(7.11.1997)
Jean 3
Nicodème, foi et incrédulité face à ce que Dieu peut
Genèse 18 : 8-14 Jean 3 : 1-6
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(7.11.1997)
Jean 3
Nicodème, foi et incrédulité face à ce que Dieu peut
Genèse 18 : 8-14 Jean 3 : 1-6
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(25.12.2004)
Jean 1
C'est dans notre monde obscur que la lumière vient s'installer et chasser les ténèbres.
Esaïe 49 : 7-13. Luc 2 : 1-7. Jean 1 : 6-12.
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(28.12.1997)
1 Jean 1
Dieu est lumière, il n'y a point trace d'obscurité en lui
Esaïe 63 : 7-9. 1 Jean 1:5-10, 2: 1-2. Jean 1 : 14-18
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Chers frères et soeurs en Jésus-Christ,
A Noël, nous avons fêté la naissance de Jésus, la lumière qui a brillé dans nos ténèbres. Cette lumière est une image de l'action de Dieu sur nous, une image qui doit nous dire comment la présence de Dieu nous affecte directement, comment elle agit dans nos vies.
Le texte de l'épître de Jean nous dit cela concrètement mais dans des mots et des catégories difficiles à comprendre aujourd'hui. [lire 1 Jean 1 : 5-9]
Ce passage demande une traduction dans nos mots d'aujourd'hui. Que signifient les termes : lumière, ténèbres, communion, péché, qui reviennent à plusieurs reprise dans notre texte ?
Pour entrer dans ce vocabulaire, il faut comprendre comment fonctionne l'être humain. L'être humain est un être de relation. Il communique pour être en relation et tirer quelque chose de positif pour lui dans la communication. Nous cherchons des échanges créateurs de chaleur humaine, d'intimité, d'émotion, par des échanges verbaux, sentimentaux, émotionnels, gestuels, corporels.
Nous avons besoin "d'une dose quotidienne" de ces gratifications, de ces signes de reconnaissance, de ces valorisations, de ces caresses amicales pour entretenir notre être, notre estime de soi.
Tout irait bien si nous savions formuler ces besoins en demandes directes, et si nous recevions ce que nous demanderions directement. Mais cela ne se passe justement pas comme cela (à cause du péché).
Vous avez tous entendu dire une fois ou l'autre que le péché est une rupture de la relation. Je dirai que c'est davantage un trouble, une distorsion de la relation. On peut faire parfois plus de mal en maintenant une relation faussée, aliénante, qu'en la rompant.
Depuis que nous sommes nés, tous nos besoins n'ont pas été comblés (cela est impossible) et nous avons grandi, dans ce que nous avons ressenti comme un manque, une pénurie. Et nous nous sommes construit avec des croyances réalistes et raisonnables dans notre environnement et face à une réalité d'un monde dure, injuste, frustrant par nature (sans que ce soit la faute de personne en particulier). Ces croyances sont la racine du péché, parce qu'elles contredisent le message d'amour de Dieu. Ces croyances ressemblent à cela.
1) Je ne suis pas assez bien pour que les autres m'aiment. En conséquence, je dois les tromper sur le fond de mon être, en construisant une façade, afin de me faire aimer.
2) Il n'y a pas assez d'amour pour tout le monde. En conséquence, je dois lutter contre les autres pour obtenir ma part et je dois conserver ce que j'obtiens de peur de manquer plus tard.
3) Les autres, qui ont aussi besoin d'amour, agissent comme moi. En conséquence, je dois me méfier d'eux.
Ces trois croyances nous conduisent dans ce que Jean appelle les ténèbres, l'obscurité, le mensonge, le péché.
Je crois que nous avons suffisamment d'éléments pour traduire le texte de l'épître de Jean et comprendre le message de Dieu qui renverse nos croyances.
v.5 Dieu est lumière, il n'y a pas trace d'obscurité en lui. |
Dieu offre des échanges clairs, il n'y a pas de sous-entendus, de chantages ou de donnant-donnant |
v. 6 Si nous disons "nous sommes en communion avec Dieu"
et que nous marchons dans les ténèbres, alors nous mentons, nous ne pratiquons pas la vérité. |
Si nous disons "nous sommes branchés sur l'approvisionnement divin" (dans l'abondance de l'amour) et que dans nos relations nous grugeons les autres, nous faisons de faux échanges, alors nous sommes en contradiction, nous sommes dans le mensonges, loin de relations claires. |
v. 7 Si nous marchons dans la lumière — comme lui-même est dans la lumière — alors nous sommes en communion avec les autres. |
Si nous avons des relations claires — comme Dieu a des relations claires — alors nous pouvons être vraiment proches les uns des autres, partager une vraie intimité. |
v. 8 Si nous disons " nous n'avons pas de péchés"
nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous. |
Si nous disons "j'en suis a un stade où toutes mes relations sont claires, je ne fais plus de faux échanges" cette simple affirmation est une contrevérité, je m'égare moi-même |
v.9 Si nous confessons nos péchés — fidèle et juste comme il est — il nous pardonnera nos péchés, et nous purifiera de toute iniquité. |
Si nous sommes prêts à voir et dire les distorsions de nos relations alors Dieu nous pardonne pleinement, et il nous aidera à nous débarrasser de nos stratégies courantes. |
Dieu nous donne une foi nouvelle pour remplacer nos vieilles croyances qui troublent nos relations.
1) Dieu nous aime tels que nous sommes, sans rien ajouter, sans rien retrancher de nous-mêmes. Nous pouvons être tels que nous sommes et être aimés.
2) Dieu est la source inépuisable de l'amour. Il y a assez d'amour pour tout le monde. Il n'est pas nécessaire de se la voler les uns les autres. Ce que nous donnons aux autres, Dieu nous l'avait déjà donné et nous le redonne au centuple.
3) Les autres ont besoin d'amour et cela n'est plus un problème, même s'ils continuent à vouloir nous en prendre, puisqu'il y en a assez pour tous. Je n'ai plus besoin de me méfier des autres puisque c'est Dieu qui donne par mon intermédiaire.
En résumé et pour terminer :
Dieu est amour
il nous aime chacun tel que nous sommes
personne ne peut rien contre nous.
Nous pouvons vivre de ces certitudes, elles sont la clé du bonheur.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2021
(28.12.2003) Psaume 139
Dieu veille attentivement sur nous
Psaume 139 : 1-12. 2 Corinthiens 4 : 5-9. Luc 8 : 16-17
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Chères paroissiennes, chers paroissiens,
C'est aujourd'hui le dernier dimanche de l'année, un temps propice pour esquisser un bilan de l'année écoulée. Après cela nous pourrons décider des bonnes résolutions à prendre pour le Nouvel An !
Pour moi, la question la plus importante pour ce bilan est de savoir si la paix a progressé. La paix, en hébreu, se dit : "Chalom" et c'est un terme riche qui signifie plus que l'absence de conflit, c'est le règne d'une harmonie, d'un apaisement qui passe par la réconciliation des contraires.
La paix a-t-elle progressé dans le monde ?
La paix a-t-elle progressé chez nous ?
La paix a-t-elle progressé à l'intérieur de nous-mêmes ?
Trouver la paix intérieure est un long chemin, un chemin semé d'obstacles. C'est un chemin où Dieu ne nous laisse pas seul, même lorsque nous pensons qu'il ne sera qu'au bout du chemin. En fait, Dieu est déjà présent dans notre quête, sur le chemin, pas seulement au bout du chemin. Constamment, dès le début de notre vie — alors que nous l'ignorions encore — Dieu nous accompagne, il a un oeil sur nous, il nous suit des yeux, il ne manque pas un seul de nos gestes comme le dit le Psaume 139 :
"1 Seigneur, tu regardes jusqu'au fond de mon coeur, et tu sais tout de moi :
2 Tu sais si je m'assieds ou si je me lève; longtemps à l'avance tu connais mes intentions.
3 Tu remarques si je suis dehors ou chez moi, tu es au courant de tout ce que je fais.
4 Je n'ai pas encore prononcé un seul mot, que tu sais déjà tout ce que je vais dire.
5 Tu es derrière moi, devant aussi, tu poses ta main sur moi.
6 Que tu me connaisses à ce point est trop merveilleux pour moi, et dépasse tout ce que je peux comprendre."
Bien sûr, il y a deux façons de ressentir cette présence permanente ! On peut penser que Dieu est une sorte de Big Brother, constamment à nous surveiller pour nous épingler. Mais on peut aussi le voir comme un Dieu plein de sollicitude pour nous, comme un amoureux qui veut tout savoir des faits et gestes de sa fiancée, pour en goûter tous les instants.
Le Noël que nous venons de vivre devrait nous faire pencher vers cette seconde interprétation. Au coeur de ce monde "obscur et froid" comme le dit un cantique, Dieu veille sur nous, Dieu veille sur les plus faibles et les plus vulnérables.
Oui, Dieu regarde notre monde, jusque dans ses recoins les plus sombres. Dans l'Evangile de Luc, Jésus dit : "Tout ce qui est caché sera rendu visible et tout ce qui est secret sera mis en pleine lumière." (Luc 8:17)
Cela peut paraître menaçant pour ceux qui ont des choses à cacher, pour celui qui trafique les comptes de son entreprise, pour celui qui commet des malversations. Mais quel espoir pour les victimes, pour ceux qui sont exploités et ne peuvent pas se plaindre, pour les sans-voix.
Quel encouragement pour les gens modestes qui oeuvrent dans le plus grand secret à faire le bien, sans tambour ni trompette. Oui, les qualités humaines qui sont aujourd'hui méprisées par le monde seront un jour mises en lumière. Oui, la compassion de ceux qui ont souffert et qui s'offrent à leur tour pour consoler, tout cela n'est pas effacé, n'est pas perdu dans l'oubli.
Dieu voit tout cela et l'enregistre pour le faire éclater un jour à la lumière.
Dieu fait cela mais il nous a aussi confié des tâches. Dieu, devenu humain en Jésus-Christ, n'est pas venu pour nous remplacer et faire le travail à notre place. En devenant humain, il a valorisé notre vie et notre travail. Dieu nous passe le relais.
Dieu est la lumière, mais nous sommes les lampes qui portent la lumière et que l'on ne cache pas sous le seau !
L'apôtre Paul utilise une belle image pour illustrer notre place, notre rôle. Il dit : "nous qui portons ce trésor spirituel, nous sommes comme des vases d'argile, pour que l'on voie bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et non pas à nous." (2 Co 4:7)
La lumière de Dieu est un trésor qui vient de Dieu, mais nous en sommes les porteurs. Il ne s'agit pas de nous rabaisser, mais de voir le contraste entre nous — vases d'argile — et Dieu — lumière. Et nous n'avons pas de complexe à avoir d'être des vases d'argile, des êtres fragiles, vulnérables, c'est ainsi que nous pouvons rendre témoignage à Dieu : tout faibles que nous soyons, il nous a choisi pour le porter auprès des autres, pour porter sa lumière vers les autres, pour porter sa paix vers les autres.
Ne nous faisons donc pas de souci de n'être que des vases d'argile, de ne pas être comme Dieu. Nous lui ferons d'autant plus de place à lui, face aux autres, que nous lui laisserons plus de place à l'intérieur de nous-mêmes.
Ainsi mon voeu pour vous, pour cette année qui vient, c'est que vous puissiez être remplis de la lumière de Dieu, afin de progresser avec lui sur le chemin de la paix, de l'harmonie intérieure avec lui.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2020
Jean 8
17.12.2017
Jésus nous éclaire sur le monde
Matthieu 2 : 9-11 Luc 2 : 9-14 Jean 8 : 12
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Message suite à la saynète des enfants « Le Trésor de Noël » qui nous faisait découvrir que le trésor que Dieu a donné aux humains contenait une bougie qui donne la lumière au monde.
“Je suis la lumière du monde” dit Jésus (Jn 8:12)
A Noël, nous fêtons la venue de cette lumière dans le monde. Mais que voulons-nous dire par là ? Nous avons l’électricité, nous avons toute la lumière qu’il nous faut, dans nos maisons, dans nos rues, partout.
C’est donc une autre lumière que Jésus amène. C’est plutôt un éclairage sur le monde, sur son fonctionnement. Jésus est venu apporter un autre éclairage, un autre point de vue. C’est toute sa vie, ses actions, ses rencontres qui nous parlent, qui nous révèlent le point de vue de Dieu sur notre monde et sur nous-mêmes.
Je vais prendre trois lieux communs de notre société sur lesquels Jésus apporte un autre éclairage.
Premièrement, l’idée qu’il faut être célèbre, ou riche (ou les deux) pour réussir sa vie, pour compter, pour être quelqu’un.
En nous racontant que Jésus est né dans une étable, en nous présentant Dieu qui s’incarne dans un nourrisson, fragile et vulnérable, l’Evangile nous dit que pour Dieu chacun compte. Le plus petit des humains, le plus marginal, le plus rejeté (il n’y avait pas de place pour eux dans la maison des voyageurs) compte pour Dieu. Dieu vient habiter la fragilité humaine. Dieu se rend présent auprès des plus petits, d’abord auprès d’eux, surtout auprès d’eux.
Voilà un grand trésor, voilà un autre éclairage sur le monde !
Deuxième lieu commun : “C’est légal, donc on ne peut rien me reprocher !”
Jésus s’est beaucoup battu verbalement avec les pharisiens. Ces derniers se présentaient comme les gardiens de la loi de Dieu et de la morale, en champions de l’obéissance parfaite. Ce que Jésus leur reproche, c’est de se servir de la loi — de la légalité — pour échapper à leur devoir de solidarité. Ils se servent de Dieu pour se protéger, pour échapper à la demande d’aide de leur prochain.
C’est exactement ce qui arrive avec tous les “Panama et Paradise Papers”. « C’est légal, donc on ne peut rien me reprocher ! » Et bien, Jésus dénonce cet égoïsme qui se cache derrière la loi, le légalisme. Jésus demande à chacun d’ouvrir son coeur plutôt que de se cacher derrière le règlement. Il ne demande pas de se sentir en règle, mais d’être juste.
Voilà un grand trésor, voilà un autre éclairage sur le monde !
Troisième lieu commun : “Chacun peut éviter d’être une victime.” C’est l’idée qu’une personne ne se retrouve pas dans une situation compromettante sans l’avoir cherché ou au minimum sans avoir été imprudente.
Il y a une propension naturelle chez l’être humain à blâmer la victime. Par réflexe, on recherche ce qu’il aurait fallu faire pour éviter ou contrer le malheur. Et, après avoir longuement réfléchi pour trouver cette issue, on reproche à la victime de ne pas avoir agir ainsi, dans l’urgence et dans la panique. On n’hésite pas à dire “elle n’aurait pas dû se retrouver dans cette situation, dans cette voiture ou dans cet ascenseur… »
Jésus a dévoilé ce raisonnement et ce mécanisme humain dans son propre procès, en acceptant sa condamnation. Il est allé jusqu’au bout pour nous ouvrir les yeux, pour que nous cessions de croire que celui qui se retrouve “pendu au bois est maudit”, que celui qui subit une agression, une peine, un châtiment y est toujours pour quelque chose.
Voilà un grand trésor, voilà un autre éclairage sur le monde !
La Parole de Jésus est encore éclairante dans le monde d’aujourd’hui, parce que le monde d’aujourd’hui n’est pas meilleur que le monde romain d’alors. - les petits sont toujours méprisés - les super-grands trouvent toujours des moyens de sortir leur épingle du jeu - la parole des victimes est toujours mise en doute, aujourd’hui comme hier.
Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de quelqu’un qui nous éclaire, qui apporte de la lumière sur le monde, un autre point de vue qui nous permette de déjouer et dénoncer ces lieux communs.
Jésus dit : “Je suis la lumière du monde, celui qui me suit aura la lumière et ne marchera plus dans l’obscurité. ” (Jn 8:12)
Aujourd’hui, à Noël, nous pouvons nous réjouir que quelqu’un soit venu pour apporter ce trésor, ce message lumineux : chacun compte. Et chacun, depuis le plus petit, Dieu l’habite, Dieu l’aime et lui reconnaît une valeur infinie. Joyeux Noël !
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2017
Esaïe 49
6.12.2015
Le Christ voit la lumière qui réside en nous
Esaïe 49 : 1-6 Ephésiens 5:8-14
Télécharger le texte : P-2015-12-06.pdf
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Nous avons sur la table de communion des bougies allumées sur une couronne de l'Avent. Certaines années, nous recevons dans nos boîtes aux lettres une grande bougie avec une sorte d'échelle numérotée de 1 à 24 pour pouvoir l’allumer chaque jour en attendant Noël. Les enfants adorent allumer cette bougie chaque jour, regarder la flamme vaciller. Ils ont les yeux qui brillent. Ils sont tout réjouis.
Les bougies, la flamme, la lumière qu'elles dégagent, exercent sur nous une fascination. A divers moment de l'année, surtout au mois de décembre, nous allumons des bougies, souvent à placer sur le rebord d'une fenêtre pour manifester notre solidarité avec d'autres :
• le 1er décembre pour les malades du sida
• le 10 décembre pour l'application des droits humains dans le monde
Nous le voyons à chaque fois qu’il y a un drame, les gens apportent des fleurs et allument des bougies pour rendre hommage, pour protester contre la violence, pour faire acte de solidarité avec les victimes. Allumer une bougie et la faire briller devant les autres, pour faire du bien, pour manifester sa solidarité, c'est un signe que nous pouvons tous faire. Mais que signifie-t-il s'il n'est pas accompagné, soutenu, motivé par une disposition intérieure, une disposition de l'âme et du cœur ?
Dans la période de l'Avent nous attendons, nous rappelons l'attente de la venue de Jésus, de la venue de ce Serviteur dont parle Esaïe : celui qui a été choisi par Dieu, qui a reçu son nom — comprenez son être profond — de Dieu, celui qui est appelé à être LE serviteur, celui qui rassemble les descendants de Jacob, celui qui est la lumière des nations pour étendre le salut jusqu'au bout du monde.
Il est venu comme Serviteur ! Cet envoyé de Dieu — que nous reconnaissons comme le Messie, le Christ et qui vient à Noël — n'est pas venu pour nous enseigner de nouvelles pratiques religieuses, n'est pas venu pour nous demander d'accomplir de nouveaux rites (comme d'allumer des bougies ou des sapins de Noël !).
Il est venu pour changer, transformer notre cœur, notre être intérieur, notre âme, notre compréhension du monde, notre vision des gens autour de nous. Il est la lumière du monde parce qu'il éclaire le monde d'un éclairage différent de notre propre éclairage humain.
Ce choc des deux éclairages (divin - humain) nous le trouvons au milieu de ce texte d'Esaïe :
"Dieu m'a dit : « C'est toi qui es mon serviteur, l'Israël dont je me sers pour manifester ma gloire. » Quant à moi, je pensais m'être donné du mal pour rien, avoir usé mes forces sans résultat, pour du vent. Or le Seigneur garantit mon droit, mon Dieu détient ma récompense." (Es 49:3-4).
Le serviteur pensait avoir échoué dans sa mission, mais voilà que sous l'éclairage de Dieu la mission est accomplie. Lorsque Jésus dit : "Vous êtes la lumière du monde" (Mt 5:14) ne sommes-nous pas tentés de dire : "pas moi" ? Cependant, le Christ l'affirme : "Vous êtes la lumière du monde", non pas par nos propres forces, de notre propre initiative, mais parce que nous sommes sous l'éclairage, sous le projecteur de Dieu.
Dans la lettre aux Ephésiens, l’apôtre dit que "la lumière révèle la vraie nature des choses" (Eph 5:13). Sous la lumière du Christ, notre vraie nature est révélée, celle que Dieu nous confère, nous offre, celle que Dieu transfigure par sa vraie lumière. La lumière du Christ révèle notre vraie valeur d'humanité.
J'en entends déjà penser "oui, il révèle tout ce qui cloche en moi, la vraie nature de mes côtés sombres". Mais c'est là notre regard, pas celui du Christ. Le Christ voit la lumière qui réside en nous, même si nous la trouvons vacillante. Le Christ voit l'être que nous pouvons devenir, l'épi contenu dans le grain, l'arbre contenu dans la graine de moutarde.
Contrairement à notre société qui attise nos désirs les plus sauvages, nos penchants pour la compétition et l'anéantissement des autres, le Christ encourage en nous le meilleur et le plus digne, le plus lumineux et le plus solidaire.
Eclairé de cette lumière qui vient du Christ, nous pouvons alors "nous comporter comme des personnes qui appartiennent à la lumière" (Eph 5:8).
Alors, nous pouvons allumer autant de bougies que nous voulons pour témoigner de la lumière du Christ, ou comme le dit Jésus dans le Sermon sur la Montagne : nous pouvons "manifester cette lumière devant les hommes afin qu'ils louent le Père qui est dans les cieux." (Mt 5:16).
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2015
Luc 2 2
4.12.2014
Veillée de Noël
Esaïe 9 : 1-6 Luc 2 : 1-20 Jean 8 : 12
Télécharger la prédication : P-2014-12-24.pdf
Partie 1 : Esaïe 9 : 1-6
« Après la longue et sombre nuit, le ciel a rayonné » Oui, c’est dans la nuit que résonne le message de Noël, c’est dans notre monde réel qu’est annoncé une bonne nouvelle. Nous connaissons notre monde, monde de détresse, monde de violence et de haine, monde d’une barbarie qu’on croyait abolie.
C’est pour ce monde-là que Dieu fait briller sa lumière. C’est dans ce monde-là que Dieu veut étendre sa paix. Oh paradoxe ! il le fait à rebours de ce qu’on pourrait attendre !
On voudrait que Dieu étende sa puissance sur le monde. On voudrait que Dieu fasse preuve de force et anéantisse ses adversaires. Mais n’est-ce pas ce que nous reprochons à ceux qui étendent la guerre au nom de Dieu ? Aucune violence ne peut abattre la violence, Dieu l’a bien compris.
La paix ne peut venir qu’avec une offre de paix. La paix ne peut venir qu’avec la possibilité du sacrifice. Dieu avance vers nous sous la forme d’un enfant inoffensif, pour apporter la paix avec lui, à tout homme de bonne volonté. Il s’offre à nous, dans ce dénuement et cette vulnérabilité comme une bougie dans la nuit. Que cette lumière nous guide dans la nuit de notre monde.
Partie 2 : Luc 2 : 1-20
C’est dans une famille humaine que Dieu choisit de s’incorporer. Jésus naît de Marie, avec Joseph à ses côtés. C’est dans la famille humaine que Dieu choisit de s’incorporer, avec les bergers et les mages à ses côtés, avec les marginaux, les délaissés, comme avec les savants et les marchands venus de loin.
C’est dans une famille de déplacés, loin de chez elle, qui ne trouve pas sa place, rejetée dans une sombre étable que Dieu choisit de rejoindre l’humanité.
C’est dans une famille de la descendance du roi David, appartenant au peuple qu’il a pris sous son aile depuis des générations que Dieu a choisi de rejoindre l’humanité. Dieu rassemble son peuple et l’ouvre à l’universalité. Le Messie est offert à ce petit peuple à peine sorti de l’ombre, mais pour devenir un personnage pour le monde entier, le sauveur du monde, le messager d’une bonne nouvelle pour le monde entier.
Dieu n’appartient à personne. Dieu ouvre son cœur à toute l’humanité. L’amour est universel, il s’adresse à tous, il est le moteur et l’énergie de tout humain où qu’il habite sur la planète terre. Dieu est amour pour tous.
Partie 3 : Jean 8 : 12
Lumière ! Lumière du monde ! Pas tant un soleil qui illumine tous les coins de la planète. Plutôt un phare qui perce l’obscurité d’un rayon étroit qui traverse la nuit, régulièrement, inlassablement. C’est le phare qui guide le marin pour éviter l’écueil. C’est le phare qui mène à bon port, qui permet de se repérer dans l’obscurité du monde.
C’est le faisceau des phares qui permet de rouler dans la nuit, éclairant les obstacles, illuminant les bas-côtés, permettant d’avancer et d’atteindre son but.
C’est la lumière qui éclaire le monde de significations nouvelles, qui permet de comprendre ce qui anime les hommes et les sociétés. La lumière sculpte et dénonce les égos surdimensionnés de ceux qui ne pensent qu’à amasser richesses et pouvoirs. C’est cette lumière qui illumine les gestes de bonté anonymes sans lesquels le monde serait triste et froid.
C’est la lampe qui permet de lire ce qui, sinon, resterait indéchiffrable : une mère qui sans cesse s’oublie pour que ses enfants aient une vie meilleures ; un patron qui préfère couper dans ses profits plutôt que de se séparer de son premier employé, devenu invalide ; une dame âgée qui accueille des réfugiés dans sa cuisine et à qui ceux-ci préparent quelques plats exotiques ; un enfant reconnaissant de la patience de son enseignante qui lui offre un dessin fait avec son cœur.
Ce sont des gestes invisibles au monde, mais toujours illuminés par le regard de Dieu. Il est la lumière qui fait voir le monde sous un jour nouveau.
Amen
© Jean-Marie Thévoz, 2014
Matthieu 2
5.1.2014
Les mages chez Hérode : un roman d’espionnage
Jean 7 : 28-32 Matthieu 2 : 1-13
Téécharger ici la prédication : P-2014-01-05.pdf
Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Demain, 6 janvier, c’est la traditionnelle fête des Rois qui rappelle la venue des rois mages à la crèche pour adorer Jésus. Autour des rois mages s’est formée toute une tradition avec nombre de récits et de contes qui disent ensemble que le monde entier est venu se prosterner devant Jésus, qu’il a reçu mille cadeaux et que nous pouvons nous-mêmes nous joindre à ces adorants.
J’ai moi-même aussi parlé dans ce sens, interprétant les trois cadeaux offert (24.12.2011) ou racontant divers contes (24.12.2009 - 13.12.2009 - 27.11.2011). Aujourd’hui, je vais vous emmener ailleurs, sans vouloir en rien déprécier les traditions autour des rois mages, vous me connaissez, vous savez combien j’aime généralement interpréter symboliquement les récits bibliques.
Mais aujourd’hui, j’aimerais rester au plus près du récit biblique et de l’intention de Matthieu. Car Matthieu ne nous raconte pas un conte autour de la naissance de Jésus, loin de là ! Non, Matthieu commence ici un roman noir, un roman d’espionnage, qui va être parsemé de mensonges, de manipulations, de retournement d’espions et de cadavres. Oui, on est bien loin du folklore et du conte de Noël.
Que nous dit Matthieu ? Il nous parle de mages (je vais continuer à les appeler de cette manière traditionnelle) qui sonnent à la porte du palais du roi pour demander s’il est au courant de la naissance de son futur légitime remplaçant, le Messie. (Le Messie est la personne qui est ointe de l’huile de la consécration à la royauté, comme Saül puis David l’ont été par le prophète Samuel. L’onction assure donc une légitimité divine à celui qui la reçoit).
Inquiétude immédiate d’Hérode qui se sent menacé. Il met en route son enquête : où doit naître ce prétendant ? Quand l’étoile qui l’annonce est-elle apparue ? Il mobilise les interprètes de la Bible pour avoir ces informations et il interroge les mages.
Une fois qu’Hérode dispose de ces renseignements, il confie (sous le couvert du mensonge de vouloir lui aussi adorer le nouveau roi) il confie aux mages la mission de lui ramener la localisation exacte du Messie. Ainsi, sous un faux prétexte, Hérode transforme les mages en espions à son service, au service de ses funestes desseins comme on s’en doute.
Toujours aussi naïfs et innocents, la tête dans les étoiles, les mages trouvent Jésus, l’adorent et lui donnent leurs cadeaux. Enfin, ils sont avertis de ne pas retourner voir Hérode. Toujours aussi peu à la page, mais obéissants, ils retournent chez eux par un autre chemin.
Le plan d’Hérode est à moitié déjoué, en fait on a seulement gagné un peu de temps. Il faut maintenant fuir en Egypte. Joseph est averti, lui aussi en songe, de prendre l’enfant et Marie et de descendre se réfugier en Egypte en attendant que la menace s’estompe. Hérode, furieux, frappe à l’aveugle les nouveau-nés de Bethlehem, espérant ainsi anéantir le Messie.
Dans ce récit, les mages ont finalement un rôle tout à fait secondaire, celui de relier Jésus et Hérode et de mettre en évidence leur confrontation inévitable. Ce qui est important, ce n’est pas le passage des mages, c’est l’inévitable confrontation entre le pouvoir séculier et le pouvoir spirituel, entre l’obscurité et la lumière (dira l’évangéliste Jean, Jn 1:5), entre la corruption et la vérité, entre le péché et la grâce.
Les mages relient Hérode et le Messie et mettent au jour leur inévitable confrontation. Les mages passent et ne se rendent pas compte des vagues qu’ils soulèvent sur leur passage. Mais Matthieu veut attirer notre regard sur ces vagues, sur cette tempête, sur cet affrontement et ses conséquences.
La venue de Jésus a ouvert un conflit. La naissance du Messie est vue comme une menace par le pouvoir en place, surtout lorsqu’il est assis sur la violence et la corruption. L’obscurité craint la lumière. le malfaiteur craint la transparence. Hérode craint le Messie et lui déclare la guerre. Il veut à tout prix le retrouver et le tuer. Tout ce qui menace le pouvoir d’Hérode doit disparaître. C’est une guerre qui est déclarée contre le Messie et une guerre qui va se jouer en plusieurs manches.
Première manche : la localisation du Messie. Malgré la défection finale des mages, le point est à Hérode. La sainte famille est obligée de s’enfuir.
Deuxième manche : elle est gagnée aux points par Jésus puisque Hérode meurt. Il peut rentrer à Nazareth.
Troisième manche : elle se joue pendant le ministère de Jésus. Il a le soutien de la foule. Le point et pour Jésus.
Quatrième manche : les adversaires de Jésus réussissent à le faire condamner par Ponce Pilate. Victoire des violents par K.O.
Jésus est mort. Tout est-il fini ? Les ténèbres ont-elles eu raison de la lumière ?
Eh bien, quelques personnes racontent avoir vu Jésus vivant, ressuscité, et répandent ce message ! Il aurait finalement vaincu ! Quelle est la valeur de cette victoire secrète ?
Nous en sommes ici de ce combat, de cette confrontation dont Matthieu a donné les premiers moments. Quelle est la valeur de cette victoire secrète ? Que croyons-nous ? Nous ? Qui a gagné ? Est-ce Jésus ou les hérodes de notre temps ?
Le monde ne nous envoie pas de signal clair. En fait, le monde parie plutôt sur la victoire de l’obscurité sur la lumière. Et nous, sur qui parions-nous ? De quel côté nous plaçons-nous ?
C’est bien la question de la foi. Croyons-nous en la résurrection, en la victoire — encore secrète, mais déjà adjugée — de Jésus, de la justice et de la vérité sur l’obscurité ? De quel côté nous plaçons-nous ? Comment allons-nous le manifester, le faire savoir ? La balle est dans notre camp.
Amen
© Jean-Marie Thévoz 2014.