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  • Michée 6. Ouverture du catéchisme 1ère année : "Etre juste et faire le bien"

    (28.9.2003)

    Michée 6

    Ouverture du catéchisme 1ère année : "Etre juste et faire le bien"

    Michée 6 : 6-8         Marc 12 : 28-31

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  • Genèse 3. Deux impasses : l’obéissance et les sacrifices

    Genèse 3
    17.8.2014
    Deux impasses : l’obéissance et les sacrifices
    Genèse 2 : 15-17       Genèse 3 : 1-7 + 21      Romains 3 : 19-26
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    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Dimanche dernier nous avons commencé notre analyse de ce troisième chapitre de la Genèse que nous continuons aujourd’hui. J’ai mis en évidence une structure du récit qu’on peut suivre sur plusieurs pistes, plusieurs fils. Cette structure est marquée par un avant et un après, ainsi que par une remédiation humaine suivie d’une remédiation divine.
    Dimanche passé, nous avons suivi le fil illustré par les malédictions, ainsi que le fil du non-savoir et du savoir en « croquant la pomme ». Aujourd’hui, nous allons suivre deux nouvelles pistes.
    Le premier fil est celui de l’interdit. Dans notre avant, Dieu interdit clairement de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. En « croquant la pomme », Adam et Eve passent une porte et entrent dans l’après qui est fait de faute et de honte. Il y a eu transgression de l’interdit, désobéissance.
    Quelle va être la remédiation humaine ? Comme pour d’autres fils, la remédiation n’est pas directement indiquée dans ce chapitre, mais tout au long de la Bible. La remédiation humaine face à cette désobéissance va être de réparer cette première attitude par son opposé, c’est-à-dire par l’obéissance. Il faut se rattraper, ne plus faire comme Adam. Tous les efforts vont porter sur l’obéissance à la Loi divine. « Si Adam n’a pas pu obéir, moi je le pourrai ! » se dit chacun d’entre nous.
    Ainsi, la Bible développe tout un catalogue de lois pour réglementer une vie qui puisse plaire à Dieu. Le judaïsme a dénombré 613 commandements bibliques. C’est la voie dans laquelle ont excellé les pharisiens. Mais c’est aussi une voie sans issue. Il est impossible à l’être humain d’être totalement obéissant*. D’où le constat de l’apôtre Paul : « La loi permet seulement à l’homme de savoir qu’il a péché » (Rm 3:20).
    L’obéissance pour accéder à la justice est une voie désespérée. Plus on regarde dans le détail de nos vies, plus on voit l’écart entre l’idéal et ce qu’on vit réellement. Il est impossible d’être juste aux yeux de Dieu. C’est une voie sans issue.
    Quelle a été la remédiation divine ? En lisant l’Ancien Testament, on voit que ceux qui l’ont écrit ont longtemps cru que la remédiation divine était la punition. Une punition inscrite dans les pages de l’histoire du peuple et du pays d’Israël (2 R 17:7). Les rois obéissants ont des succès militaires et les rois désobéissants des défaites (2 R 13:1-3). Les prophètes lient aussi la sécurité territoriale à la confiance que les rois mettent en Dieu (Jr 17:3). Mais le couple « punition - récompense » est lui aussi inefficace. Il n’y a pas moyens que la loi rende quiconque juste.
    Il a fallu des siècles pour qu’on se rende compte et qu’on réalise que Dieu propose un autre chemin, celui de la grâce : Dieu donne sa justice à celui qui la demande. Dieu rend lui-même juste celui qui croit en lui, et il l’a réalisé dans la personne de Jésus (Rm 3:26).
    C’est ce que nous allons mieux comprendre en suivant le deuxième fil, celui qui commence par la nudité. Dans le temps d’avant, « l’homme et la femme étaient nus, mais sans en éprouver aucune gène » (Gn 2:25). Après la transgression, ils se découvrent nus et se font des pagnes avec des feuilles de figuiers (Gn 3:7). C’est la remédiation humaine : se couvrir, se protéger, se cacher. Cependant, comme chacun le sait, mettre la poussière sous le tapis ne fait pas disparaître la poussière. Ce système D humain n’est pas efficace, cela n’ôte pas la faute de la transgression.
    Alors le récit nous montre la remédiation divine : Dieu habille lui-même les humains de peaux de bêtes (Gn 3:21). Pas question ici du slogan « Plutôt nus qu’en fourrure » des défenseurs des animaux, car — ne leur en déplaise — il est justement question ici de sacrifice d’animaux.
    Symboliquement, il est question ici du premier sacrifice animal pour sauver l’être humain ou l’humanité. La remédiation divine consiste en une substitution de victime : le sacrifice animal, c’est faire porter la punition de la transgression sur l’animal au lieu de l’humain. C’est une préfiguration de la substitution d’Isaac par le bélier, mécanisme de tout sacrifice religieux des animaux.
    L’animal reçoit la punition méritée par l’être humain, à sa place. On trouve cela également avec le sang de l’agneau appliqué sur les linteaux des portes en Egypte avant la sortie d’Egypte, qui deviendra l’agneau pascal.
    La remédiation divine est d’éviter à l’être humain de recevoir la punition en désignant une victime de substitution. Il y a donc dans ces vêtements de peaux le précurseur des sacrifices instaurés en Israël et réalisés au Temple de Jérusalem plus tard.
    Mais les sacrifices animaux ne sont aussi qu’une étape transitoire. Les prophètes l’avaient déjà proclamé, Dieu n’a pas plaisir dans l’abatage des animaux (Es 1:11), ce qu’il demande, c’est « de se préoccuper du droit des gens, de tirer d’affaire l’opprimé, de rendre justice à l’orphelin et de défendre la cause des veuves » (Es 1:17).
    Le mécanisme de substitution du sacrifice est important pour que le coupable ne soit pas tué, mais la machine sacrificielle est détestable, au point de faire du Temple « une caverne de voleurs » dira Jésus (Mt 21:13).
    Le dépassement de cette étape a passé par le « sacrifice » de Jésus qui remplace « une fois pour toute » — comme le dit nos liturgies de Cène — toutes les victimes et tous les coupables. On est là sur un terrain risqué, où le vocabulaire risque de nous piéger. Attention, Dieu n’a pas fait ce qu’il voulait éviter ! Dieu n’a pas sacrifié un être humain pour éviter le sacrifice des humains ou de l’humanité (c’est la pensée de Caïphe, Jn 18:14). Ce serait un contre sens, une négation des valeurs de Dieu lui-même.
    Dieu n’a pas sacrifié son fils. Mais Jésus a donné sa vie pour que soit révélé la vanité de tout sacrifice réel. Jésus a fait ce geste comme un sauveteur ou un pompier risque sa vie pour sauver une victime de catastrophe. La croix est une façon de dire que Dieu préfère risquer son être dans le sauvetage de chaque personne, plutôt que de perdre quelqu’un.
    Jésus sur la croix — que l’Evangéliste Jean désigne comme « l’agneau pascal » — est la dernière substitution pour sortir Adam et Eve de leur condamnation. Dernière substitution qui était préfigurée dans ces premiers habits de peaux destinés à protéger l’humanité qui s’était mise en danger.
    Ainsi, ces deux fils, celui de l’obéissance et celui des sacrifices, conduisent à Jésus. Dans le premier fil, Jésus met l’amour à la place de la Loi, la foi à la place de l’obéissance. Dans le deuxième fil, c’est Jésus qui porte les péchés de l’humanité, à notre place (Rm 3:25). C’est Jésus qui prend la place de Barrabas, qui prend notre place pour que nous soyons déclarés « justes devant Dieu », non pas grâce à nos mérites (obéissance ou sacrifices) mais grâce à l’amour que Dieu à pour nous.
    Amen
    * voir le livre (sérieux et drôle) de A. J. Jacobs, L'année où j'ai vécu selon la Bible, Actes Sud, 2008 (Babel 1007), traduit de l'américain par Yoann Gentric.


    © Jean-Marie Thévoz, 2014

  • Luc 11. Se préparer une vieillesse heureuse (III)

    Luc 11
    26.8.2012
    Se préparer une vieillesse heureuse (III)

    Jean 13 : 4-8       Luc 11 : 9-13

    Téléchargez la prédication ici : P-2012-08-26.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Pendant ce mois d'août, nous nous demandons comment se préparer une vieillesse heureuse. Nous avons vu que la société ne donne de valeur aux personnes qu'en fonction de leur productivité, de leur utilité. Il faut donc chercher ailleurs sa valeur au moment où la vieillesse arrive.
    Nous avons vu que l'extrême vieillesse fige les attitudes et le caractère acquis au fil du temps. Il est donc primordial de se former longtemps auparavant le caractère qu'on veut avoir pendant sa vieillesse. Nous avons vu aussi que ce qui nous donne de la valeur pendant la vie active repose sur des capacités que nous risquons de perdre avec l'âge. Une transformation de la base, du socle de notre valeur est donc nécessaire. Cette valeur ne doit pas reposer sur l'action, mais sur l'être.
    Nous avons vu que ce sentiment d'accomplissement de notre vie, nous pouvons le trouver — après le sentiment d'utilité de la vie active — dans le sentiment d'être bon, de faire de belles actions. Ce que Jésus appelait "accumuler un trésor dans le ciel (Mt 6:20). Le changement nécessaire, c'est de passer d'être gratifié par le fruit de ses activités, à être gratifié par sa façon d'être avec et pour les autres.
    Aujourd'hui, j'aimerais encore faire un pas en avant dans cette quête de pouvoir être, tout simplement être, pour être heureux. C'est une étape de plus, parce que faire du bien, c'était encore faire quelque chose. Bien sûr, c'est à maintenir aussi longtemps que possible dans sa vie, mais quand on ne peut plus rien faire, que reste-t-il ?
    Il reste à être, ce qui se décline de plusieurs façons, être là; attendre; se souvenir; prier ou méditer; et finalement recevoir. Aujourd'hui, j'aimerais me concentrer sur ce "recevoir." Dans mes visites en EMS, je rencontre beaucoup de personnes qui ont de la peine à recevoir ce qui leur est donné. Recevoir chaque jour leur nourriture. Recevoir de l'aide pour se déplacer. Recevoir des soins corporels.
    C'est leur état de dépendance et de toujours avoir besoin de recourir à quelqu'un pour des gestes accomplis auparavant par eux-mêmes qui est difficile. Notre société prône l'autonomie, l'indépendance, voir l'autarcie. C'est une attitude de puissants, d'orgueilleux qui veulent ne rien devoir à personne. C'est une attitude d'aveugles aussi, qui ne voient pas que tout ce qu'ils consomment et achètent est le fruit d'une chaîne de coopération qui a fait que le produit a passé de mains en mains pour arriver jusque dans leur assiette  ou entre leurs mains.
    Notre société jette le discrédit sur la dépendance individuelle alors qu'elle entretient des dépendances globales bien plus graves. Le problème, c'est que nous avons intériorisé ce discrédit et nous avons honte de demander et de recevoir. Nous avons honte d'appeler à l'aide, même si nous avons travaillé dans un domaine qui aide autrui !
    Nous sommes dans la situation de Pierre qui refuse de se laisser laver les pieds par Jésus — alors qu'on peut imaginer que Pierre, au cours des étapes de leurs déplacements, a déjà lavé les pieds de Jésus.  Nous préférons être dans la situation de celui qui donne, parce que c'est une situation dominante. La dette est chez celui qui reçoit le service.
    Garder cette attitude orgueilleuse qui empêche de recevoir, qui empêche de recevoir ce qu'on nous donne, les services des autres, c'est nous garantir une vieillesse malheureuse. D'où vient cette honte, ou cet orgueil ?
    C'est ce que Jésus essaie de nous faire découvrir, autant dans le Sermon sur la Montagne que dans le lavement des pieds. Nous ne croyons pas à la bonté de l'autre, à la générosité de l'autre. "Si donc vous qui êtes mauvais donnez de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père qui est dans les cieux vous donnera-t-il le Saint-Esprit, le don suprême !" (Luc 11:13). "Si je ne te lave pas les pieds, tu n'auras aucune part à ce que j'apporte !" (Jn 13:8).
    Refuser ce que nous apportent les autres, c'est refuser les dons qui viennent de Dieu, c'est refuser de reconnaître que nous sommes interdépendants, mais que la vie est possible malgré cela, ou plutôt à cause de cela. Martin Luther, le réformateur, disait que les saints sont ceux qui se savent totalement dépendants de Dieu (cité par Margot Kässmann, Au milieu de la vie, Genève, Labor et Fides, 2012, p.121). Etre totalement dépendant de Dieu, c'est remballer tout orgueil de ne vouloir dépendre de personne.
    Apprendre à donner, pour avoir un sentiment d'accomplissement intérieur, c'est une étape importante de notre préparation à vieillir. Apprendre à recevoir, simplement pour donner à l'autre sa chance de donner, est une autre étape tout aussi importante dans notre préparation à vieillir.
    Pour résumer les étapes. Nous sommes utiles pendant nos années de productivité. Nous pouvons être bons pour construire une base, un socle qui nous donne un sentiment d'accomplissement qui éclaire notre être quand nous sommes forcés d'en faire moins. Nous pouvons devenir justes en reléguant aux oubliettes l'orgueil de l'autarcie et la honte de la dépendance, en développant une juste reconnaissance envers toute la chaîne de ceux dont nous dépendons — tout au long de notre vie — pas seulement dans la vieillesse. Nous ne cultivons pas nous-mêmes notre café, ni ne construisons nous-mêmes nos voitures ou nos téléphones…
    Nous pouvons devenir justes en reconnaissant le caractère communautaire de l'existence. Nous avons été valorisé par nos rôles utiles et le bien que nous avons fait. Soyons justes en acceptant de recevoir de bon cœur et avec reconnaissance que d'autres puissent — dans leur étape de vie — se montrer utiles envers nous en accomplissant leur profession et se montrer bon envers nous par des gestes gratuits à notre égard.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Luc 23. Luc présente la mort de Jésus comme une erreur judiciaire

    Luc 23
    6.4.2012, Vendredi-saint
    Luc présente la mort de Jésus comme une erreur judiciaire
    Luc 23 : 22-56
    Télécharger la prédication : P-2012-04-06.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Nous sommes face au mystère de la mort de Jésus, face au mystère de la croix. Un mystère, pas une énigme, car nous savons comment cela s'est passé. L'enquête est close, les faits sont établis, nous savons comment Jésus est mort. Ce qui reste un mystère, c'est pourquoi est-il mort ?
    Les apôtres dans leurs lettres, puis les quatre Evangélistes, nous livrent chacun des pistes d'interprétation, pour répondre à la question "Pourquoi est-il mort ?"
    Le mystère ne signifie pas qu'il n'y a aucune réponse. L'existence du mystère signifie plutôt qu'aucune de ces réponses n'épuise le sujet. Même, toutes ces réponses ensemble ne comblent pas nos interrogations.
    Comment cela a-t-il pu arriver, que l'humanité présente puisse faire exécuter le Fils de Dieu ? Chacun de nous a besoin d'aborder ce mystère et de trouver une réponse qui le satisfasse, une réponse qui fasse sens, pour soi.
    En rédigeant le récit de la Passion, l'Evangéliste Luc apporte la réponse de sa communauté Le fruit de méditations, de réflexions, d'études des Ecritures et de la vie de Jésus.
    Dans son récit du procès et de la mort de Jésus, Luc met en évidence l'innocence de Jésus. Par trois fois, Pilate déclare qu'il ne trouve aucun raison de condamner Jésus (Luc 23:4, 14, 22). Ensuite, seul Luc rapporte le dialogue entre les deux malfaiteurs sur les croix. L'un accusant Jésus et l'autre protestant : "Pour nous cette punition est juste (…), mais lui n'a rien fait de mal." (v.41). Enfin, troisième témoignage — une fois que Jésus est mort — l'officier romain déclare : "Réellement, cette homme était juste" (v.47). Ainsi Luc nous présente-il la mort de Jésus comme une erreur judiciaire, comme la mise à mort d'un innocent, d'un juste.
    Et Luc montre les conséquences catastrophiques pour l'humanité et la création tout entière. Luc est le seul à parler des femmes qui suivent Jésus sur le chemin de Golgotha et à rapporter les paroles de Jésus : "Ne pleurez pas à cause de moi ! Pleurez plutôt sur vous et vos enfants" (v. 28). Jésus met en évidence que son exécution n'est que la figure, la mise en exemple de toutes les mises à mort injustes à venir dans l'Histoire. Ou si l'on regarde en miroir, il avertit qu'il nous faudra regarder les malheurs, les victimes futures comme son propre martyre.
    On peut penser ici à toutes les femmes et tous les enfants, victimes collatérales des conflits violents, ou celles directement visées et abusées, utilisées, pour faire plier et décourager les aspirations à la liberté. Dans ces femmes et ces enfants, c'est la Passion du Christ qui se répète. Et chaque fois que ces martyres se répètent, c'est le ciel qui s'obscurcit sur toute la terre, de midi à trois heures. Métaphore pour dire la tristesse de Dieu de voir des humains torturés et maltraités.
    Ainsi, dans son récit de la Passion, Luc nous montre toute la noirceur du monde en train d'assassiner le Juste, celui qui venait apporter la lumière aux humains. En ce moment, le Juste est réduit à l'impuissance, la lumière s'éteint, le mal triomphe.
    Il y a cependant, dans le récit de Luc, trois lampes qui brillent dans cette obscurité : ce sont les trois paroles de Jésus sur la croix.
    1) "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font" (v.34). Jésus demande à son Père de ne pas ajouter du malheur au malheur. La situation est déjà assez sombre pour ne pas y ajouter des punitions supplémentaires. La culpabilité est évidente, les hommes se punissent assez eux-mêmes en agissant comme cela. Il n'y a rien à y ajouter.
    2) Sur la croix, Jésus répond en ces termes à la demande du malfaiteur qui reconnaît l'innocence de Jésus : "Je te le déclare, c'est la vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis" (v. 43). Une parole de délivrance et d'espérance. Il y a une issue pour ceux qui savent identifier où est le mal et où est le bien, pour celui qui sait distinguer entre le bourreau et la victime.
    Le récit de la Passion lui-même doit nous servir de grille de lecture, de grille d'interprétation dans notre lecture des nouvelles du monde. Nous devons apprendre à distinguer victimes et bourreaux. Jésus sur la croix, se tient résolument aux côtés des victimes, victimes tant des malheurs que de l'injustice.
    3) Au moment de mourir, Jésus crie : "Père, je remets mon esprit entre tes mains" (v.46). Une parole de confiance, une parole de certitude, le Père est là, près du Fils, les bras ouverts. Quand toute la violence du monde et des humains s'est liguée contre Jésus, il n'est pas seul, il n'est pas abandonné. Dieu est de son côté, il peut se réfugier en Lui et Lui remettre sa vie.
    Ces trois paroles illustrent, dans ces sombres événements, trois repères qui vont permettre de traverser la nuit de la mort et préfigurer Pâques : le pardon, l'espérance et la confiance.
    Le pardon sur le passé, sur notre passé, pour se relever comme le paralytique et nous mettre en marche à la suite de Jésus. L'espérance qui nous assure un avenir, l'espérance du royaume de Dieu, qui nous donne un but et une tâche pour mettre un peu de lumière dans notre monde obscur. La confiance pour notre présent, confiance dans la bonté, la bienveillance de Dieu qui veille sur nous comme un Père lorsque nous traversons l'obscurité.
    La mort du Juste nous montre l'obscurité du monde, mais le Juste a allumé les lampes — au cœur de cette obscurité — du pardon, de l'espérance et de la confiance.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012