvert et riche. Selon que nous croyons en la promesse d'être accompagné sur le chemin et soutenu pour traverser les épreuves et les difficultés, nous modelons notre vie. Selon que nous choisissons de nous croire abandonnés ou seuls, nous modelons notre vie.
    Quelle voix voulons-nous faire entendre à nos enfants : la voix de la peur ou du repli, ou celle de la confiance, celle de l'assurance d'une promesse de vie riche et pleine — ce qui ne veut pas dire dépourvue de difficultés — celle d'être accompagnés et soutenus au long du chemin ?
    La Bible, l'Evangile nous répètent que Dieu nous accompagne dans toutes les étapes de notre vie, qu'il nous soutient. Nous ne sommes pas seuls, abandonnés. Nous ne sommes pas des microbes face à des géants. Nous sommes simplement des humains qui pouvons avancer — sans crainte — faisant confiance en Dieu qui nous guide, qui nous soutient, qui nous accompagne de sa bonté. Un Dieu dans lequel nous pouvons mettre notre confiance, sur lequel nous pouvons nous appuyer pour asseoir notre estime de nous-mêmes.
    Nous croyons en un Dieu avec lequel avancer et affronter sereinement l'avenir. Voilà une base solide pour construire notre vie et éduquer nos enfants. 
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz

  • Luc 12. Allumer le feu de l'amour pour remplacer le monde ancien par un monde nouveau.

    Luc 12

    31.5.2009
    Allumer le feu de l'amour pour remplacer le monde ancien par un monde nouveau.
    Gn 2 : 4b-8    Ac 2 : 1-4    Lc 12 : 49-50

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chères familles,
    La Pentecôte marque dans le parcours des Evangiles un aboutissement. Après le départ de Jésus — à l'Ascension — les disciples reçoivent l'Esprit de Dieu pour être, en eux, la présence de Jésus pour les guider dans leur nouvelle vie.
    Mais la Pentecôte n'est pas seulement — même si c'est déjà beaucoup — un événement pour les disciples, pour les croyants, pour les chrétiens. Je crois que la Pentecôte est l'aboutissement, l'achèvement, l'accomplissement de l'œuvre créatrice de Dieu. La Pentecôte est l'achèvement de la création voulue par Dieu, pas seulement pour les croyants, mais pour tous les humains, pour toute l'humanité. La création n'est pas un projet pour les seuls croyants, mais l'aventure dans laquelle est embarquée toute l'humanité et toute la terre.
    L'être humain ne naît pas achevé, accompli. L'être humain vient à la vie, tout petit, dépendant, vulnérable, mais en même temps avec un infini de possibilités. L'être humain est un être en développement, en devenir, et le temps de notre existence nous est donné pour accomplir notre développement, notre vocation.
    La Bible en parle en images à décrypter, elle nous signale des étapes, des passages, des perspectives. Dans un des récits de création, on entend que Dieu fait l'être humain — Adam — à partir de la terre en façonnant de la poussière, puis en lui insufflant l'haleine de vie (Gn 2:7).
    (1) Premier élément : la terre, ce qui fait que nous sommes des terriens, des êtres liés à notre planète. Nous avons un corps, nous sommes un corps et notre société insiste beaucoup pour que nous nous occupions de cette partie de nous-mêmes ! Il faut se nourrir et bien. Il faut l'entretenir (sport), il faut l'embellir (il y a quantité de produit qu'on veut nous vendre pour cela), il faut le soigner, le satisfaire, etc… Mais nous ne sommes pas que de la chair.
    (2) Nous sommes animés par cette haleine de vie que Dieu nous a insufflé. On pourrait dire que ce sont nos émotions qui nous font nous sentir vivants : la joie et la tristesse, la peur ou la colère, l'envie ou la satisfaction. Cela nous anime, cela nous meut, parfois cela nous déborde et nous nous laissons emporter,
    (3) Mais la vie ne s'arrête pas là non plus. Dieu nous appelle à ne pas en rester là, au corps et aux émotions; il nous appelle à tisser des relations, à développer des liens, à faire circuler l'affection et l'amour. Nous découvrons là une nouvelle dimension, marquée autant par le beau et le bien que par l'échec et le mal. Autant on se sent bien lorsqu'on est aimé, autant la souffrance nous assaille lorsqu'une parole nous blesse et met en cause l'affection éprouvée.
    La Bible en parle en termes d'eau. L'eau de la source ou du puits qui donne la vie, rafraîchit ou purifie. L'eau du baptême qui efface toute vie ancienne pour permettre un recommencement dans nos relations. L'eau de la Mer Rouge traversée pour sortir de l'esclavage et inaugurer une nouvelle liberté. L'eau du Jourdain, franchie pour quitter le désert et entrer dans la terre promise.
    Nous avons, dans nos vies, à franchir des étapes, à quitter des états pour de nouveaux horizons, nous avons à dépasser des sentiments négatifs pour entrer dans de nouvelles relations. Une vie nouvelle pour des relations nouvelles. Dieu nous offre la possibilité, à tout moment, de puiser à la source de la vie pour devenir ressources pour d'autres. Dans ces passages, nous recevons un nouveau souffle.
    (4) Mais la Bible nous parle encore d'une étape supplémentaire : le feu. Vous avez entendu cette phrase énigmatique de Jésus : "Je suis venu apporter le feu sur la terre et combien je voudrais qu'il soit déjà allumé !" (Luc 12:49).
    Phrase énigmatique, parce qu'on associe le feu avec la destruction, avec la colère de Dieu, avec le jugement ou la vengeance, il n'y a qu'à penser à Sodome et Gomorrhe. Or nous avons de Jésus l'image de quelqu'un apportant la paix, le calme, la sérénité et un amour que nous confondons trop souvent avec la simple gentillesse.
    Dans la Bible, le feu est souvent associé à la violence ou au jugement, c'est vrai, mais pas seulement. Il est aussi le lieu de la révélation de la présence divine. Pensez au buisson ardent que découvre Moïse dans le désert (Ex 3:2). En regardant un feu on voit les étincelles et la fumée s'élever dans les airs. Le feu est ce qui élève l'âme vers Dieu, ce qui éclaire, illumine notre esprit. Il donne de l'ardeur, il embrase et là l'image débouche sur un amour dévorant, sur un amour communicatif, contagieux, qui transforme tout ce qu'il touche.
    En donnant sa vie pour nous sur la croix, Jésus a allumé le feu de l'amour, du don de soi. Le feu, les flammes que reçoivent les disciples à la Pentecôte sont un second baptême, une révélation de cet amour contagieux que nous communique le Christ.
    Comme dernière étape, Dieu nous appelle à une élévation nouvelle dans nos relations. Il ne s'agit pas seulement d'avoir de bonnes relations avec les autres, d'être en bonne entente et de pouvoir co-habiter tous ensemble sur cette même planète. Il s'agit de construire un monde plus pacifique, plus accueillant pour tous.
    Comme le feu, c'est un jugement sur la violence de ce monde, sur tous ses disfonctionnements et tous les égoïsmes rassemblés. C'est un feu qui plaide pour la destruction du mal, mais par le don de soi, pas par la destruction de l'autre. Jésus allume un feu sur la terre, mais un feu d'amour, une passion dirigée vers la vie, vers le soutien et le développement, vers la justice et la paix. Une passion qui combat toujours dans le plus grand respect de l'autre.
    Le Christ sur la croix nous a montré la voie : à nous d'allumer le feu de l'amour pour remplacer le monde ancien par un monde nouveau.
    Avec l'air et la terre, nous sommes des habitants de cette terre. Avec l'eau, nous puisons à la vie de Dieu et nous devenons des ressources de vie pour ceux qui nous entourent. Avec le feu de l'amour, nous accomplissons dans notre existence la finalité de la création voulue par Dieu.
    Dieu souhaite que nous soyons des feux qui éclairent, qui réchauffent, qui transmettent la chaleur de l'amour, de son amour infini autour de nous. Voilà ce que nous recevons à la Pentecôte, voilà ce à quoi nous sommes appelés, voilà notre vocation.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2009

  • Actes 1. Ascension. Jésus passe le relais, nous sommes ses témoins.

    Actes 1    21.5.2009
    Ascension. Jésus passe le relais, nous sommes ses témoins.
    Luc 24 : 41b-53    Ac 1 : 1-4

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers JP,
    Nous avons entendu le récit de l'Ascension tel que nous le raconte l'Evangéliste Luc, à la fin de son Evangile et au début du livre des Actes. Luc a fait de l'Ascension l'élément charnière entre ses deux livres, le récit de la vie de Jésus et le récit de la vie de l'Eglise commençante.
    Luc est un écrivain doué qui sait mettre en scène les personnages et les événements pour faire ressortir le sens et les perspectives théologiques. Dans le récit de l'Ascension, Luc reprend une affirmation de foi des apôtres et témoins du Christ : "le Christ a été élevé au-dessus de tout (Ph 2:9), il a été glorifié (Jn 12:23) et il est maintenant assis à la droite de Dieu (Luc 22:69)" et il la met en récit visuel, devant les yeux des disciples.
    Il nous montre en quelque sorte Jésus rejoindre le monde de Dieu, représenté par le ciel et la nuée. Il nous rend visible, compréhensible, une vérité théologique. Mais plus important que de voir cela, c'est de comprendre le sens de cet événement. En plaçant l'Ascension à la charnière de l'Evangile et des Actes, Luc nous transmet plusieurs messages.
    Dans l'Evangile, l'épisode entourant l'Ascension est raconté comme une scène d'adieu. Jésus se sépare de ses disciples, il les enseigne une dernière fois, il leur ouvre l'intelligence pour qu'ils comprennent les Ecritures; il leur promet l'Esprit saint; il les bénit et s'en va. Jésus est actif et les disciples sont passifs, ils reçoivent l'enseignement, la promesse et la bénédiction. Et si l'on devait mettre en film la dernière image des disciples louant Dieu dans le Temple, on pourrait en faire une vue aérienne, comme si Jésus regardait ses disciples depuis le ciel.
    Dans le livre des Actes, Luc change la perspective (je vous avais dit que Luc était un écrivain doué). Luc commence par faire un petit résumé qui reprend — avec d'autres mots — les événements qui terminent l'Evangile, rappelant le temps (40 jours) entre la Résurrection et l'Ascension.
    Luc expose que le temps de Jésus était celui du baptême d'eau et que vient le temps du baptême de l'Esprit qui viendra "dans peu de jours" (à la Pentecôte) (Ac 1:5). Ensuite, les disciples questionnent Jésus sur l'établissement du Royaume d'Israël, qu'ils confondent encore avec le Royaume de Dieu dont parle Jésus. Alors Jésus les investit de leur mission : être témoin à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu'aux extrémités de la terre (Ac 1:8). Après cela, Jésus est élevé et caché aux yeux des disciples. En cinéma, ce serait une vue du sol vers le ciel.
    Dans cette scène on a vu des disciples actifs à questionner Jésus et investis d'une mission et un départ vu du point de vue de ceux qui restent.
    Voilà, Jésus est parti ! Qu'en penser et que faire ?
    Ce départ, cette ascension est bien différente du départ que les disciples ont déjà vécus lors de la mort de Jésus sur la croix. Ce départ n'est pas un abandon, une séparation douloureuse. Ce départ est préparé, les disciples ont reçu des instructions. Ce départ est préparé, les disciples ont reçu une mission. Ce départ est préparé, les disciples ont reçu une promesse.
    Les disciples vont recevoir l'Esprit saint, qui est la nouvelle forme de présence de Jésus, de Dieu en nous. Les disciples ont reçu une mission : ce sont eux, c'est nous qui sommes à présent les relais de la présence de Jésus. Nous sommes les témoins du message de Jésus. L'absence de Jésus "comme avant" est remplacée par une nouvelle forme de présence, par l'Esprit saint et par la communauté.
    « En s'effaçant du monde, le Ressuscité ouvre un espace dans lequel la communauté des croyants concrétisera la présence cachée du Christ »* Jésus passe le relais. Nous sommes ses témoins. Et ce message est destiné à la terre entière ! Comme un caillou qu'on jette dans l'eau fait des vagues concentriques qui s'étendent à toute la surface de l'eau, le message de Jésus est destiné à la terre entière et nous en sommes les messagers aujourd'hui.
    Les disciples ont apporté le message de Jésus dans tout l'empire romain, à travers le réseau de synagogues qui s'étendait dans tout l'empire. Le message a traversé les siècles, deux millénaires, jusqu'à nous. Une chaîne ininterrompue de témoins va des premiers disciples jusqu'à nous.
    Nous avons la responsabilité d'être à notre tour les témoins de Jésus auprès des humains de notre temps. Quelques jeunes de notre paroisse vivent ce culte avec nous avant de partir pour Taizé, y passer quatre jours.
    Vous les JP (jeunes paroissiens), vous avez reçu notre témoignage, vous avez reçu le Christ en vous et vous recevez aussi — comme cette communauté paroissiale toute entière — cette mission de témoigner du Christ et de sa vie.
    Les disciples se réunissaient pour prier dans une maison de Jérusalem, pour se ressourcer et prendre des forces pour se préparer à évangéliser la terre. Ils étaient onze disciples avec quelques autres personnes, des hommes et des femmes, comme vous êtes onze JP ce matin, avec quelques hommes et femmes de notre paroisse pour prier et louer Dieu.
    Nous allons aller nous ressourcer à Taizé pour que la Parole et l'Esprit de Jésus nous habitent et que nous puissions témoigner de cette vie en nous. Nous avons besoin de la prière et du soutien de toute la communauté de l'Eglise pour que l'Evangile — la bonne nouvelle — de Jésus continue d'être annoncée et vécue dans notre paroisse, dans notre pays et dans le monde.
    Le départ de Jésus à l'Ascension n'est pas un abandon, n'est pas un affaiblissement, il est le transfert de la responsabilité de la mission à tous les croyants. Assumons avec joie cette responsabilité, Jésus nous en promet la force par son Esprit.  
    Amen
    * Daniel Marguerat, Les Actes des Apôtres (1—12), Commentaires du Nouveau Testament, Labor et Fides, Genève, 2007, p. 51
    © Jean-Marie Thévoz, 2009