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nouveau testament - Page 27

  • Esaïe 11. Dans l'attente d'un changement pour notre monde.

    Esaïe 11

    5.12.2010
    Dans l'attente d'un changement pour notre monde.
    Es 11 : 1-10,   Mt 3 : 1-6
    Téléchargez la prédication : P-2010-12-05.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    En ce deuxième dimanche de l'Avent, nous sommes dans l'attente, dans l'impatience, dans l'espérance d'un changement pour notre monde. Cette attente d'une transformation du monde, d'un changement de vie est déjà présente dans l'Ancien Testament et particulièrement chez le prophète Esaïe. Cette attente est exprimée par la promesse d'un rejeton.
    Il faut imaginer la souche d'un arbre qui est restée en terre. L'arbre a été abattu, enlevé. Et il ne reste que la souche et les racines. Il n'y a là que souche morte, triste reste d'un arbre qui avait déployé sa ramure, mais n'est plus.
    Mais là où l'on pensait qu'il n'y avait plus rien à attendre, à espérer, surgit une pousse, un rameau, un nouvel arbre ! De ce qui était mort — cru mort — surgit la vie. "Du vieux tronc d'Isaï, un frais rameau jaillit" dit le cantique. Isaï ou Jessé, c'est le père de David. De la souche du grand roi d'Israël va surgir un nouveau Messie, qui transformera le monde.
    La transformation du monde nous est présentée sous forme d'images. Images de paires d'animaux que tout oppose : le loup et l'agneau, la panthère et le chevreau, le veau et le lionceau, la vache et l'ourse, le lion et le bœuf, le nouveau-né et la vipère, le petit garçon et l'aspic.
    Ces images nous disent que l'incompatible va coexister en paix, ensemble. Le carnivore avec l'herbivore, le prédateur avec la proie, l'innocent avec le tueur. Le changement annoncé est un bouleversement complet de l'ordre naturel, un renouveau complet, total des relations établies.
    Ces images sont des métaphores prises dans la nature pour nous parler de nos relations humaines. C'est une dénonciation de nos rapports humains quand ils s'expriment comme des rapports fondés sur la loi de la jungle, la loi du plus fort. Le bouleversement annoncé, c'est que les paires incompatibles vont pouvoir vivre ensemble. C'est l'abolition des rapports de force, de domination. C'est l'abolition de la peur, de la crainte, de la terreur.
    Qui va pouvoir vivre ensemble ? Transposons les images animales en rapports humains. Vont vivre ensemble : locataires et propriétaires, automobilistes et piétons, employés et patrons, jeunes et vieux dans les bus ou les trains, amateurs de musique bruyante et amateurs de silence, promoteurs et écolos, et pourquoi pas, allons jusque-là, Suisses et étrangers.
    Voilà qui est bien utopique. Mais le texte biblique est d'accord sur cela ! C'est utopique, c'est au-delà des forces humaines. Pour réaliser cela, il faut un nouveau Messie, il faut une intervention divine, un envoyé de Dieu.
    Le texte est réaliste. On part d'une souche qui a tout l'air d'être morte, desséchée, incapable de produire de la vie. Et pourtant, c'est le point de départ de Dieu. Dieu prend l'impossible comme point de départ, parce que c'est la situation réelle et qu'il est inutile de penser commencer ailleurs, il n'y a pas d'ailleurs. Il n'y a pas d'ailleurs que notre monde, notre société, notre nature humaine.
    C'est la souche, c'est la pâte de départ et c'est à partir de là que Dieu agit. C'est à partir de nous — hommes pécheurs — que Dieu agit. C'est nous qu'il vient transformer, mais pas sans nous ou contre nous.
    Voulons-nous que le monde change ? Commençons par nous-mêmes, commençons par accepter de nous voir tels que nous sommes : tantôt prédateurs, tantôt proies, tantôt vipères, tantôt vulnérables comme un nouveau-né. Acceptons que ce changement vient de Dieu et pas de nous-mêmes, de nos propres forces.
    Dieu envoie son Messie, le porteur de son Esprit, pour nous transformer, pour que nous le suivions, pour être inspirés. Ce Messie est le porteur de l'Esprit de Dieu, de l'Esprit de sagesse.
    Nous sommes dans le temps de l'Avent, de l'attente pour recevoir le porteur de cet Esprit, pour prendre modèle sur lui, pour apprendre la sagesse et le discernement, pour voir plus large, voir de plus haut, ne plus nous laisser pièger par les rapports de force, pour nous ouvrir à l'esprit messianique qui ne juge pas selon les apparences — Jésus dira même de ne pas juger du tout.
    Prenons du temps pendant ce mois de décembre pour voir ce que Dieu peut transformer en nous, quelle souche Dieu peut revivifier, ce qu'il peut faire renaître en nous : pour que nous soyons transformés, pour que notre vie soit changée et que le monde en soit rendu plus habitable.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Ephésiens 3. Soyez enracinés dans l'amour.

    Ephésiens 3
    14.11.2010
    Soyez enracinés dans l'amour.
    Jean 15 : 9-13,  Ephésiens 3 : 14-19

    Téléchargez la prédication : P-2010-11-14.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,
    Nous avons vécu le baptême de NN, un bébé de 6 mois. Il est venu au monde, fragile comme tous les nouveaux-nés, et sa vie dépend des soins que vous lui prodiguez. La vie humaine, comme toute vie sur notre planète, est fragile et vulnérable. Et nous faisons tout ce que nous pouvons pour la protéger, pour que les enfants grandissent sainement, en bonne santé. Mais comme tous les parents, nous avons nos inquiétudes et nous faisons le vœu que tout aille bien. Fragilité physique du début de la vie et de l'enfance.
    On se dit qu'arrivés à l'âge adulte, c'est bon. Pourtant, si nous regardons nos vies, notre vie personnelle, nous n'avons pas perdu nos vulnérabilités. Elles se sont simplement déplacées. Comme adultes, surtout comme jeunes adultes comme vous, on ne se soucie pas trop de sa santé, la fragilité est plus intérieure : vais-je réussir dans mes entreprises, dans mon travail, dans ma vie de couple, dans ma vie familiale, dans l'éducation de mes enfants ? C'est la difficulté d'être reconnu, apprécié, aimé tel qu'on est.
    Cette quête de l'amour nous agite, nous préoccupe. Et puis avec l'âge, les soucis de santé reviennent, l'angoisse de vieillir, d'arrêter de travailler ou de devoir peut-être quitter son chez soi pour l'EMS. Sommes-nous condamnés à être toujours en souci, à être toujours vulnérables et malheureux ? N'y a-t-il donc rien à faire ? Ne peut-on vivre en paix ?
    C'est aussi ce que vivent les gens à qui l'apôtre Paul écrit à Ephèse. Et Paul prie pour eux, pour qu'ils puissent cesser de vivre dans l'angoisse de leur vulnérabilité. Pour qu'ils puissent être comblés de plénitude. Dans sa prière, Paul rappelle d'abord le lien fondamental qui nous relie à Dieu. Dieu est Père, et par là, l'origine de toute famille. La filiation, le lien qui unit les générations, est en même temps l'image et le modèle de l'amour. L'amour humain est l'image de l'amour que Dieu a pour nous. L'amour divin est le modèle de l'amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres.
    Après avoir posé cette équivalence, ce rapport, Paul développe ce qu'il demande à Dieu pour nous. Il demande d'abord que Dieu fortifie notre être intérieur. Il y a deux manières d'être fort : soit avoir une armure autour de nous, une armure qui nous empêche d'être blessé par l'extérieur, soit renforcer notre intérieur pour que les coups du destin ne détruisent pas quelque chose de vital en nous.
    L'armure a cet inconvénient que — si elle nous protège — elle nous empêche aussi d'être touchés, elle nous prive des caresses de la vie. Aussi est-il préférable de renforcer son être intérieur pour supporter les chocs et continuer à être sensibles, capables d'être touchés, de ressentir et de partager.
    Ce renforcement intérieur, Paul le voit comme possible en laissant le Christ habiter en nous, en se laissant insprier par le vie du Christ. Et Paul explique ce que cela veut dire en disant — ce qui me semble être le centre de son message — "soyez enracinés dans l'amour." (Eph 3:17)
    Le mot "enraciné" qui est utilisé ici par Paul, c'est le mot qui a donné "rhizome" en français. Les iris ont des rhizomes, les bambous aussi. Le pasteur qui a habité la Cure avant moi avait planté un bambou dans le jardin. Maintenant, il y a un bosquet et les rhizomes font des repousses trois mètres plus loin. Quand j'essaie d'ôter ces rhizomes, je dois prendre la bêche et la hache. Je peux vous dire que ces bambous sont enracinés !
    Et bien, Paul nous dit "soyez enracinés dans l'amour" aussi fortement que les bambous. Si vous êtes enracinés dans l'amour, c'est pour que vous soyez comblés de toute la plénitude de Dieu. Paul ne demande pas cela pour que Dieu soit content ! Non, c'est pour que nous soyons comblés, pour que nous soyons heureux, pour que nous soyons délivrés de l'angoisse, des soucis que nous envoient constamment nos fragilités et nos vulnérabilités.
    Et Paul dit quelque chose de cet amour dans lequel nous enraciner. Il aimerait nous en faire connaître toutes les dimensions : la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur. Ce sont les quatre dimensions de l'espace.
    La largeur, c'est ce qu'il y a à notre droite et à notre gauche, ce qu'il y a à nos côtés. De chaque côté, pour nous entourer, il y a de l'amour, de l'amour qui vient de Dieu.
    La longueur, c'est ce qu'il y a devant et derrière nous. C'est la longueur du chemin parcouru. C'est l'amour que vous avez reçu de vos parents. C'est la longueur du chemin qui s'étend devant vous, c'est tout l'amour que vous allez donner à vos enfants, à vos petits-enfants ou arrière-petits-enfants.
    La hauteur, c'est tout ce qu'il y a au-dessus de nous, un espace qui nous surplombe, mais aussi un espace vers lequel nous élever.
    La profondeur, ce sont tous les abîmes qui se trouvent sous nos pieds. Ce n'est pas un vide vertigineux, puisque là aussi Dieu y met de l'amour pour que nous ne sombrions pas. Il fait un pont d'amour au-dessus du vide pour que nous puissions traverser, avancer, progresser.
    Oui, chers amis, il y a de l'amour tout autour de nous, à côté, devant et derrière, au-dessus et au-dessous de nous. Pourquoi ne pas ouvrir les yeux et nous en rassasier ?
    Paul prie pour que nous y ayons accès, pour que nous acceptions de nous relier à cette source d'amour que le Christ nous a montrée, par ses paroles, par ses gestes, par sa vie. Il a consacré sa vie à nous monter que cette source est accessible, disponible, infinie.
    Allons-nous passer à côté et garder nos angoisses, ou bien allons-nous découvrir toutes les dimensions de cet amour pour accéder à la plénitude que Dieu veut nous offrir ?
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Psaume 114. Un Dieu bouleversant qui nous invite au changement.

    12.9.2010

    Ps 114

    Un Dieu bouleversant qui nous invite au changement.

    Nombres 20 : 1-11,  Josué 3 : 14-17

    Télécharger la prédication : P 2010-9-12.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Hier, un groupe de paroissiens et paroissiennes ont visité les églises de Moncherand et Romainmôtier et cheminé sur les 12 km qui les séparent en méditant sur quelques aspects de la Règle de St-Benoît. Cette Règle monastique est celle qui dirige la vie des moines clunisiens dont dépendaient ces deux églises. Une part importante de la vie des moines est la louange et particulièrement la louange des Psaumes. L'entier du psautier était prié ou chanté chaque semaine.
    Dans notre protestantisme actuel, nous avons perdu cette lecture régulière des Psaumes et, souvent, ils nous apparaissent difficiles à comprendre. Aujourd'hui, je vous propose d'entrer en dans la méditation du Psaume 114. C'est un psaume court, de louange, qui rappelle par de brèves allusions quelques pages centrales de l'histoire du peuple d'Israël.

    1 Quand le peuple d'Israël sorti d'Egypte,
    quand les descendants de Jacob quittèrent ce peuple au parler étrange,
    2 Juda devint le sanctuaire du Seigneur et Israël son domaine.
    3 En les voyant la mer s'enfuit, le Jourdain retourna en arrière.
    4 Les montagnes firent des bonds de bélier et les collines des sauts de cabri.
    5 Mer, qu'as-tu ainsi à t'enfuir, et toi Jourdain, à retourner en arrière,
    6 vous, montagnes, à faire des bonds de bélier, et vous, collines, des sauts de cabri ?
    7 Terre, sois bouleversée devant le Seigneur, devant le Dieu de Jacob,
    8 lui qui change le roc en nappe d'eau, et le granit en source jaillissante.
    Ce psaume est un témoignage, il s'adresse à la terre entière, à tous ses habitants. Il veut nous dire à quel point le Dieu de Jacob est un Dieu bouleversant ! Un Dieu qui appelle tous les êtres humains à la vie, à la vraie vie.
    Mais d'abord, pour y lire ce message, il est nécessaire de décrypter et d'étoffer le texte que nous lisons. Le psaume commence en parlant de la sortie d'Egypte, là tout le monde sait de quoi il s'agit, c'est la thématique centrale de l'Exode et de la foi d'Israël. Dieu a libéré son peuple en le sortant d'un lieu de misère et d'esclavage.
    Mais le psaume ajoute que cette sortie a été le commencement d'une transformation intérieure : A partir de là "Juda devint le sanctuaire du Seigneur et Israël son domaine." (Ps 114:2) Au lieu d'habiter un lieu, une ville ou un temple, Dieu habite un peuple, le peuple devient son sanctuaire ! Dieu ne veut plus être connu comme un Dieu extérieur, lointain, distant, mais comme un Dieu proche, intérieur.
    La force de Dieu habite le peuple lui-même et cette force lui permet de franchir tous les obstacles, en effet, la suite dit : "En les voyant la mer s'enfuit, le Jourdain retourne en arrière." (Ps 114:3) La mer qui s'enfuit rappelle la traversée de la Mer des Roseaux avec Moïse qui marque l'entrée dans le désert et le Jourdain qui retourne en arrière rappelle l'épisode que vous avez entendu (Jos 3) de l'entrée dans la Terre promise avec Josué.
    Deux passages au travers des eaux encadrent le long séjour dans le désert, qui a été un temps d'épreuves mais pendant lequel les bénédictions n'ont pas été absentes ! Le désert de l'Exode nous rappelle la dureté de la vie, les difficultés de la vie de tous les jours, les temps arides que nous traversons, mais ce temps n'est pas un temps d'abandon — aussi tourmenté soit-il . C'est au désert que le peuple a reçu la manne et les cailles, c'est au désert que le peuple a reçu la Loi de Dieu, c'est au désert que le peuple a reçu a été abreuvé d'une eau qui sortait du rocher.
    Là où toute vie semblait impossible, Dieu l'a rendue possible, et lorsque le séjour semblait interminable et que les eaux du Jourdain en crue semblaient rendre impossible le passage vers la Terre promise, Dieu est intervenu et a réalisé sa promesse.
    La mer et le Jourdain renvoient à l'histoire d'Israël. Les montagnes qui bondissent et les collines qui font des sauts de cabri, à quoi renvoient-elles ?
    Il n'est pas question — à ma connaissance — dans l'histoire d'Israël, de cataclysmes terrestres. Par contre c'est une thématique très présente dans le livre d'Esaïe, entre les chapitres 40 et 55. Souvenez-vous ces paroles qu'on lit à Noël : "Une voix crie : Que toute colline soit abaissée, qu'on change les reliefs en plaine" (Es 40:4) ou encore "Quand les collines chancelleraient, quand les montagnes s'ébranleraient, mon amour pour toi ne changera pas" (Es 54:9-10). Ce thème des montagnes et des collines qui bougent est un thème messianique, qui annonce la nouvelle alliance de Dieu avec tous les humains.
    Ainsi le Ps 114 allie les hauts-faits de Dieu dans l'histoire d'Israël avec les hauts-faits à venir pour appeler chacun à reconnaître la grandeur éternelle du Dieu de Jacob, du Dieu d'Israël. Un Dieu qui a agi dans le passé de manière salutaire et qui promet encore d'agir pour ouvrir un avenir vivant et véritable.
    Oui, la terre entière, c'est-à-dire tous ses habitants et nous encore aujourd'hui nous pouvons nous laisser bouleverser, changer, transformer par ce Dieu qui a agit dans l'histoire et promet de le faire encore dans l'histoire de nos vies, de notre vie personnelle et dans la vie de notre communauté. Car le Dieu de Jacob est un Dieu de changement "lui qui change le roc en nappe d'eau, et le granit en source jaillissante" (Ps 114:8).
    Ce qui est mort, inerte comme la pierre, Dieu lui donne vie et fluidité comme l'eau, ce qui est dur, figé, bloqué dans nos vies, Dieu promet de le rendre souple, mobile, vivant. Et l'histoire de ces changements dans nos vies ressemble à l'histoire du peuple d'Israël.
    Il y a une première étape, souvent la plus difficile à franchir, qui oppose beaucoup de résistance, c'est la décision que quelque chose doit changer dans sa vie et qu'on va se mettre en route pour changer. La première étape, le pas décisif ressemble au départ de l'Egypte. C'est un premier prodige que cette détermination de se mettre à changer, c'est analogue à franchir la Mer des Roseaux.
    Suit une période faite d'épreuves, de difficultés, entrecoupée de bénédictions inattendues, de nourritures nouvelles et d'eau sortie d'on ne sait où. C'est une période de transformation, de gestation, un temps où l'on adopte de nouvelles lois de comportement, et où l'on vit aussi des instants de rébellion, de doutes, de découragement : pourquoi avoir quitté la sécurité de l'acquis pour une Terre promise qui semble encore tellement loin ?
    Et voilà qu'à force de persévérance — et pour s'être laissé porté par Dieu lui-même par moment — vient le passage du Jourdain. Le désert est derrière soi, une nouvelle vie est commencée avec la possibilité de s'installer dans de nouveaux modes de relations. Il n'est alors plus question de retour en arrière, on sent la promesse réalisée.
    Le Dieu "qui change le granit en source jaillissante" nous invite à prendre ce chemin, ou à y persévérer, ou à y encourager, guider, ceux qui s'y trouvent. C'est à cela que nous invite ce Ps 114, si court, si simple, mais si riche !
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Actes 10-11. Et L'Eglise devint universelle...

    Actes 10-11

    15.8.2010

    Et l'Eglise devint universelle...

    Actes 10 : 24-48   Actes 11 : 1-18

    Télécharger la prédication : P-2010-8-15.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Le récit que vous venez d'entendre, aux chapitres 10 et 11 des Actes, est non seulement une petite merveille littéraire, c'est aussi le centre ou le sommet du livre des Actes des Apôtres. Le livre des Actes raconte l'expansion du christianisme de Jérusalem à Rome, comme l'accomplissement de l'ordre de mission donné aux disciples par les derniers mots de Jésus à l'Ascension : " Vous serez mes témoins, vous parlerez de moi à Jérusalem, dans la région de Judée et de Samarie et jusqu'au bout du monde." (Ac 1:8).

    Nous avons vu la prédication de Philippe en Samarie dimanche passé et aujourd'hui nous vivons l'entrée de l'Evangile dans le monde romain. Et bien cette entrée ne va pas de soi. Elle ne va pas de soi pour Pierre. Elle ne va pas de soi pour les apôtres et les frères restés en Judée, puisqu'ils demandent des comptes à Pierre à son retour de Césarée et que celui-ci doit raconter en détail ce qui s'est passé.

    La place que prend cet épisode dans le livre des Actes, le nombre et la répétition, dans le récit même des interventions divines — visions, paroles, anges, parlé en langue, descente de l'Esprit saint — pour justifier cette ouverture, montre que la résistance, au sein de l'Eglise primitive a dû être forte.

    Pierre lui-même a dû se laisser convaincre. Il a cette fameuse vision de la nappe remplie d'animaux purs et impurs et dans lesquels il doit se servir pour manger. Il a une réaction d'horreur : "Jamais ! Jamais je n'ai rien mangé d'impur ou d'interdit !" (Ac 10:14).

    Toute la vie d'un croyant juif de l'époque est construite sur la distinction du pur et de l'impur. Les païens n'en tiennent pas compte et ils sont donc souillés. Si l'on veut appartenir au peuple de Dieu, il faut distinguer ce que Dieu a déclaré pur et ce qu'il a déclaré comme interdit. C'est la base de la vie pieuse. Cela a conduit les juifs à vivre une vie séparée des autres, n'entrant pas dans les maisons des romains (c'est ainsi que les autorités juives ne voulaient pas entrer dans le palais de Ponce Pilate, Jn 18:28), partageant encore moins leurs repas — la nourriture ayant pu être consacrée aux idoles.

    Dans ce contexte, Pierre a cette vision de la nappe. Le récit nous dit alors que Pierre cherche encore la signification de cette vision. Il n'en voit pas tout de suite les conséquences. C'est à ce moment de sa réflexion qu'un romain le fait chercher.

    C'est avec six compagnons qu'il se rend chez Corneille. Entendant qu'un ange a parlé à Corneille, il ose entrer dans sa maison pour lui parler du Christ. Le lien entre la vision de la nappe et la demande de l'officier romain se fait petit à petit. Tout de vient clair lorsqu'il réalise que le Saint-Esprit est descendu sur Corneille et sa maison. Là, il voit que rien de fait plus obstacle à ce qu'il reçoive le baptême, c'est-à-dire qu'il entre dans l'Eglise, dans le peuple de Dieu.

    Pierre ressort donc transformé de la maison de Corneille, c'est presque un récit de la conversion de Pierre ! Il y a chez lui un véritable changement de mentalité, un changement de vision du monde. Pierre passe d'un monde cloisonné où chaque peuple, où chaque ethnie, où chaque culture vit séparée l'une de l'autre (ce qu'on appelle le communautarisme aujourd'hui) à une société ouverte où chacun peut non seulement se croiser mais se rencontrer, se toucher, se rassembler et manger à la même table !

    Mais Pierre n'est pas au bout de son chemin. Il a fait son chemin personnel, mais il doit encore convaincre l'ensemble de la communauté. Avec ironie, Luc, l'auteur des Actes, montre par là que les obstacles ou les résistances au message de Dieu sont souvent plus forts à l'intérieur de l'Eglise qu'à l'extérieur. A ce moment-là (mais est-ce seulement à ce moment-là ?) l'Eglise n'a pas tellement envie de devenir universelle. L'Eglise n'a pas tellement envie de changer, de s'ouvrir.

    Pierre va donc reraconter tout le parcours, sa vision, celle de Corneille, la rencontre, la descente du Saint-Esprit et le baptême à ceux qui doutent du chemin qu'il a pris. Et c'est comme si Pierre disait : moi aussi je ne voulais pas aller par ce chemin, moi aussi je suis le premier surpris, mais je n'ai rien pu faire, la volonté de Dieu s'est imposée à moi, les signes étaient là. Comment pourrais-je résister à la voix du ciel qui me disait : "Ne considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré pur." (Ac 11:9). Et Pierre de conclure son plaidoyer : "Qui étais-je donc pour m'opposer à Dieu." (Ac 11:17).

    Les apôtres et les autres membres de l 'Eglise se rangent alors derrière Pierre. L'Eglise peut devenir universelle. Les barrières sont tombées.

    Pour nous aujourd'hui cela paraît tout naturel, normal. Mais pour l'Eglise d'alors, cette position de Pierre est comparable à la demande d'un politicien suisse d'offrir le passeport suisse à toute personne qui en ferait la demande, sans autre condition que de prononcer la phrase : "J'aime la Suisse et je respecterai ses lois." Vous percevez les réactions que cela entraînerait ?

    "Ne considère pas comme impur ce que Dieu a déclaré pur." (Ac 11:9). Cette phrase a façonné le christianisme et n'a pas fini de déployer ses effets. Elle est un défi pour tous les chrétiens et elle est un défi pour toutes les autres religions.

    Cette phrase signifie d'abord l'abolition de toutes les barrières entre les humains. C'est l'abolition de toutes les discriminations entre humains et comme telle à la source de la Déclaration universelle des droits humains qui déclare que toute personne a des droits "sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation." (Article 2).

    Cela nous interroge sur les barrières que nous maintenons en place dans l'Eglise ou dans la société. Plus important pour nous aujourd'hui — en tant qu'Eglise — cela nous rappelle que cette abolition des barrières est voulue par Dieu lui-même, ce qui signifie que nous ne devons pas, que nous ne pouvons plus ériger des barrières au nom de Dieu, au nom du culte ou au nom de la religion.

    C'est un véritable défi pour notre XXIe siècle qui voudrait que chacun vive chez soi et qu'on ne mélange pas les communautés différentes ! Pour rester fidèles, apprenons à faire tomber toutes les barrières.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

     

  • Luc 19. Jésus ne regarde pas l'apparence, mais les blessures intérieures.

    Luc 19

    4.7.2010

    Jésus ne regarde pas l'apparence, mais les blessures intérieures.

    Luc 15 : 1-7,  Luc 19 : 1-10

    Télécharger la prédication : P-2010-07-04.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    C'est la première fois que je prêche sur ce récit de Zachée. Pour moi, il a un goût d'enfance : une retraite d'enfant à Crêt-Bérard sur ce récit et une chanson, "C'était un homme, haut comme trois pommes…" Et puis cette fin très moralisatrice d'un homme qui fait don de la moitié de sa fortune et promet de réparer les torts financiers qu'il a commis. Est-ce qu'on a encore envie d'entendre qu'il faudrait renoncer aux biens matériels pour être un bon chrétien ? Tout ça fait que je n'ai jamais eu trop envie de me lancer dans une prédication autour de ce personnage.

    Pourtant, il y a quelque chose qui doit être différent dans ce récit. Ce n'est pas un récit de tristesse, mais de joie. Au centre de ce récit, il y a la joie de Zachée. Cette joie est l'exact contrepoint de la fin du récit de l'homme riche qui repart tout triste après sa rencontre avec Jésus et que Luc nous raconte un chapitre plus tôt dans son Evangile (Lc 18:18-30).

    Zachée est joyeux de sa rencontre avec Jésus. Donc quelque chose a changé pour lui dans sa rencontre avec Jésus. Partons à cette recherche. Qui est Zachée ? Luc nous le présente en nous donnant son nom, son métier : il est chef des agents des impôts et son statut social : il est riche. Plus loin, il nous dit qu'il est de petite taille.

    De ce portrait social, il faut esquisser un portrait un peu plus psychologique. De par son métier, qui implique une collaboration avec les romains et les autorités, il est craint, mais aussi méprisé voire haï. Les gens à qui il prélève l'impôt ne l'aiment pas et les élites intellectuelles ou religieuses le voient comme compromis avec l'occupant et jouissant de richesses pas propres.

    Il fait partie des exclus, avec la contrepartie — étant riche — qu'il peut acheter ce qu'on ne lui donne pas. Personne ne l'invite chez soi, mais il peut inviter à ses banquets, et on ne peut sûrement pas refuser ses invitations. Mais il doit bien sentier que les gens viennent chez lui contre leur gré, par obligation. Zachée peut faire de grandes fêtes, tout y est, la nourriture, le vin, les danseuses et les jongleurs, mais quelle valeur à la fête si le cœur des convives n'y est pas ?

    C'est là que la rencontre avec Jésus va être décisive. (Je passe sur l'épisode du sycomore — on pourrait sûrement y voir toutes sortes de symboles. Pour moi ce passage anecdotique, mais inutile dans la logique du récit et du message évangélique, atteste juste de l'authenticité de la rencontre.) Le point central de cette rencontre, c'est le contraste entre le mépris de la foule vis-à-vis de Zachée — et par ricochet vis-à-vis de Jésus qui parle à Zachée — et le fait que Jésus choisit justement de s'inviter chez lui.

    Remarquez bien, ce n'est pas Zachée qui invite Jésus chez lui, malgré son désir de voir Jésus, malgré son stratagème pour le voir en montant sur l'arbre au risque de voir se multiplier les quolibets à son égard. Oui, Zachée a envie de voir Jésus, non ce n'est pas lui qui l'invite. C'est Jésus qui s'invite chez Zachée. C'est Jésus qui prend l'initiative de s'inviter.

    Je ne pense pas que Jésus s'impose, je pense que Jésus s'invite chez Zachée pour lui signifier deux choses : (i) c'est mon désir de venir chez toi, sous-entendu, je ne viens pas par obligation; (ii) tu es digne de me recevoir, parce que je ne fais pas de différence entre les personnes. Toutes les personnes ont de la valeur aux yeux de Jésus, parce que Jésus regarde au cœur des gens.

    Jésus ne regarde pas l'apparence, mais il regarde les blessures intérieures, pour venir y mettre le baume de son amour. A la limite, pour Jésus, plus grande est la blessure, plus il va s'occuper de cette personne. Plus grand est le manque d'amour, plus grand est le besoin d'être aimé, plus Jésus va consacrer de temps à cette personne. "Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus" dit la fin du récit.

    Voilà que Jésus s'invite chez celui qui ne voyait défiler chez lui que des gens forcés, achetés, dégoûtés. Voilà enfin quelqu'un qui s'intéresse à lui, à ce qu'il est vraiment, un être humain, avec sa part d'ombre, mais aussi sa part de lumière — celle que tous les autres lui dénient.

    Où est-il dit que Zachée, avant sa rencontre avec Jésus, était foncièrement mauvais, un escroc, un voleur ? C'est la foule qui le dit, pas le narrateur. (Est-ce que vous avez fait le calcul proposé par le récit ? J'ai toujours aimé les maths et je me suis toujours dit : il y a quelque chose qui cloche dans ce récit. Comment Zachée peut-il en même temps donner la moitié de sa fortune aux pauvres et rembourser quatre fois ceux à qui il a trop demandé si toute sa fortune reposait sur des malversations ?)

    Zachée n'était pas forcément plus malhonnête que la moyenne des gens ! Ni complètement intègre, ni complètement malhonnête. Faut-il dire comme un banquier suisse ?

    Revenons à Jésus. Ce qu'il donne à Zachée, c'est ce qu'il n'avait jamais reçu : une place. Une place dans son peuple "c'est aussi un enfant d'Abraham" dit Jésus. Une place, une filiation, un enracinement, une considération. Voilà ce qui libère intérieurement Zachée.

    Jusque-là il devait acheter sa place dans la société. Maintenant que cette place lui est donnée, il n'a plus besoin de son argent dans ce rôle. L'argent peut maintenant servir à autre chose qu'à assurer son être. Zachée peut disposer de son argent autrement. La valeur de Zachée n'est plus dans sa fortune, elle est dans son être. Jésus a déplacé cette valeur. C'est là le point intéressant de ce texte, qui peut nous amener à réfléchir à notre place et à notre valeur.

    D'où tenons-nous notre place ? Qui nous la donne ? D'où tenons-nous notre valeur ? Qui nous la donne ? Ou en d'autres termes : où est notre manque ? Qu'est-ce qui nous comble ? Comment cherchons-nous à combler notre manque ?

    Comme Zachée, nous sommes en quête d'être comblés. Nous sommes en route, nous cherchons — et nous ne sommes pas mauvais de ne pas avoir complètement trouvé — comme Zachée.

    Retenons — comme avec Zachée — que Jésus déplace le sens de notre quête, renverse l'ordre des choses. C'est lui qui nous invite. C'est lui qui se met à notre recherche lorsque nous sommes perdus. Il n'attend pas que nous soyons guéris pour nous rencontrer, il vient à notre rencontre pour nous guérir.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Luc 6. Dimanche des réfugiés : étendre la main et l'ouvrir

    Luc 6

    20.6.2010

    Dimanche des réfugiés : étendre la main et l'ouvrir

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    Luc 6 : 1-5, Luc 6 : 6-11

     

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Voyez vous le contraste entre ces deux récits de l'Evangile ?

    D'un côté ces mains qui s'activent, qui arrachent et frottent les épis, ces mains qui travaillent, qui apaisent la faim ! Mais voilà que les autorités du lieu déclarent à Jésus : "C'est illégal ! Tes disciples sont dans l'illégalité. C'est un jour de sabbat !"

    De l'autre côté, cette main desséchée, paralysée, incapable de se tendre, ni pour donner ni pour recevoir. Et Jésus qui veut redonner vie à cette main. Mais voilà que les autorités du lieu déclarent à Jésus : "C'est illégal ! Ne te lance pas dans l'illégalité. C'est un jour de sabbat !"

    Le jour du sabbat a été donné dans le Décalogue pour en faire un jour pour se souvenir du don de la création, un jour fait pour recevoir, recevoir la Création, recevoir autrui, se recevoir. Un jour fait pour rendre grâce, pour être dans la reconnaissance face au Créateur et face à autrui, en qui reconnaître le visage et la présence de Dieu. Un jour pour se souvenir d'une libération qui rend la vie à nouveau possible. Quelle dérive a poussé le sabbat de la libération à l'interdit ?

    Ces épis arrachés et frottés le jour du sabbat pour apaiser la faim des disciples nous rappellent que nos mains sont faites pour la liberté, libérées pour servir la vie, pour s'ouvrir et permettre la rencontre, pour se tendre et pour recevoir. Ces épis arrachés et frottés le jour du sabbat, ce geste des disciples — interdit pas la loi juive mais autorisé par Jésus — nous rappellent que nous vivons d'une libération et d'un don reçus du Christ.

    Mais vivons-nous vraiment avec les mains libres ? Avons-nous les mains libres pour recevoir ? Cette main desséchée, paralysée, mise en avant aux yeux de tous, nous questionne. Pourquoi cette tentation constante de revenir à l'interdit ?

    Lorsque nos lois, nos méfiances, nos préjugés façonnent une société qui paralyse l'autre et le prive de ses capacités de contribuer, de donner : que sommes-nous en train de faire ?

    Quand celui qui ne travaille pas assez vite, quand celui qui n'est plus assez rentable, quand celui qui est malade, quand celui qui est réfugié est stigmatisé : que sommes-nous en train de faire ?

    Lorsque nous acceptons que des hommes et des femmes — en groupe — soient dénoncés, avant enquête, comme des assistés, des profiteurs ou comme des abuseurs : que sommes-nous en train de faire ?

    Lorsque nos lois se font l'écho de nos peurs : que sommes-nous en train de faire ? N'avons-nous pas à nouveau verrouillé le sabbat. N'avons-nous pas, nous aussi, besoin d'être questionnés, interpellés, guéris ?

    Nous avons vraiment besoin de nous souvenir que tout homme, toute femme, dans ce monde, vit de pouvoir donner et recevoir. Nous qui nous définissons si souvent par ce que nous faisons, par notre travail, nous devrions le savoir. Nous devrions sentir combien il est douloureux de se voir priver de la possibilité de contribuer à la vie sociale par notre travail. Nous devrions sentir combien il est douloureux de voir ses compétences, ses talents, ses dons ignorés, laissés de côté.

    Comme êtres humains, nous savons combien nous avons besoin de donner autant que de recevoir. Donner de notre temps, donner de notre savoir-faire, mettre nos compétences au service de la société, d'une association et pourquoi pas de la paroisse.

    Pourquoi en aurions-nous besoin, mais pas eux. Eux, les chômeurs ou les retraités d'ici, trop vite mis sur la touche; eux les réfugiés qui arrivent ici avec le rêve de pouvoir participer et qui trop souvent se trouvent paralysés par nos peurs, nos préjugés, nos lois.

    Je rappellerai juste un chiffre à propos des réfugiés : ils constituaient 6 personnes pour 1'000 habitants en Suisse à fin 2009. 6 pour 1'000, cela représente 48 personnes sur les 8'000 habitants de Bussigny. Pas de quoi penser être débordés et ériger des murs juridiques.

    Pour ce dimanche des réfugiés, la campagne de l'EPER s'intitule "Miser sur les compétences." En parallèle, l'OSAR (Organisation suisse d'aide aux réfugiés) fait sa campagne avec le slogan : "Les réfugiés ont tout abandonné, sauf leur talent." C'est une façon de répéter aujourd'hui la parole de Jésus : "Etends la main" pour que des vies retrouvent leur sens, pour que des personnes puissent sortir de la paralysie à laquelle ont les a obligés.

    En Eglise, nous cheminons à la suite d'un homme libre, Jésus. Sa vie tout entière a pris la forme d'une vie sabbatique, une vie reçue de Dieu et sanctifiée par tous ses actes. Une vie qu'il a donnée à l'humanité pour nous libérer, pour nous guérir.

    A sa suite, notre vie est appelée à devenir vie sabbatique, une vie consacrée à Dieu, non pas dans l'interdit de faire quoi que ce soit de peur de transgresser un commandement, mais dans la liberté d'aller et venir, de rencontrer, de frotter des épis dans ses mains pour faire jaillir de la nourriture. Une vie qui se sait redevable, reçue d'un don premier et d'une libération. Une vie qui fait de la place à l'autre, y compris pour l'exclu, pour le réfugié afin que l'échange et le don soient possibles.Une vie qui fait de la place aux talents de chacun, afin qu'il soit possible pour tous, de donner et de recevoir, de se réjouir des compétences, des capacités, de la créativité de tous ceux qui vivent à nos côtés.

    Pour que je puisse reconnaître en mon prochain, qu'il soit suisse ou étranger de première, deuxième ou troisième génération, l'image du Dieu créateur, le Christ me dit aujourd'hui à moi aussi : "Etends la main." Soit vivant, vis ta vie, soit sans crainte, sans paralysie. Il y a une place pour toi dans ce pays ou dans le Royaume de Dieu, comme il y a une place pour chacun, pour chacune dans le cœur de Dieu.

    "Etends la main" dit Jésus.  Ensemble, nous sommes invités à être guéris, à vivre les mains déliées, ouvertes, pour recevoir de Dieu, et les uns des autres.

    Ensemble, nous sommes appelés à devenir acteurs dans la société, chacun avec ses compétences, chacun avec son savoir et son histoire. Nous sommes appelés à devenir collaborateurs d'une humanité où chacun est quelqu'un, où chaque homme, chaque femme est reconnu comme image du Dieu créateur, capable de contribuer à la construction du monde, un monde qui peut ressembler toujours davantage au Royaume des cieux que Dieu promet.

    Amen

    Texte d'après les propositions homilétiques de l'EPER : Dimanche des réfugiés du 20.6.2010.

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Jean 20. Le don du souffle et de l'apaisement.

    23.5.2010

    Le don du souffle et de l'apaisement.

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    Jér. 31 : 31-34      Jean 20 : 19-23

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Cinquante jours après Pâques, nous fêtons la Pentecôte, la fête qui nous rappelle que Dieu nous donne son Esprit après le départ de Jésus à l'Ascension. Notre calendrier a été établi à partir des récits de Luc dans son Evangile et dans les Actes des Apôtres.

    L'Evangile de Jean ne se préoccupe pas de calendrier, mais de signification. Ainsi, comme nous l'avons entendu dans la lecture ce matin, Jésus donne l'Esprit saint aux disciples le premier jour, lors de sa première rencontre avec l'ensemble de ses disciples. Ce qui est important pour Jean, c'est de montrer le lien entre la résurrection et le don de l'Esprit. C'est le Christ ressuscité qui rencontre ses disciples et qui leur donne l'Esprit saint.

    Comment se passe cette Pentecôte pour l'Evangéliste Jean ? D'abord, il y a quelques mots sur la situation des disciples. Ils se sont rassemblés dans un local fermé, fermé à clé, verrouillé. Les disciples ont peur. Ils ont peur des autorités. N'étaient-ils pas comparses — il n'y a qu'un pas vers complices — d'un condamné à mort ? On pourrait s'en prendre à eux. Nous sommes le soir du premier jour de la semaine. Les disciples sont encore sous le choc de la mort, de l'exécution de leur maître. Ils sont en deuil. Aujourd'hui, on dirait qu'ils sont en état de choc post-traumatique. Un ensemble de personne qui ne sait pas quoi penser après les nouvelles bouleversantes et contradictoires des témoins : Jésus a été mis au tombeau le vendredi soir, on ne l'a pas retrouvé ce matin. Le tombeau était vide. Est-ce vrai ? Est-ce du déni ?

    Et ensuite voilà que — dans cette situation de confusion — Jésus se tient debout au milieu d'eux. On ne nous dit pas qu'il entre, ni qu'il surgit, ni qu'il apparaît. Il est là, au milieu d'eux, au centre de leur groupe. Au cœur de nos désarrois, au cœur de nos inquiétudes, de nos deuils, de nos malheurs, Jésus est là, il se tient au milieu de nous. Il salue et montre ses mains et son côté, comme pour dire : "Vos souffrances, je les porte dans mon corps, je suis vraiment avec vous."

    Jésus salue ses disciples en leur disant : "La paix pour vous." Je n'ai pas trouvé si c'était la façon ordinaire de dire bonjour à Jérusalem en ce temps-là, comme on dit "Salam aleikoum" en arabe aujourd'hui, en hébreu ce serait "Shalom lakhem." Mais comme Jésus répète cette même phrase encore une deuxième fois plus tard, je crois qu'il faut la prendre à la lettre. Jésus souhaite vraiment nous donner la paix, sa paix, le shalom, la plénitude de l'apaisement au cœur de nos turbulences et de nos épreuves.

    En fait, Jésus donne trois choses à ses disciples dans cette rencontre. Il leur donne la paix dans la salutation. Il leur donne l'Esprit saint quand il souffle sur eux. Et il leur donne une mission — il les envoie à leur tour — avec le pouvoir sur les péchés. La paix est le but final, le souffle est l'inspiration qui leur permet d'avancer vers ce but, et le moyen d'aller vers ce but est résumé dans le pouvoir de lâcher ou retenir les péchés.

    Dès qu'on parle de péché, il faut préciser et recadrer ! Jésus ne parle jamais du péché comme d'une faute morale, mais toujours comme d'une séparation, d'un éloignement des autres ou de Dieu. On a toujours mis l'accent sur la faute commise — qui peut effectivement nous séparer des autres, briser les relations. Mais souvenons-nous qu'il y a tout l'ensemble du mal subi, des malheurs, des épreuves qui nous mettent tellement à mal que cela perturbe aussi toutes nos relations.

    Pour mieux comprendre ce que Jésus donne comme pouvoir à ses disciples, je vais remplacer le mot "péché" par le mot "tension" (même si ce mot ne recouvre pas tout le champ du péché) parce que vous savez comme on peut empoisonner la vie des autres lorsque nous sommes sous tension, trop tendus.

    Jésus nous dit que lorsque nous lâcherons nos tensions, elles seront relâchées, mais que si nous gardons (maintenons, retenons) nos tensions, elles ne disparaîtront pas comme par enchantement. Nous avons-là un pouvoir et une responsabilité — en tant que chrétiens.

    Nous inspirer du Christ — recevoir son Esprit — c'est chercher la paix en nous libérant de nos tensions, en relâchant la pression, en nous et sur les autres. C'est la mission qu'il nous donne, qu'il nous confie : défaire nos tensions pour arriver à l'apaisement et communiquer cette paix autour de nous.

    Pour donner son Esprit à ses disciples, le texte nous dit que Jésus souffle sur eux. Dans la Bible, le même mot est utilisé pour dire l'esprit (ou Esprit), le souffle, voir le vent (RUa'H en hébreu et pneuma en grec). De tout temps, les spirituels ont lié l'Esprit et la respiration; et la respiration à l'apaisement.

    Prenez un instant conscience de votre position assise sur votre banc. Ces bancs en bois ne sont pas confortables. Je suis sûr que pour rester assis, il y a quelques-uns de vos muscles qui sont tendus, peut-être inutilement tendus. En respirant profondément, vous pouvez détendre tout ce qui est inutilement tendu en vous. Cet exercice sur le corps, nous pouvons aussi le faire pour notre âme ou notre vie.

    Au cœur de nos tensions, de nos difficultés, Jésus se tient-là, debout, pour nous apporter la paix. Il souffle sur nous, il souffle en nous son Esprit de paix pour que nos tensions puissent se relâcher et nous conduire à l'apaisement. Apprenons à accueillir ce souffle et cet apaisement.

    Amen

     

  • Genèse 1. En créant l'être humain, Dieu se dévoile lui-même

    9.5.2010

    En créant l'être humain, Dieu se dévoile lui-même

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    Gn 1:1-5 - Gn 1:24-31 - Gn 2:1-4a

     

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    La Bible nous présente Dieu comme quelqu'un qui fait alliance avec l'être humain. La Bible nous présente trois alliances successives : une alliance avec Noé, une alliance avec Abraham et le peuple d'Israël et une alliance au travers de Jésus-Christ.

    L'alliance avec Noé a pour signe l'arc-en-ciel. L'alliance avec Abraham et le peuple d'Israël a pour signe la circoncision. Et l'alliance au travers de Jésus-Christ a pour signe le baptême. Mais ces trois alliances reposent sur un socle, sur une fondation, c'est la création. C'est la foi que Dieu — avant ces trois alliances — avait déjà une intention pour le monde, pour l'univers et pour l'être humain.

    Le premier chapitre de la Bible nous offre un poème qui cherche à dire la première intention de Dieu pour l'être humain. Un poème qui cherche à exprimer le sens du monde dans lequel nous vivons et la place que nous occupons dans ce monde.

    Dans ce poème qui exprime la création en six strophes, l'être humain apparaît dans la 6e strophe, le 6e jour. C'est le même jour que les animaux terrestres, mais l'être humain n'est pas créé au milieu d'eux. L'être humain est à part, il est le fruit d'une délibération, d'un dialogue avec lui-même : "Faisons les êtres humains, qu'ils nous ressemblent vraiment." (Gn 1:26). Dieu n'a pas dit cela des animaux, c'est réservé aux êtres humains. Et Dieu confie une mission, une responsabilité aux êtres humains : "Qu'ils soient les maîtres des poissons, des oiseaux, des gros animaux et des petites bêtes." (Gn 1:26). Dieu fait, en quelque sorte, de l'être humain le roi de la création.

    Dieu donne à l'être humain du pouvoir avec l'espace du monde, il lui assujettit la nature. Mais il est intéressant d'observer que ce pouvoir est organisé pour qu'il puisse s'exercer sans violence. Pour leur nourriture, Dieu donne aux hommes les céréales et aux animaux l'herbe verte. Comme si, dans un premier temps, dans la création idéale, l'homme était végétarien et tous les animaux herbivores. Le pouvoir donné à l'être humain n'est pas celui dont nous usons aujourd'hui, avec le risque de détruire la planète.

    Concernant la création de l'être humain, le texte ajoute : "Dieu créa les êtres humains à sa propre ressemblance, il les créa homme et femme." (Gn 1:27). Nous avons là deux éléments très importants.

    D'abord, dès le début, l'être humain est créé homme et femme. C'est une volonté de Dieu qu'il y ait deux êtres qui soient différents, mais qui se correspondent. Différents, mais qui puissent s'accorder. Différents pour qu'il y ait dialogue et discussion. Je ne sais pas vous, mais moi, je n'engage pas la discussion avec le type que je vois dans le miroir quand je me rase le matin ! La différence crée la richesse du dialogue, de l'échange. Et c'est peut-être bien dans cette différence, dans cette altérité de l'homme et de la femme, qu'il faut voir notre ressemblance avec Dieu.

    Et voilà le deuxième élément important : en créant l'être humain, Dieu se dévoile lui-même, il se fait connaître — comme l'artiste révèle quelque chose de lui dans son œuvre d'art. En créant l'être humain, homme et femme, Dieu révèle sa soif de dialogue, d'entrer en conversation avec quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'est nous aujourd'hui !

    Reprenons ces particularités. En créant l'être humain, Dieu fait un être à part dans la création. Il lui donne du pouvoir, il lui donne une mission ("Peuplez la terre et dominez-la"), il le fait comme un vis-à-vis à sa ressemblance, il le fait comme un être de dialogue.

    Tout cela rassemblé fait de l'être humain un être libre, indépendant, qui peut se donner ses propres buts. Vous aurez remarqué que la mission donnée ne porte pas en elle-même de buts, d'objectifs. Dieu ne dit pas à l'être humain : Je te donne le pouvoir pour… que tu me construises des pyramides, que tu me serves, que tu ailles sur la lune…

    Dieu prend le risque de laisser à l'être humain la liberté de choisir ses buts, de choisir ce qu'il veut faire de son énergie, de sa vie. Dieu se dépossède — dès la création — du pouvoir de nous diriger comme des robots ou des marionnettes !

    Dieu prend des risques avec nous. Il nous donne une entière liberté, en espérant que nous aurons envie d'entrer en dialogue avec lui. Avec le Christ, il nous a montré jusqu'où il se dépouille de sa puissance pour que nous soyons libres de le rejoindre — non par contrainte, mais par amour.

    C'est pourquoi, au fil du temps, Dieu nous propose d'entrer dans son alliance, d'entrer en dialogue avec lui. Depuis la création du monde, Dieu veut notre bonheur, dans la liberté, parce qu'il n'y a de vrai amour que dans la liberté.

    Comment allons-nous lui répondre ? Comment allons-nous orienter notre vie pour répondre à cette main que Dieu nous tend à travers sa création, à travers l'arc-en-ciel, à travers l'alliance avec le peuple d'Israël, à travers le baptême et l'Eglise ? La balle est dans notre camp, elle est dans nos mains.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Actes 10. Le message de Jésus n'est pas réservé à une terre, à un peuple.

    4.4.2010

    Le message de Jésus n'est pas réservé à une terre, à un peuple.

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    Luc 24:1-10, Actes 10: 34-45

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Pâques, la fête de la résurrection ! C'est la fête que nous commémorons tous les dimanches : premier jour de la semaine où les femmes sont allées au tombeau après le sabbat, jour de repos qui clôt la semaine.

    La résurrection — pierre angulaire de la foi chrétienne— est pourtant si mystérieuse, tellement inexplicable. Résurrection, pierre d'achoppement pour nombre de nos contemporains et — osons le dire — très souvent pour nous aussi. Comment dire l'impossible, l'inédit, l'indicible ? Comment croire sans comprendre, sans explication ?

    Nous vivons dans une société rationnelle et scientifique. Tout doit trouver sa description et son explication. Et c'est bien. Mais la résurrection échappe à cela. Déjà, les évangiles se dérobent ou, à choix, préservent le mystère.

    Les textes, dans les quatre évangiles, passent du dépôt du corps de Jésus au tombeau le vendredi soir, à la découverte du tombeau vide le dimanche matin par les femmes. Entre deux : rien. Pas une ligne, pas un mot. Un blanc, un vide, un silence.

    Le mystère de Pâques ne se trouve donc pas là. Ne répétons pas le geste de la femme de Lot de regarder en arrière (Gn 19:26). Il n'y a rien en arrière, tout est en avant, devant soi et là il y a beaucoup de choses. C'est bien ce que disent les anges : "Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?" (Lc 24:5).

    Tout est en avant, devant soi. Et les femmes le comprennent : elles quittent le tombeau pour aller porter la nouvelle aux disciples. Les femmes sont les premiers témoins de la bonne nouvelle. Aujourd'hui, cela sonne comme normal. Mais c'est inouï, incroyable, c'est comme si on nous annonçait qu'il y avait sept femmes au Conseil fédéral !

    Le premier miracle de Pâques, c'est que Dieu choisit ce qui ne comptait pour rien dans la société (excusez-moi Mesdames) pour annoncer la nouvelle la plus important de toute l'histoire de l'univers ! D'ailleurs les disciples ne croient pas les femmes. Dieu fait confiance à ces femmes, mais pas les disciples. C'est toute l'histoire de Dieu avec le genre humain. Le manque de foi dans l'action de Dieu pour nous ! Nous sommes incrédules, nous ne croyons pas à la force transformatrice de Dieu, à sa puissance de renouveau, de résurrection !

    Cela arrive à nouveau dans les Actes, dans le récit que nous venons d'entendre. L'Eglise était alors composée des disciples et des juifs qui reconnaissaient Jésus comme le Messie. Pierre s'occupe de cette communauté. Ils ont l'air bien ensemble — entre eux. Ça marche… Mais Dieu a plus d'ambition, le message de Jésus n'est pas réservé à une terre, à un peuple. D'autres barrières doivent tomber et Dieu manifeste son Saint Esprit à Pierre pour qu'il s'ouvre aux autres peuples de la terre, les grecs, les romains, tous les non-juifs.

    La puissance de la résurrection, c'est que le message de Dieu n'est pas là pour garantir notre façon de penser, mais pour élargir nos pensées à la dimension de celles de Dieu. Et Dieu pense large, Dieu voit grand.

    Sous la poussée de l'Esprit Saint, sous la pression de Dieu, Pierre découvre que Dieu ne fait pas de différence entre les humains. Dieu n'est pas partial. Dieu n'est pas communautariste. Dieu est universel et entretient le même rapport d'amour avec tous les humains, sur toute la terre.

    La puissance de la résurrection ne se voit pas en se retournant pour savoir ce qui s'est passé entre samedi et dimanche, mais en regardant ce qui a été transformé dans les jours qui suivent :

    - des femmes sont chargées — en premier — de témoigner de la puissance de Dieu,

    - des disciples sont amenés à laisser tomber leurs œillères et à élargir leur vision de l'amour de Dieu,

    - des hommes et des femmes se mettent au service de Dieu pour annoncer et vivre cette égalité de tous en partageant des repas et des célébrations ensemble.

    Nous ne savons pas ce qui s'est passé dans la nuit de Pâques, mais nous voyons que cela a changé la face du monde. Nous voyons aussi que tout n'est pas accompli, il y a encore trop de barrières qui ne sont pas tombées. Il y a encore besoin de témoins de la puissance de Dieu dans le monde. Comme ces femmes, comme Pierre, comme tous ces croyants qui nous ont précédés, nous avons un trésor, des valeurs à partager.

    Nous avons surtout l'assurance que la puissance de Dieu nous précède sur ce chemin. Il a ouvert le tombeau, il ouvre le chemin, il ouvre les cœurs. Acceptons que Dieu fait tomber toutes les barrières au matin de Pâques et qu'un chemin de fraternité avec tous s'ouvre devant nous.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Jean 1. "Voici l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde."

    7.3.2010

    "Voici l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde."

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    Esaïe 53 : 1-8, Apoc 7 : 9-12, Jn 1 : 23-29

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,

    Le temps du Carême, temps de la Passion, est propice pour se redemander comment comprendre la mort annoncée de Jésus. Comment comprendre le parcours de Jésus, y compris sa mort ? Les évangiles et les lettres du Nouveau Testament nous proposent plusieurs interprétations, nous exposent plusieurs significations.

    L'évangéliste Jean nous propose de voir Jésus comme l'agneau de Dieu. Ce sont les mots qu'il met dans la bouche de Jean Baptiste : "Voici l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde" (Jn 1:29). Dans le récit de la Passion, l'évangéliste Jean associe la mort de Jésus au sacrifice de l'agneau de l'Exode. Enfin, l'Agneau est très présent dans l'Apocalypse, il règne en souverain auprès de Dieu.

    Dire de Jésus qu'il est l'agneau de Dieu permet de donner sens à la mort tragique de Jésus et permet de montrer comment la mort de Jésus ouvre au salut, offre une bénédiction à tous les humains.

    A. Dire que Jésus est l'agneau de Dieu, c'est associer Jésus à la Pâque juive, c'est faire un transfert de signification de l'un à l'autre. L'agneau pascal de la fête juive, c'est le rappel de l'Exode : un peuple en servitude va être libéré. Des êtres menacés de mort vont être sauvés. Le sang de l'agneau doit être badigeonné sur les montants et le linteau de la porte de la maison pour que la Mort passe son chemin.

    L'agneau doit être mangé — en famille — pour prendre des forces avant un voyage long et difficile qui doit mener en terre promise. Le sang et la chair de l'agneau donnent la vie, comme le corps et le sang du Christ consommés dans la Cène.

    Dans la fête de la Pâque, Dieu est encore en vis-à-vis des humains — en face, de l'autre côté de la barrière, à l'extérieur — mais il offre, à travers l'agneau, un moyen de protection, un élément protecteur.

    B. Lorsque Jean Baptiste dit de l'agneau de Dieu qu'il ôte le péché du monde, il fait référence aux poèmes du Serviteur souffrant qu'on trouve chez le prophète Esaïe : "Le serviteur a grandi comme une simple pousse, il était celui qu'on dédaigne, la victime, le souffre-douleur. Or il supportait le malheur qui aurait dû nous atteindre. Il a subi notre punition et nous sommes acquittés. Il s'est laissé maltraiter comme un agneau qu'on mène à l'abattoir." (Es 53:1-8 extraits).

    Le serviteur, l'agneau, est celui qui accepte de souffrir avec, qui souffre du malheur des autres, qui compatit. Même plus, il porte la douleur des autres, il accepte de se substituer aux autres. Il renonce à la force, à son droit, à la puissance. Il est celui qui chemine avec ceux qui souffrent, qui les accompagne sur leur chemin de douleur. Parfois il est celui qui se sacrifie pour leur éviter du mal. Combien de fois, comme parents, nous voudrions assumer ce rôle pour nos enfants, leur éviter les tourments et les malheurs. Nous pouvons les accompagner, être avec eux, plus rarement nous substituer.

    Jésus — comme l'agneau de Dieu — n'est plus dans le vis-à-vis, il est dans le compagnonnage, dans l'être-avec; Emmanuel, Dieu avec nous. Il chemine à nos côtés, nous accompagne et nous porte, sans que cela ne nous évite les écueils de la route. Mais nous ne sommes plus seuls sur notre chemin.

    Sur notre chemin terrestre, Jésus est à nos côtés; vers notre chemin céleste, Jésus se substitue à nous, il a endossé le poids de nos fautes et obtient pour nous l'acquittement pour tout ce qui nous accable et nous culpabilise.

    Pour nous suivre sur notre route terrestre, Jésus a renoncé à toute puissance divine, il a accepté notre impuissance humaine à changer les choses, à éviter le malheur et la mort. C'est en cela qu'il est un agneau et non un lion.

    C. Alors, il est bizarre de lire que l'Agneau de l'Apocalypse règne à la droite de Dieu et l'emporte sur tous les adversaires des humains ! Oui, dans l'Apocalypse, l'Agneau est un souverain, un juge qui réhabilite les victimes dans leur position, un maître qui efface les larmes et établit une terre nouvelle.

    Je crois qu'il y a, là, la révélation (c'est le sens du terme "Apocalypse" — en anglais ce livre s'appelle Revelation) d'un processus que nous pouvons aussi expérimenter. Jésus, comme agneau de Dieu, accepte l'impuissance de la condition humaine : nous pouvons certes faire beaucoup de choses, mais nous sommes impuissants à faire quoi que ce soit contre le malheur, le deuil, la mort. Nous sommes impuissants, nous n'avons pas de baguette magique.

    Mais si nous reconnaissons cette impuissance, si nous reconnaissons que nous ne pouvons rien faire, nous pouvons entrer dans une autre dimension, — quitter le pouvoir du faire quelque chose — pour entrer dans la dimension de l'être, de l'être avec les autres. Nous pouvons quitter l'illusion de la puissance pour accepter que nous ne pouvons qu'être-là, auprès de, à côté de, dans l'empathie, dans la compassion, dans l'accompagnement. Deux êtres qui partagent une même présence, une même souffrance.

    Je vous donne un exemple très concret. Il y a quelques années, la Gendarmerie vaudoise a réalisé que lorsqu'elle doit gérer un décès tragique, elle sait faire un tas de chose : sécuriser la place, appeler les secours, annoncer le décès. Mais une fois qu'il n'y a plus rien à faire et que le gendarme se retrouve face à quelqu'un qui pleure, il se sent impuissant. Alors la Gendarmerie a demandé de pouvoir passer le relais à un service des Eglises : l'assistance spirituelle d'urgence.

    Quand il n'y a plus rien à faire, il y a encore quelque chose qu'on peut faire : simplement être-là et accompagner la douleur, la souffrance du cœur. Simplement être en communion, en communion d'humanité.

    L'agneau de Dieu accepte cette impuissance pour réinvestir la puissance de l'être, l'être-là, l'être avec, l'être en communion. Reconnaître son impuissance à faire quelque chose, c'est se donner la possibilité de retrouver cette autre puissance, cette autre richesse que Dieu a placé au plus profond de chacun d'entre nous : être humain.

    L'agneau de Dieu nous précède, nous accompagne sur ce chemin-là.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Jean 10. Cette parabole parle de notre combat pour garder la maîtrise de notre liberté.

    Jean 10

    28.2.2010

    Cette parabole parle de notre combat pour garder la maîtrise de notre liberté.

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    Jérémie 31 : 31-34 Jean 10 : 1-6

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chère famille,

    Nous avons entendu une parabole de Jésus qui parle de moutons et d'enclos. C'est plutôt loin de notre vie de citadin d'aujourd'hui ! Y a-t-il quand même quelque chose à comprendre là-dedans, surtout quand le narrateur ajoute — après le récit de Jésus — que les auditeurs de Jésus, à l'époque, n'ont rien compris non plus. Cette phrase est là pour nous alerter, nous inviter à chercher un sens caché.

    La parabole est l'image de quelque chose d'autre qu'une histoire de moutons. Et c'est vrai que Jésus ne nous donne pas un cours d'élevage, mais veut nous parler de Dieu, de nous-mêmes et de la relation entre Dieu et nous. Il faut donc transposer les images dans notre monde intérieur, dans notre réalité psychique.

    Commençons à penser : "Je suis l'enclos, je suis le gardien, je suis le troupeau…" Si je suis l'enclos, qu'est-ce que je comprends ? L'enclos est une frontière entre l'intérieur et l'extérieur, avec un contenu. Nous connaissons notre frontière physique : c'est notre peau. Une frontière psychique, psychologique est plus difficile à définir. Qu'est-ce qui contrôle ce qui entre et ce qui sort de notre tête, de notre cerveau, de notre âme ?

    C'est là qu'intervient le gardien. C'est lui qui ouvre la porte ou qui la ferme, qui laisse entrer ou sortir. Le gardien est notre libre-arbitre. Je choisis ce que je veux lire ou pas. Je choisis ce que je veux écouter ou pas. Je choisis ce que je veux regarder ou pas. Oui… en principe, je choisis ce que je veux, mais dans la réalité, c'est plus complexe.

    On s'aperçoit vite qu'il y a des choses qu'on aurait mieux fait de ne pas lire, de ne pas écouter de ne pas regarder. Il y a des choses qu'on nous refile, qu'on nous impose, qui nous agressent et qu'on n'a pas pu éviter. Il y a des choses qu'il n'a pas été possible de ne pas voir, de ne pas entendre, de ne pas subir.

    Souvent, trop souvent, le gardien est contourné, court-circuité, voire maîtrisé et ligoté. Voilà ce dont parle cette parabole, de notre combat pour garder la maîtrise de notre liberté. Nous sommes assiégés par des voleurs, par des brigands. Ce sont plus souvent des messages que des personnes.

    Ce sont des messages qui nous perturbent, qui nous agressent ou nous paralysent. "Tu devrais… Tu ne devrais pas… Il faut… Fais cela… Ne fais pas cela… Yaka… Taka… etc." Des voix intérieures qui répètent des messages enregistrés dès l'enfance qui coupent nos élans : "Tu n'y arriveras pas… Tu n'es bon/bonne à rien… Ça ne peut pas marcher… Tu finiras comme Untel… Débrouille-toi tout seul… On finit toujours par payer les moments de bonheur…"

    Ça fait déjà pas mal de messages; mais il y a encore une sorte de message plus retord — et je crois que Jésus dit cette parabole pour abattre, neutraliser le message suivant : "Dieu voit tout ce que tu fais, jusqu'au plus profond de toi, et il te punira…"

    Là, Jésus dit NON ! Le berger entre par la porte après que le gardien la lui a ouverte (Jn 10:2-3). Dieu n'entre pas par effraction. Dieu ne place pas une caméra de surveillance dans votre intimité. Dieu n'entre que là où on choisit de le laisser entrer. Dieu n'est pas dans la surveillance, dans l'espionnage, dans l'accusation. Il est le berger qui prend soin du troupeau et qui veut que les humains aient la vie et la vie en abondance (Jn 10:10).

    Le berger s'occupe du troupeau, au contraire des voleurs qui veulent s'en emparer et le disperser. Alors, qu'est-ce que ce troupeau de moutons et de chèvres dans notre monde intérieur ?

    Un troupeau, pour un propriétaire, c'est une richesse, c'est quelque chose de vivant, quelque chose qui nourrit, qui fait vivre. Le troupeau représente notre force de vie, notre élan, ce qui nous fait nous lever le matin et accomplir notre journée. Certains psychologues l'appellent notre "enfant intérieur" ou notre "enfant créateur", l'enfant en nous, un dynamisme, un ressort, l'énergie qui nous donne envie de dévorer la vie à pleines dents.

    La parabole nous dit que ce troupeau est dans l'enclos. Il nous est donné, il est là en nous, en chacun d'entre nous. Mais pour être créateur dans le monde, ce troupeau doit sortir dans le monde. On ne va pas tout garder à l'intérieur. Cette force créatrice, cet élan doit s'exprimer à l'extérieur.

    L'un des rôles du berger est de favoriser cette expression : "il mène le troupeau dehors" (Jn 10:3). Il y a de nouveau opposition entre le voleur et le berger. Le voleur vole notre énergie (repensez à ces phrases que j'ai citées et à celles que vous entendez dans vos têtes et qui vous paralysent en énumérant tous les obstacles). Le voleur nous épuise, nous disperse, nous pompe, nous met à plat.

    Le berger, lui, rassemble, réunit et conduit le troupeau, il le canalise pour qu'il puisse atteindre son but : avoir la vie en abondance, vivre le surplus de la vie. Tout cela en accord avec le gardien que nous sommes.

    Voilà la nouvelle alliance qu'annonçait le prophète Jérémie. Non pas une alliance comme un mariage arrangé, de convenance, mais une alliance comme un mariage d'amour où les partenaires se choisissent librement, pour partager leur amour et vivre avec tout le potentiel créateur qui les habitent. Voilà la vie possible avec Dieu pour berger.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010

  • Marc 6. S'alléger pour marcher à la suite du Christ.

    Marc 6

    21.2.2010

    S'alléger pour marcher à la suite du Christ.

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    Luc 18:18-29, Mc 6 : 6-13

     

    Dans le film "Up in the air" on a pu voir George Clooney faire une conférence à des chefs d'entreprise, une conférence sur l'encombrement dans nos vies. Voici une partie de sa conférence :

    « Maintenant, on arrive au cœur du sujet, alors restez avec moi : Comment est votre vie ? Imaginez un instant que vous trimbalez avec vous un sac à dos. J'aimerais que vous le remplissiez de tout ce que vous avez dans vos vies. Commençons par les petites choses, ce que vous avez sur vos étagères, dans vos tiroirs, dans vos vide-poches. Ça y est ? Maintenant continuons avec des choses plus volumineuses : votre garde-robe, les appareils ménagers, ordinateurs et télévision.

    Le sac à dos commence à bien peser, non ? Allons encore plus loin : votre canapé, votre voiture, votre appartement ou votre villa. Oui, j'aimerais que vous bourriez tout cela dans votre sac à dos. Alors, regardez-le, soupesez-le… [...]

    Comment arrivez-vous à avancer dans la vie avec ça ? Plus lentement nous avançons, plus vite nous mourons. Ne vous détrompez pas : vivre… c'est avancer ! »

    La conférence (en anglais)

    Ça m'a fait réfléchir. De quoi sommes-nous encombrés ? Qu'est-ce qui nous empêche d'avancer dans la vie ? Je crois que c'est une bonne réflexion pour commencer ce temps de Carême qui nous mènera à Pâques. De quoi nos vies sont-elles encombrées ?

    Il y a les choses, les objets, le matériel. Comment pouvons-nous avancer avec tout ce que nous avons ? Combien sommes-nous à craindre d'avoir à déménager tellement nous possédons de choses ?

    Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, il leur recommande de ne pas s'encombrer de choses inutiles — en fait même de choses qui nous sembleraient indispensables ! Nous qui avons de la peine à tout mettre dans une seule valise lorsque nous partons pour 3 à 4 jours. « Ne prenez rien avec vous pour le voyage, sauf un bâton ; ne prenez pas de pain, ni de sac, ni d'argent dans votre poche. 9Mettez des sandales, mais n'emportez pas deux chemises. » (Mc 6:8-9)

    Et si nous essayions de nous alléger un peu pendant ce temps du Carême ? Pas par pénitence, pas parce qu'il faut donner, pas parce que d'autres sont pauvres, simplement pour nous sentir plus légers, plus libres. Alléger le sac à dos, alléger notre hotte, la maison que nous portons sur le dos, simplement pour avancer, pour se sentir mieux.

    Oh là là, je sens que cela réveille des peurs au-dedans de nous, en tout cas chez moi c'est le cas. Il y a au dedans de nous une peur de manquer, de ne pas avoir assez, maintenant ou plus tard. Peur de manquer, peur de ne pas recevoir si l'on vient à manquer. Ne sommes-nous pas victimes d'un effet miroir ? Je donne si peu à ceux qui manquent que le miroir me dit que je recevrai peu si je viens à manquer, alors j'accumule pour ne pas manquer et continue à moins donner… C'est le cercle vicieux de notre société du chacun pour soi.

    Jésus invite ses disciples à partir légers et à faire confiance dans la générosité de ceux qui vont les accueillir. Faire confiance… on retombe toujours là-dessus. Faire confiance et partager. Faire confiance et accepter qu'on nous donne…

    Vous avez remarqué qu'il est bien plus difficile de recevoir que de donner ! Donner, ça nous met en position de force, de dominant. Recevoir, ça nous met en position de faiblesse d'humilité, parfois même d'humiliation : "j'ai dû demander et j'ai eu honte…"

    Jésus dit à ses disciples d'accepter l'hospitalité qui leur est offerte. Ce n'est pas une honte, cela ressemble plutôt à un cadeau que les disciples font à leurs hôtes. C'est paradoxal. C'est offrir l'occasion de donner, c'est enrichir celui qui vous reçoit. C'est ce qu'on peut comprendre de la phrase sur ceux qui refusent l'hospitalité : « Si les habitants d'une localité refusent de vous accueillir ou de vous écouter, partez de là et secouez la poussière de vos pieds : ce sera un avertissement pour eux. » (Mc 6:11)

    Ils ont manqué l'occasion de faire une bonne action, manqué l'occasion de s'enrichir en donnant.

    Dans la durée d'une existence, nous recevons pendant notre enfance et nous risquons de devenir dépendant pendant notre vieillesse. Ne ressentons pas cela comme honteux. C'est l'occasion pour les autres de donner, d'aider, de faire du bien et ainsi de découvrir — en eux et pour eux-mêmes — la joie du don.

    Comment est notre vie ? Comment, de quoi est rempli notre sac à dos ? Qu'avons-nous à lâcher, à déposer au bord du chemin pour nous sentir plus légers, pour avancer plus facilement ? Qu'avons-nous dans notre sac à dos qui nous entrave, qui nous retient d'aller vers les autres ? Qu'avons-nous dans nos vies qui nous empêche d'avancer ?

    Lorsque Jésus invite ses disciples à partir léger, ce n'est pas une épreuve, ce n'est pas une punition. Lorsque Jésus invite l'homme riche à tout vendre, ce n'est pas pour le brimer, pour le priver, pour l'asservir. Au contraire — de la part de Jésus — c'est une invitation à la vie, à la liberté, au mouvement.

    Le temps du Carême n'est pas un chemin de tristesse, de renoncement, de flagellation, c'est un temps de renouvellement, de rénovation où l'on peut chercher à se débarrasser de ce qui nous ternit, de ce qui nous encombre, de ce qui nous retient sur le chemin de la vie, de la lumière et de la joie, chemin que Jésus ouvre devant nous.

    Allant de l'avant, sans argent ni bagages, les disciples ont rencontré des gens et ont pu leur apporter réconfort, libération et guérison. Regardons bien notre sac à dos et voyons comment l'alléger pour marcher dans les pas du Christ jusqu'à Pâques.

    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2010