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Christianisme - Page 28

  • Jérémie 7. Nos actes ont des conséquences.

    Jérémie 7
    19.2.2012
    Nos actes ont des conséquences.
    Jérémie 7 : 1-15     Matthieu 5 : 21-24

    téléchargez la prédication ici : P-2012-02-19.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    J'ai repris ce matin, pour notre réflexion, le texte du prophète Jérémie qui a été le texte de notre première Exploration biblique (groupe de lecture biblique en paroisse). Cette Exploration biblique part à la découverte de la période de l'Exil à Babylone, une période clé, tant pour le peuple juif, que pour l'écriture de l'Ancien Testament.
    L'épisode de Jérémie 7 que nous avons entendu — cette prédication du prophète Jérémie à la porte du Temple de Salomon — se situe vers 600 av. J.-C., sous le règne du roi Josias. La situation politique est tendue. Le Royaume de Juda — avec Jérusalem comme capitale — se trouve dans le corridor qu'empruntent aussi bien le voisin du sud, l'Egypte, que le voisin du nord, l'Assyrie, pour se faire la guerre. En 722 (donc bien avant la prédication de Jérémie) l'Assyrie a envahi le Royaume d'Israël, la Samarie; et Silo, le Temple du Nord, a été détruit, ce que rapporte la fin de notre texte. Le Royaume d'Israël du Nord a donc perdu son indépendance.
    Là au milieu, le Royaume de Juda hésite entre se faire tout petit ou bien s'allier à l'Egypte. Là au milieu, Jérémie prêche la Parole de Dieu : "Améliorez votre façon de vivre et d'agir, alors je vous laisserai habiter dans ce pays." (Jr 7:3) et il ajoute : "Allez voir ce qui est arrivé à Silo ! Si vous ne changez pas de comportement, il arrivera la même chose à ce lieu." (Jr 7:12).
    Quelques années plus tard, en 598, Jérusalem est assiégée par les Babyloniens (qui ont remplacé les Assyriens). Et en 587, Jérusalem est prise, la ville ravagée et le Temple détruit. Les élites, l'administration royale et le personnel du Temple sont déplacés, déportés à Babylone, envoyés en Exil.
    Ce qui nous choque aujourd'hui dans ce texte, c'est que ces événements, l'invasion, la guerre, la prise d'une ville ou d'un pays sont déclarés être des actes voulus par Dieu, même être une punition divine. Il faut se rendre compte que dans le schéma de pensée de l'époque, il n'y a pas d'autres explications des causalités que la volonté de Dieu.
    Tout ce qui arrive vient de Dieu. C'est lui qui dirige les peuples, les actes des rois et des armées. Plus tard, Esaïe dira que c'est Dieu qui a envoyé Cyrus (le roi des Perses) pour libérer les juifs de Babylone et les faire rentrer en Israël. C'est un schéma de pensée.
    Mais il faut reconnaître que dans ce schéma se dessine aussi une ouverture. Le destin n'est pas écrit définitivement. Le prophète en appelle à un changement de comportement : Dieu n'est pas fermé à d'autres issues. L'être humain n'est pas impuissant. Au contraire, le prophète ne cesse de rappeler notre responsabilité dans le devenir du pays : "Si vous améliorez votre façon de vivre et d'agir, alors je vous laisserai habiter dans ce pays." (Jr 7:3)
    C'est une façon de dire : Attention, vos actes ont des conséquences. Vous n'êtes pas impuissants, vous pouvez changer les conséquences en changeant de comportement.
    Aujourd'hui, nous connaissons un peu mieux les causalités, quels effets produisent quelles conséquences. Nous savons même qu'il est tout à fait inutile que Dieu intervienne pour nous "punir", nous arrivons tout seuls à la destruction de notre environnement. Nous savons bien tout ce qui nuit à la nature ou à la cohésion sociale, mais nous renonçons si souvent à changer nos comportements ou nos modes de consommation.
    Les habitants de Jérusalem avaient un mantra pour se rassurer et ne pas changer : ils disaient ou chantaient, selon Jérémie : "Palais du Seigneur, Palais du Seigneur, Palais du Seigneur !" (Jér 7:4)
    Quels sont nos mantras aujourd'hui pour nous donner l'illusion que tout va bien, que nous n'avons pas besoin de changer radicalement de comportement ? Quels sont nos mantras ?
    Un des mantras que j'entends souvent, mais qui n'est pas le vôtre puisque vous êtes venus dans cette église ce matin, c'est : "Vous savez, Monsieur le Pasteur, je ne viens pas à l'Eglise, mais je suis croyant(e)." Etre croyant non-pratiquant, voilà un mantra. Ceux-là se donnent bonne conscience, à bon marché, vis-à-vis de Dieu.
    Quels sont nos mantras à nous ? Je pense à celui-là : "Je ne peux rien faire, je ne suis qu'une goutte d'eau dans l'océan." Evidemment, si tout le monde pense comme cela, le changement n'est pas pour demain et inévitablement, sur cette pente douce, nous arriverons à la catastrophe annoncée, pas besoin de Dieu pour nous donner un coup de pouce. Nous y arriverons tout seuls.
    Un autre mantra, plus insidieux, c'est : "Mieux vaut ne pas savoir !" Mieux vaut ne pas savoir comment sont fabriqués nos ordinateurs et nos téléphones, nos chaussures, nos T-shirts et nos Jeans en coton, les jouets que nous offrons à nos petits-enfants et d'où viennent nos asperges d'hiver.
    Arrivé-là, j'aimerais dire un mot à Jérémie :
    « Jérémie, dans notre monde globalisé, où la moitié de nos produits sont fabriqués en Chine ou en Indonésie, dans des conditions de travail que nous ne tolérons pas chez nous, comment puis-je faire pour ne pas nuire à mon prochain, là-bas ? L'exigence est devenue illimitée et il me semble que mon effort de bien faire ne sera jamais suffisant ! Jérémie : Comment serais-je acceptable aux yeux de Dieu ? Comment sortir de là ? Ne pas être paralysé ? Je veux, mais la tâche me semble impossible ! »
    Voilà ce que j'aimerais dire à Jérémie. Je nous sens coincés entre la bonne volonté et l'impuissance. Nous ne pouvons pas nous en sortir tout seuls. N'avons-nous pas besoin d'être sauvés de cette culpabilité qui nous conduit à la paralysie ?
    Mais le Christ n'est-il pas venu pour nous sortir de cette paralysie, par le pardon des péchés, lorsqu'il dit au paralytique : "Lève-toi et marche, tes péchés sont pardonnés !" (Mt 9:6). Seule la grâce de Dieu peut nous donner le courage d'avancer, d'améliorer notre conduite, de nous relever sans cesse, malgré nos chutes et nos manquements.
    Sans cette grâce, nous sommes impuissants et condamnés au désespoir et au sentiment de l'inutilité de nos efforts. Souvenons-nous — avec Jérémie, avec Jonas aussi — qu'avec Dieu, le pardon répond toujours à la repentance sincère.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • 1 Pierre 3. Le monde s'est éloigné des valeurs chrétiennes.

    5.2.2012
    Le monde s'est éloigné des valeurs chrétiennes.
    1 Pierre 3 : 8-9+13-17    Matthieu 5 : 38-48

    téléchargez ici le texte : P-2012-02-05.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Lorsque l'apôtre Pierre écrit aux Eglises qui sont en Asie Mineure, celles-ci traversent des temps difficiles. Le christianisme est une nouvelle religion, qui vient d'ailleurs, dont les principes sont encore mal connus. Devant tant d'étrangeté, les gens sont méfiants. Les chrétiens sont donc en butte à des tracasseries, des calomnies, des moqueries.
    Pierre leur écrit donc pour les encourager, les fortifier dans leur vie chrétienne. Notre situation n'est pas identique et pourtant nous pouvons aussi profiter des encouragements de l'apôtre Pierre, profiter de ses conseils et de son soutien.
    En fait, le mal n'a pas vraiment diminué entre son époque et la nôtre, le mal a seulement changé de vêtement. Nous ne sommes pas persécutés, nous sommes plutôt victimes de l'indifférence des gens vis-à-vis de l'Evangile. De temps en temps, un philosophe ou un écrivain attaque de front le christianisme et en dit du mal, et la majorité approuve, ajoutant "les églises se vident, elles ne servent plus à rien, les vertus chrétiennes n'ont plus de valeur. Les vertus chrétiennes ont perdu leur valeur dans le monde actuel."
    Ce qui est vrai là-dedans, c'est que le monde s'est éloigné des valeurs chrétiennes. Les valeurs mises en avant aujourd'hui sont : le confort matériel, le succès, la célébrité, le paraître, l'autarcie (dans le sens de se suffire à soi-même), l'immédiateté, le défoulement, et vous en trouverez encore d'autres.
    Que valent encore les quatre vertus que cite l'apôtre Pierre lorsqu'il dit : "Soyez dans les mêmes dispositions : compatissants, fraternels, miséricordieux et humbles" ? (1 P 3:8).
    Voici les quatre vertus auxquels sont appelés les chrétiens dans la situation difficile qu'ils traversent. Prenons-les une à une.
    a) En premier vient la compassion. C'est l'équivalent de la sympathie en grec. C'est la capacité à "souffrir avec" quelqu'un. A se mettre sur la même longueur d'onde que lui, à se projeter dans ce qu'il vit, dans ce qu'il ressent. C'est la possibilité de se sortir de soi-même, de ses pensées, de ses préoccupations pour faire de la place à celles de l'autre et voir ce qu'il vit, ressent, pense. Cela implique d'entrer en communion et d'accueillir l'autre tel qu'il est — et pas tel qu'on voudrait qu'il soit.
    Pierre demande au chrétien de développer ce type d'écoute et de relation à l'autre : se décentrer pour faire une place à l'autre.
    b) Il enchaîne avec la fraternité, les liens fraternels. Si vous avez des frères et sœurs, vous savez que les liens fraternels ne sont pas toujours au beau fixe, sans vague et sans heurt. L'accent, ici, n'est pas sur une harmonie réalisée, toute rose.
    Du fait de tensions possibles, l'accent est peut-être davantage sur le mot "lien." Quelles que soient les disputes entre frères et sœurs, le lien reste… C'est dire que si l'on se dit frères et sœurs dans l'Eglise, c'est que nous avons des liens indestructibles plus forts que les brouilles. Et que l'on doit toujours espérer une réconciliation, des retrouvailles, une communion rétablie.
    c) La troisième vertu dont parle l'apôtre est la miséricorde. L'étymologie latine de ce mot est un cœur qui sait prendre pitié. Le mot grec que Pierre utilise signifie "être ému jusqu'aux entrailles, jusqu'à la matrice." La miséricorde est différente de la compassion. La compassion, c'est la capacité de se décentrer et de faire une place à l'autre.
    La miséricorde va plus loin, c'est la capacité à se laisser émouvoir par l'autre, se laisser toucher au plus profond de soi-même. Se laisser transformer par la situation de l'autre, au point qu'on ne peut plus rester sans rien faire pour lui. La miséricorde devient moteur de la charité.
    d) Enfin, l'apôtre nous appelle à l'humilité, à la modestie. Ne nous montons pas la tête, ne nous croyons pas supérieurs.
    Ce sont quatre attitudes que nous recommande l'apôtre, à l'intérieur de l'Eglise comme à l'extérieur. Ce sont nos "armes" contre le monde extérieur.
    Comme vous pouvez le remarquer, ce sont des armes qui ne blessent pas, qui  ne peuvent pas faire du tort à autrui. C'est bien l'enjeu pour l'apôtre, face au mal du monde. Nous devons redoubler de bien, de bénédiction, de bienfaisance.
    Le monde peut nous blesser, nous n'avons que la bonté à lui opposer, c'est notre seul réponse disponible. L'apôtre souligne que c'est même notre meilleur témoignage face au monde. Faire du bien, compatir, être fraternels, miséricordieux et humbles, c'est notre spécificité comme chrétiens.
    Autour de nous ici, ou bien au loin avec des frères et des sœurs d'Eglises d'autres continents, notre tâche de chrétiens c'est de compatir (faire en nous de la place pour accueillir leur situation), être fraternels (créer des liens durables, malgré nos différences ou nos différends), être miséricordieux (nous laisser émouvoir par leur vie, leur situation, leurs joies et leurs détresses), et rester humbles pour que l'aide donnée de devienne pas un pouvoir sur l'autre.
    Ces valeurs chrétiennes ne sont plus celles du monde d'aujourd'hui. Raison de plus de les mettre en pratique, de ne pas les laisser perdre. Plus le monde va mal, plus les humains ont besoin de compassion, de fraternité, de miséricorde et d'humilité.
    Unissons-nous pour les mettre en pratique afin que nos vies soient des exemples de témoignage de ces valeurs que le Christ nous a enseignées.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Luc 5. "… alors ils firent signe à leurs compagnons de venir les aider."

    Luc 5
    29.1.2012
    "… alors ils firent signe à leurs compagnons de venir les aider."
    Jérémie 1 : 4-10    Luc 5 : 1-11

    Télécharger ici le texte de la prédication P-2012-01-29.pdf


    Ne croyez pas que cela n'arrive qu'à vous… Ne croyez pas que vous êtes les seuls à reculer, à avoir peur, à trouver toutes sortes d'excuses. Vous n'êtes pas les seuls à avoir des difficultés à parler de Dieu à d'autres personnes, à témoigner de votre expérience de Dieu.
    Vous n'êtes pas seuls, vous êtes même en bonne compagnie, vous êtes compagnons de Moïse, de Jérémie, de Jonas… et de tous les autres dont on n'a pas retenu les noms parce qu'ils n'ont — finalement — pas ouvert la bouche.
    J'aimerais, à travers les textes qui parlent d'appel et de vocation, partager une préoccupation, dont plusieurs livres récents témoignent et qui ne concernent pas que nos villages ou notre canton : Comment regarnir les bancs de nos églises ? La situation est préoccupante. Pour faire bref : il manque deux générations dans la vie de l'Eglise.
    Vous êtes-là, nous sommes-là, mais ni nos enfants, ni nos petits-enfants ne sont-là.
    Face à cette situation, nous avons deux possibilités : (i) soit nous restons ce petit nombre et considérons, qu'entre nous, nous sommes l'Eglise. Mais alors, il faut apprendre à nous gérer nous-mêmes, avec nos effectifs et nos forces vieillissantes : à vous de venir prendre les postes à responsabilité. Soit (ii) nous devons mobiliser une nouvelle génération pour leur confier les postes à responsabilité. Cette mobilisation, c'est la tâche de la communauté actuelle, ici présente, il n'y a pas d'ailleurs en dehors de nous, ici !
    C'est pourquoi j'ai choisi, pour ce matin, ces deux récits de vocation que vous avez entendus. La vocation de Jérémie et l'appel des premiers disciples par Jésus. Voyons ce que nous révèle la vocation de Jérémie.
    Le récit commence par une déclaration de Dieu : "Avant que tu ne sois dans le ventre de ta mère : je te connaissais, avant que tu ne naisses : je t'avais consacré…" (Jér 1:5). Oui, Dieu nous connaît avant que nous levions les yeux sur lui. Dieu nous rend saint, nous met à part, nous individualise, dans le sens de nous remarquer et de pouvoir mettre un nom sur nous, même au milieu d'une foule. Jérémie n'est pas n'importe qui pour Dieu. Nous ne sommes pas n'importe qui pour Dieu, il nous connaît par notre nom et attend quelque chose de chacun de nous.
    Bien sûr la première réaction de Jérémie — mais n'est-ce pas la nôtre aussi ? — c'est de vouloir échapper à cet appel, à cette vocation. Jérémie invoque l'excuse de son jeune âge. Quelle excuse invoquons-nous généralement ?
    Mais Dieu balaie les réticences de Jérémie. Dieu fait preuve d'autorité — rien à discuter, vas-y ! Ça nous choque, non ? Je crois que c'est un essai de rendre compte qu'il y a des choses, des décisions qui s'imposent à nous. Parfois, on ne peut pas faire autrement. Il y a des situations face auxquelles on ne peut pas se taire, quelles que soient les conséquences (pensez aux dissidents chinois). Il y a des situations où un geste d'impose, quelles que soient les conséquences. Là, je pense à ce jeune batteur du bateau Le Concordia, Guiseppe, qui a laissé sa place sur une chaloupe de sauvetage à un enfant. Il a disparu depuis.
    Aujourd'hui on dit : "sa conscience lui a dicté de laisser sa place…" Autrefois on disait : "Dieu…" parce que cette force ne pouvait pas venir de soi-même, on ressent l'irruption de quelque chose de tout autre, mais de tellement incontournable.
    Voilà l'appel, le mot d'ordre — effrayant, mais incontournable — face auquel Dieu rassure "Ne crains rien" (Jér 1:8) dit-il à Jérémie. Jésus le dira également à ses disciples "N'ayez pas peur" (Luc 5:10). Dieu rassure et assure, ceux qu'il appelle, de son soutien : "Je serai avec toi" dit-il à Jérémie, comme il l'avait dit à Moïse du milieu du buisson ardent (Ex 3:12). Et Dieu fait un geste – il pose la main sur la bouche de Jérémie et lui donne un ordre de mission.
    On retrouve plusieurs de ces éléments dans le récit où Jésus appelle ses premiers disciples. Cet appel se fait dans un contexte où Jésus enseigne les foules. Il y a tellement de monde qu'il doit monter dans une barque pour leur parler. Après avoir renvoyé la foule, Jésus fait aussi preuve d'autorité en demandant à Simon d'aller au large et de jeter le filet.
    Simon proteste, comme Jérémie : "Enfin, on a travaillé toute la nuit sans rien prendre !" (Luc 5:5). Il ne veut pas, mais il finit par céder — par confiance "puisque c'est toi qui me le demande." Simon ne comprend pas cet ordre, mais, puisqu'il a confiance en Jésus, il veut bien faire ce qu'il demande. Simon accepte de se lancer dans l'expérience que Jésus lui propose, même s'il a bien des objections.
    C'est le début de la foi : accepter de faire un pas en avant pour expérimenter ce qui arrive quand on fait ce que Jésus demande. C'est peut-être cette foi-là qui nous manque et nous empêche d'entraîner quelqu'un d'autre dans l'expérience de la vie chrétienne. Nous ne croyons plus que les gestes peuvent précéder, entraîner la compréhension et la découverte. On veut tout savoir et comprendre dans la tête, avant de se lancer à faire. Ici le Christ demande à Simon de faire les gestes d'abord, avec la promesse qu'il découvrira ensuite et comprendra finalement.
    Et voilà qu'effectivement — à la suite des gestes — il se passe quelque chose : il y a du poisson en quantité ! Et alors vient ce verset 7 qui aujourd'hui me semble être pour nous le centre du récit :
    "leurs filets commençaient à se rompre, alors ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les aider."
    C'est ici que commence la transmission de l'Evangile : "Venez nous aider à ramasser ce que nous avons découvert auprès de Jésus." Nous n'avons pas à enseigner. Nous n'avons pas à transformer les gens. Nous avons juste à partager ce que Jésus nous a fait expérimenter. A partager notre pêche.
    Chacun a fait une expérience différente de sa rencontre avec le Christ, chacun a donc quelque chose de différent à partager avec autrui. Je ne peux donc que devenir plus général, mais je pense fondamentalement que dans ce monde où chacun est en train de perdre ses racines : la Bible, Dieu offre une généalogie, des ancêtres inspirants. Dans ce monde où tout semble s'écrouler, où on nous annonce des années d'austérité et de sacrifices (pour les plus faibles) : la Bible, Jésus-Christ nous offre de construire le Royaume de Dieu.
    Nous avons de quoi redonner une espérance au monde, ou au moins à notre prochain, ici. Nous avons un filet rempli de poissons : il y en a assez pour le partager avec une multitude de gens.
    Que nous manque-t-il pour répondre à l'appel de Jésus-Christ.
    Que nous manque-t-il pour faire savoir autour de nous ce que nous avons reçu de Jésus-Christ ?
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2012

  • Matthieu 2. Trois cadeaux : symboles de la vie, de la rencontre et du don.

    Matthieu 2
    24.12.2011
    Trois cadeaux : symboles de la vie, de la rencontre et du don.
    Matthieu 2 : 1-12

    Pour télécharger la prédication : P-2011-12-24.pdf

    Les mages sont partis d'Orient pour porter à Jésus leurs cadeaux. Trois cadeaux pour signifier le mystère de Noël : l'or, l'encens et la myrrhe. Trois cadeaux pour dire ce que l'humanité peut apporter à Dieu, peut déposer devant lui.
    Trois cadeaux pour dire, en retour, ce que Jésus le Christ apporte à l'humanité. Trois cadeaux symboles de la vie, de la rencontre et du don. Trois cadeaux symboles de ce qui est échangé à Noël, symboles de ce que nous pouvons donner et de ce que Dieu nous donne en cette nuit de Noël.
    *   *   *
    Commençons par la myrrhe. La myrrhe est une résine amère. Elle vient d'une plante médicinale. Elle était utilisé comme médicament, comme aphrodisiaque et pour les embaumements. Cette plante aurait poussé au paradis, elle évoque donc l'état originel, la vie avant l'état mortel.
    La myrrhe a donc affaire avec les blessures de la vie et avec le retour à la vie, avec notre finitude et notre aspiration à l'éternité.
    En offrant la myrrhe à Jésus, les rois mages déposent devant lui toutes les blessures de nos vies, toutes nos pertes, nos deuils, nos manques. Nous pouvons déposer devant le Christ toutes nos douleurs, toutes nos souffrances, toutes nos blessures, nos remords et nos erreurs impardonnables; les manquements commis autant que les violences subies.
    En déposant tout cela devant Jésus, Dieu nous offre en retour le baume qui cicatrise et nous rend un cœur aimant, un cœur capable d'ouverture et de chaleur. Dieu nous offre la capacité d'aimer et de vivre.
    La myrrhe, l'amer médicament sur nos blessures, nous ouvre à une vie renouvelée, à nouveau possible, régénérée.
    *   *   *
    Le deuxième cadeau, c'est l'encens. L'encens est également une résine, qui, si on la brûle, dégage un parfum agréable. De l'encens était brûlé dans le Temple de Jérusalem. L'encens évoque donc le sacré, le culte rendu à Dieu, la prière qui monte vers Dieu.
    Le parfum évoque le mystère divin. Une odeur ne se voit pas, peut pas être saisie, arrêtée, effacée. Une odeur franchit les portes et les murs, elle est partout présente, ne peut pas être étouffée comme un bruit ou éteinte comme une lumière. Le parfum nous remplit par notre respiration, notre souffle. Un beau parfum fait plaisir, enchante, enivre…
    L'offrande d'encens, c'est l'offrande de bonne odeur, de nos gestes de bonté, de générosité. L'encens est le symbole de notre quête de Dieu et de tous les gestes, nos efforts et nos tentatives de faire le bien autour de nous. Ce sont nos gestes d'amour que nous voulons déposer au pied de la crèche.
    Le mystère de Noël, c'est que Dieu répond à notre quête et à nos offrandes par la don de sa présence. A Noël, il se donne lui-même à l'humanité. A Noël, la rencontre a lieu entre notre aspiration et sa venue.
    A nos gestes maladroits et imparfaits, Dieu répond par le don fragile d'un nouveau-né, il vient à notre rencontre dans une fragilité pareille à la nôtre, sans nous brusquer. A Noël, notre quête rencontre sa Présence.
    *   *   *
    Et les mages donnent de l'or au nouveau-né ! L'or est ce qui nous est le plus proche. Je suis sûr qu'à peu près tout le monde ici peut toucher de l'or, sur soi ou sur son voisin ou sa voisine. Qui n'a pas un collier, un bracelet ou une alliance en or ?
    L'or est ce qui est précieux, qui a de la valeur, qui est rare. Qu'est-ce qui est précieux, qui a de la valeur et qui est rare ? Nous-mêmes. Chaque individu est différent de tous les autres. Nous sommes des  personnes uniques. Il y a en chacun de nous quelque chose d'unique : une qualité, une compétence, un talent, une qualité d'être, une capacité à écouter, un talent de cuisinier ou de jardinier, un talent artistique.
    Il y a en chacun de nous quelque chose d'unique, d'irremplaçable, d'infiniment personnel. Voilà ce que nous pouvons offrir en cadeau à Jésus. Offrir notre personne. Notre personne vaut plus que de l'or.
    A Noël, Dieu vient nous dire : "Tu es précieux à mes yeux, tu comptes pour moi." (Es 43:4). Vous vous souvenez de la parabole du marchand qui trouve une perle magnifique et qui vend tout pour l'acheter ? (Mt 13:45-46) Cette parabole nous parle de Noël. Dieu est le marchand qui donne ce qu'il a de plus précieux, son fils unique, pour nous acquérir, nous ! Il donne son fils contre notre personne. Il fait don de son fils pour entrer en relation avec nous. Cela vaut plus que de l'or !
    Ces trois cadeaux, l'or, l'encens et la myrrhe nous disent que Noël est le moment de notre rencontre avec Dieu, le moment où il nous fait don de son Fils pour que nous ayons la vie, la vraie vie.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Esaïe 40. La bonne nouvelle de Jésus-Christ : une libération intérieure

    Esaïe 40
    4.12.2011

    La bonne nouvelle de Jésus-Christ : une libération intérieure

    Esaie 40 : 9-11    Marc 1 : 1-8

    Pour télécharger la prédication :P-2011-12-04.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Les deux textes bibliques que vous venez d'entendre se recoupent sur l'annonce de la Bonne Nouvelle. Autant Esaïe que Marc proclament que la bonne nouvelle se fait entendre, et c'est bien ce que nous voulons vivre dans ce temps de l'Avent.
    Esaïe nous dit : "Peuple de Jérusalem… tu es chargé d'une bonne nouvelle… : « Voici ton Dieu ! »" (Es 40:9) et Marc ouvre son Evangile en disant : "Ici commence la bonne nouvelle qui parle de Jésus-Christ" (Mc 1:1).
    Ce mot "bonne nouvelle" en grec se dit Evangelion, ce qui a donné notre mot Evangile. L'Evangile est une bonne nouvelle pour le monde, une bonne nouvelle déjà annoncée au peuple d'Israël dans l'Ancien Testament. Particulièrement par le prophète Esaïe.
    Les premiers chrétiens — et nous à leur suite — ont beaucoup puisé dans le livre d'Esaïe pour comprendre le ministère de Jésus. C'est spécialement dans la deuxième partie du livre d'Esaïe (les chapitres 40—55) que nous trouvons des textes qui ont été compris comme annonciateurs du Messie, du Christ. Cette partie du livre d'Esaïe a été écrite à la fin de l'Exil à Babylone (vers 540 av. J.-C.). Le roi de Perse Cyrus a défait les Babyloniens et va permettre aux juifs exilés de retourner à Jérusalem. Le prophète Esaïe annonce ces bonnes nouvelles de libération au peuple des exilés.
    Ces paroles de consolation après le malheur, ces paroles d'annonce du libérateur, de la libération, on été reportées, plus tard, sur le Messie qui devait encore venir, et finalement sur Jésus. C'est pourquoi nous les reprenons pendant le temps de l'Avent.
    Une autre série de paroles du Second Esaïe ont été comprises comme s'appliquant à Jésus, ce sont les poèmes du Serviteur souffrant. Ces poèmes ont permis de comprendre le mystère de la croix. Ainsi, les annonces de libération sont reprises traditionnellement pendant le temps de l'Avent et de Noël et les poèmes du Serviteur souffrant sont reprises pendant le temps de la Passion.
    Revenons à notre texte d'Esaïe. Il s'adresse aux exilés et leur annonce que Dieu vient vers eux depuis Jérusalem. Dieu vient les rechercher pour les ramener dans leur pays. C'est la bonne nouvelle de leur libération et de leur retour.
    Lorsque Marc — au début de son Evangile — reprend le même vocabulaire pour annoncer Jésus-Christ, il annonce aussi une libération, mais il y a un glissement de sens. Certaines personnes, même certains disciples ont cru — au début — que Jésus allait libérer le peuple d'Israël de l'occupation romaine. Mais Jésus a beaucoup travaillé pour dissiper ce malentendu.
    Si la libération d'Esaïe était politique et extérieure, la libération apportée par Jésus n'est pas de même nature. La libération par Cyrus qu'annonçait Esaïe n'a d'ailleurs été que temporaire, elle n'a concerné qu'une seule génération. Elle ne touche pas le fond, elle ne touche pas l'aspiration profonde de l'humanité.
    Ainsi, l'Evangile nous apporte une autre forme de libération, c'est la libération d'une occupation sans soldats, c'est la libération d'une occupation intérieure, c'est la libération d'un exil intérieur, c'est la libération d'une aliénation intérieure. Chaque fois que nous avons l'impression de ne pas être nous-mêmes, de ne pas faire ce que nous aspirons à faire au fond de nous-mêmes, nous avons alors besoin de cette libération.
    Et le temps de l'Avent est ce temps où nous essayons de nous recentrer sur cette attente, sur cette aspiration profonde d'une libération intérieure, toujours à recommencer. L'aspiration à une rencontre qui fasse la lumière en nous.
    Ainsi il y a un glissement d'Esaïe à Jean Baptiste et de Jean Baptiste à Jésus-Christ et un passage de l'extérieur à l'intérieur, un passage du baptême d'eau au baptême de l'Esprit.
    Ce passage se fait par un retournement radical. Esaïe annonçait que Dieu venait avec sa force, avec son bras de domination. L'évangile de Noël nous présente un nourrisson dans une crèche ! Le retournement, c'est la substitution de la puissance de l'épée par l'impuissance de l'amour. Ce que nos contemporains — et souvent nous-mêmes — n'arrivent toujours pas à comprendre ! Pourquoi Dieu n'arrête-t-il pas les guerres ? Pourquoi Dieu n'empêche-t-il pas la mort des innocents ? Pourquoi Dieu n'intervient-il pas ? Oui, ce retournement nous reste toujours incompréhensible, parfois inacceptable.
    Pourtant, il y a aussi de la continuité entre Esaïe et l'Evangile. Esaïe annonce la venue de Dieu sous la forme d'un berger, image que Jésus reprendra dans ses discours. Et cela donne sens au choix des premiers adorateurs de Jésus dans la crèche : les bergers invités par les anges à découvrir le nouveau-né emmailloté et couché dans une crèche.
    Le berger est en même temps celui qui conduit, celui qui dirige le troupeau, donc une figure forte, et en même temps— comme souligné par Esaïe — celui qui soigne son troupeau, celui qui se préoccupe des bêtes les plus faibles, les agneaux et les brebis qui allaitent.
    Force et délicatesse, ensemble, telle est l'image de ce Dieu qui vient à nous pour nous libérer, pour nous dire son amour.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Quelques symboles des crèches de Noël

    27.11.2011

    Quelques symboles des crèches de Noël

    Esaïe 1 : 1-3    Luc 2 : 15-20     Matthieu 2 : 9-12

    téléchargez la prédication : P-2011-11-27.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Comme vous pouvez le voir tout autour de vous, l'église de Bussigny est remplie de crèches de Noël, des crèches venant de partout dans le monde. Ces crèches, chacune à leur façon, racontent le mystère de Noël : Dieu venu à notre rencontre, dans notre monde, dans notre réalité humaine.
    Ainsi, les crèches racontent une nouvelle fois le récit de Noël, mais aussi une "réalité augmentée." Les récits des Evangiles de Luc et Matthieu forment la trame de base, à laquelle s'ajoutent des éléments traditionnels issus de traditions orales, de contes légendaires venus apporter du merveilleux supplémentaire. Ces apports — comme nos contes de Noël — sont des tentatives de dévoiler, d'éclaircir, d'expliquer le mystère de Noël, d'en désigner la profondeur et la richesse. Les crèches rassemblent les éléments des deux récits des Evangiles de Luc et Matthieu et y ajoutent de nouveaux symboles. Essayons de voir à qui appartient chaque élément.
    Luc. L'Evangile de Luc nous rapporte la naissance dans une étable, Jésus déposé dans une mangeoire et les bergers venus l'adorer après l'annonce des anges. Ces éléments nous montrent Jésus né dans la pauvreté, l'exclusion, la vulnérabilité et sa révélation à d'autres exclus ou marginaux.
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    Le bœuf est l'animal qui marche droit pour tirer la charrue, donc l'image de l'homme dans sa droiture, mais il est aussi le symbole de l'idolâtrie avec le veau d'or.
    L'âne est aussi ambivalent. Il représente l'aspect rebelle de l'être humain, le côté indomptable. Mais il est aussi — notamment dans le récit des ânesses de Balaam (Nb 22—24) — celui qui voit Dieu là où le prophète ne le discerne pas.
    On peut donc interpréter l'âne et le bœuf dans un premier sens comme les représentants de la création témoins de la nature divine de Jésus ou dans un deuxième sens comme la révélation de l'autorité du Christ soumettant et transformant la nature idolâtre et rebelle de l'humanité et l'invitant au salut.
    Venons-en à la symbolique des couleurs. Jésus est représenté en langes blancs dans la crèche. Le blanc indique la pureté, le fait que Jésus est né sans péché et qu'il restera sans péché durant sa vie. Les habits de Marie sont traditionnellement un manteau bleu recouvrant une tunique rouge. Ces deux couleurs sont aussi porteuses de significations.
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    Toujours sur les icônes, lorsque Jésus n'est pas habillé de blanc, il est habillé de bleu, la couleur divine, et porte un manteau rouge, signe qu'il a endossé notre humanité par dessus sa divinité.
    Matthieu. Venons-en au récit de l'Evangile de Matthieu. Le récit nous présente des sages venus d'Orient, suivant l'étoile et apportant trois cadeaux. C'est le donné biblique.

    La tradition autour des "rois mages" est vaste. A partir des cadeaux, on a construit l'identité de ces sages. Des trois cadeaux, on a fait trois mages. De la richesse des cadeaux, on en a fait des rois. D'où les trois rois mages auxquels on a donné les noms de Melchior, Balthasar et Gaspard.  Ces trois rois qui se prosternent devant Jésus désignent la grandeur de l'enfant, sa suprématie sur tous les grands de ce monde. Il est celui devant qui "tout genou fléchit" (Phil 2:10).
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    L'idée, ici, est l'universalité. La destinée de Jésus est d'être reconnu comme Christ par toute l'humanité, des plus jeunes aux plus âgés, et par tous les peuples de la terre. Le message de l'Evangile s'adresse à toute la terre et, à la fin des temps, toute l'humanité sera rassemblée devant Dieu. Les crèches du monde entier rassemblées dans ce Temple de Bussigny témoignent de cette universalité.
    Dernier point que j'aimerais souligner et qui me fait particulièrement apprécier les crèches, c'est que Jésus, Marie et Joseph, pour ne parler que d'eux, prennent les traits des gens qui réalisent ces crèches. Dans les santons de Provence, Jésus est provençal, dans les crèches calebasses du Pérou, Jésus est péruvien, dans les crèches africaines, Jésus est noir. C'est bien là le mystère de Noël : Jésus est entré dans notre peau, dans notre condition humaine, où que nous soyons. Partout Jésus se fond dans l'humanité locale.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Jean 2. Le Temple de pierre est devenu personne humaine.

    Jean 2
    13.11.2011
    Le Temple de pierre est devenu personne humaine.

    Ezéchiel 47 : 1-7 + 12     Jean 2 : 13-22

    Téléchargez la prédication ici : P-2011-11-13.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Voilà un épisode étonnant de la vie de Jésus. Jésus se fâche, Jésus se met en colère et commet un acte plein de violence. Les quatre Evangiles nous rapportent cet événement où Jésus chasse les marchands et les banquiers du Temple. Cela a tellement choqué que tout le monde s'en est souvenu.
    Les marchands sont dans les cours du Temple de Jérusalem pour vendre des animaux pour les sacrifices. Les banquiers sont là pour changer les monnaies qui ont une figure humaine sur une face contre la monnaie du Temple qui n'a pas de représentation  — ni humaine, ni animale — pour obéir au commandement de ne pas faire d'images d'êtres vivants. Les marchands et les banquiers veulent donc bien faire, à la base, mais Jésus les chasse de la cour du Temple.
    Comment comprendre ce geste de Jésus ? Les Evangiles rapportent deux phrases explicatives. Jean rapporte ces mots de Jésus : "Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce" et les Evangiles synoptiques : "Ma maison sera une maison de prière." En vidant le Temple des marchands, Jésus veut redonner au Temple sa destination première, son rôle d'origine : être un lieu de spiritualité, un lieu où l'on entre en contact avec Dieu.
    L'Evangile de Jean a été écrit, dans sa forme actuelle, environ 30 ans après que les Romains ont détruit le Temple de Jérusalem. Donc à ce moment-là, pour Jean et ses lecteurs, le Temple n'existe plus, il n'y a plus de sacrifices d'animaux ni de pièces à changer. Pourquoi maintenir ce récit dans son Evangile ? Quelle importance peut-il encore avoir si le bâtiment du Temple a disparu ? L'épisode devrait perdre son sens et pourtant il est maintenu dans les quatre Evangiles.
    C'est là qu'il faut passer du sens historique au sens symbolique, à la portée symbolique du récit. Le Temple de Jérusalem n'existe plus, mais il y a toujours un Temple ! Le Temple est déplacé. L'Evangile de Jean le signale d'ailleurs dans le dialogue entre Jésus et les autorités du Temple.
    Jésus dit "Détruisez ce Temple et, en trois jours, je le relèverai." Jean ne parle plus du Temple de pierre pour lequel il a fallu 46 ans de construction. Il parle du corps du Christ. Il parle de la mort et de la résurrection de Jésus. Jean dit à travers ce récit que le Temple n'est plus le Temple de pierre de Jérusalem, mais que le Temple est devenu personne humaine.
    Là, je vais faire un petit détour par l'Ancien Testament, où le prophète Ezéchiel décrit le nouveau Temple. Il le décrit comme une source, une source abondante qui va faire refleurir le désert, le transformer en un verger magnifique.
    Si le Temple est une source de vie abondante et que Jésus remplace le Temple de pierre, on doit comprendre, entre les lignes, que Jésus devient la source de vie, la source d'eau qui coule en abondance. Et c'est bien ce que Jésus dit plus loin dans l'Evangile de Jean : "Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur" (Jn 7:38).
    Ce qui est intéressant dans cette promesse de Jésus, c'est le nouveau glissement du lieu de la source. Pour Ezéchiel, la source venait du Temple. Ensuite le Temple devenait Jésus. Et maintenant, cette source jaillit de celui qui croit. Le Temple, le lieu de la vie spirituelle, se déplace de Jérusalem sur Jésus et de Jésus sur le croyant, sur nous.
    C'est bien ce qu'a saisi également l'apôtre Paul quand il interpelle les Corinthiens en leur disant : "Nous sommes le Temple du Dieu vivant" (2 Co 6 :16). Nous n'avons plus besoin du Temple de Jérusalem, nous sommes le Temple que Dieu habite. La vie spirituelle se déroule en nous-mêmes. La source d'eau vive, image de la vie spirituelle, coule de Dieu en nous, abreuve notre vie et rejaillit sur les autres, portant du fruit.
    Enfin… cela devrait être le cas. Et c'est là que nous revenons à l'épisode de Jésus chassant les marchands du Temple. Maintenant nous sommes ce Temple dont parle l'Evangile. Mais de quoi sont encombrées nos cours intérieures ? De quoi nous abreuvent journaux, télévision et internet ? Ne sommes-nous pas habités par toutes sortes d'idées, d'idéologies, images qui nous inquiètent, qui nous troublent ou nous polluent ?
    La folie marchande de notre société ne nous pollue-t-elle pas constamment, nous laissant penser que tout se paie : un bonheur contre un malheur; ou que tout se marchande : il suffit de trouver le prix du sacrifice pour obtenir la faveur du ciel.
    Nous avons besoin d'être libérés de cette idéologie sur laquelle nous calquons notre vie intérieure. Nous avons besoin que Jésus chasse les marchands qui habitent nos cœurs et notre vie relationnelle et spirituelle pour pouvoir vivre de donner et de recevoir.
    Nous n'avons pas à gagner la faveur de Dieu, il nous la donne gratuitement, pas besoin de marchandage. Nous sommes le Temple du Dieu vivant, il faut juste faire un peu de place pour qu'il puisse habiter le Temple que nous sommes.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Ephésiens 3. Se reconstruire après une épreuve

    30.10.2011
    Ephésiens 3
    Se reconstruire après une épreuve
    Eph 3 : 14-19    Mt 13 : 45-48

    Télécharger la prédication ici : P-2011-10-30.pdf


    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Vous venez d'entendre la prière de l'apôtre Paul, ce qu'il demande pour ses auditeurs. Quelques mots sur la situation de Paul et celle de ses auditeurs ou lecteurs. Paul écrit à la communauté d'Ephèse depuis sa prison. Il a été arrêté par les Romains sur des accusations de ceux qui ne supportent pas sa prédication. Paul attend son transfert de Césarée à Rome pour son jugement. Il écrit à une communauté qui est aussi affaiblie, troublée par ce qui arrive.
    Paul essaye donc, non seulement de les rassurer, mais surtout de les fortifier, de les affermir. Paul leur montre le chemin de la reconstruction, ce qui est solide, à quoi ils peuvent se raccrocher, sur quoi ils peuvent tabler, ce qui est sûr et solide. Nous allons nous-mêmes suivre cette voie que montre Paul, pour voir comment, nous aussi, nous reconstruire, être affermis pour traverser les épreuves.
    Dans sa prière, Paul fait trois demandes qui sont assorties de trois buts et de trois moyens. Je les nomme les trois à la suite et nous les reprendrons une à une.
    1) Paul demande à Dieu de "fortifier notre être intérieur" par la puissance du Souffle de Dieu, pour mesurer toutes les dimensions de l'amour de Dieu.
    2) Paul demande que nous laissions le Christ habiter nos cœurs par la foi, pour connaître l'amour du Christ.
    3) Paul demande que nous soyons enracinés et fondés dans l'amour du Christ, pour être comblés de la plénitude de Dieu.
    Je vais reprendre ces trois demandes.
    1) Paul demande à Dieu qu'il fortifie notre être intérieur, par la puissance de son Esprit, de son Souffle, pour que nous puissions comprendre, mesurer toutes les dimensions (la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur) de l'amour du Christ.
    Cette première demande de Paul est entièrement tournée vers Dieu pour que lui agisse à notre égard. A ce stade, nous n'avons rien à faire. Et c'est vrai que — lorsque nous sommes dans une situation difficile, dans une épreuve, dans un deuil — dans un premier temps, nous sommes incapables de faire quoi que ce soit. Nous nous sentons démunis, impuissants, seulement fragiles et vulnérables.
    Dans ce premier temps, Dieu s'occupe de tout. Il vient fortifier notre être intérieur par la puissance de son Souffle. Il nous redonne du souffle lorsque nous en manquons. Lorsque, justement le souffle, la force nous manque, lorsque nous sommes à bout de souffle.
    J'aimerais mettre chacune de ces demandes de Paul en parallèle avec les paraboles que nous avons entendues. Ici, a parabole du filet compare le Royaume de Dieu à des pêcheurs qui ont jeté le filet et reviennent avec du poisson sur la plage. La parabole nous dit que le filet est plein. C'est une image d'abondance dans notre précarité. Dieu est généreux, il nous redonne du Souffle, lorsque nous nous sentons sans force, désemparés. C'est à ce moment que nous pouvons comprendre toutes les dimensions de l'amour de Dieu, sa largeur, sa longueur, sa hauteur et sa profondeur.
    2) Paul demande que nous laissions le Christ habiter dans nos cœurs, par la foi, pour connaître son amour. Cette fois nous avons quelque chose à faire. Pas une tâche immense, mais une tâche nécessaire, sans quoi il ne va rien se passer. Nous avons à ouvrir une porte, à laisser entrer le Christ pour qu'il puisse habiter dans notre cœur. C'est un travail sur nous-même de choisir ce que nous laissons entrer en nous et qui nous laissons habiter dans notre cœur.
    C'est la deuxième partie de la parabole du filet. Les pêcheurs sont assis sur la plage et ils trient les poissons, ils mettent dans des paniers ce qui est comestible et donnent le reste aux mouettes. Nous avons la tâche de rejeter ce qui nous est inutile ou nuisible et de prendre ou garder ce qui nous fait du bien.
    Attention, le plus difficile n'est pas toujours d'écarter ce qui ne nous plaît pas. Souvent ce qui est difficile, c'est de ne pas rejeter ce qui nous ferait du bien : une invitation, un geste d'amitié, une offre d'aide.
    Paul nous dit que le moyen à notre disposition, pour faire ce tri, c'est la foi, la confiance et c'est souvent le pas le plus difficile à faire lorsqu'on a été blessé, lorsqu'on se sent meurtri. Faire confiance et ouvrir son cœur… tout un programme.
    3) La troisième demande de Paul est que nous soyons enracinés et fondés dans l'amour du Christ pour trouver la plénitude. Là il est difficile de savoir si "enraciné" est actif ou passif. Je crois que l'important ici est plutôt le terreau dans lequel doivent descendre nos racines. Ce terreau, c'est l'amour du Christ. Un amour qui nous est donné, sans condition, sans contrepartie.
    Un amour inconditionnel. N'est-ce pas ce que nous cherchons tous dans la vie ? N'aspirons-nous pas tous à être aimés et à recevoir de l'amour ? Et n'est-ce pas ce dont nous sommes justement amputés lorsque la mort nous reprend un être cher ? Nous avons-là le travail de notre vie, de toute notre vie spirituelle, vivre de l'amour des autres, mais sans en dépendre complètement. Apprendre à dépendre de l'amour de Dieu, tout en profitant de l'amour de nos proches.
    C'est le thème de la parabole du marchand de perle. Il est à la recherche de la perle qui va le combler. Il est à la recherche de l'essentiel, de ce qui va donner sens à sa vie. Il est prêt à tout donner pour trouver cette perle et la garder. Lorsqu'il a trouvé le sens de sa vie, il va tout donner pour le garder et ça se comprend.
    Cet essentiel, cette plénitude, c'est l'objet de cette troisième demande de l'apôtre Paul. Ces trois demandes sont axées sur un but final : que nous puissions "être remplis de la plénitude de Dieu." Paul ne craint pas d'utiliser deux fois le même terme : "remplis" et "la plénitude" — le même terme que dans la parabole pour parler du filet qui est "plein" — pour indiquer que Dieu peut vraiment nous combler, combler nos vies, donner un sens à notre vie, au delà du contingent, de ce qui passe et disparaît.
    Et Paul le fait avec l'élément qui revient dans les trois moyens et les trois buts : l'amour que le Christ nous donne. Cet amour qui est la clé de l'évangile, de la Bible, qui est le résumé de tous les commandements et qui est — nous le savons bien intérieurement — la clé du sens de la vie et du bonheur.
    Paul nous donne ici, dans ses trois demandes, un chemin pour reconstruire nos vies après une épreuve, un chemin pour accéder à la paix et au bonheur. Demander à Dieu de fortifier notre être intérieur, laisser le Christ habiter nos cœurs et laisser nos racines se nourrir dans l'amour du Christ.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Luc 10. Apprendre à habiter chacun de ses gestes

    Luc 10
    9.10.2011
    Apprendre à habiter chacun de ses gestes
    Eccl. 3 : 1-4   Lc 10 : 38-42

    télécharger ici la prédication : P-2011-10-09.pdf
    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers catéchumènes et familles,
    J'ai choisi pour le message d'aujourd'hui de partir d'une rencontre de Jésus — comme je l'ai fait il y a quinze jours pour l'accueil des nouveaux catéchumènes. C'est au travers des récits de ses rencontres et de ses actions que nous découvrons qui est Jésus et c'est en découvrant qui est Jésus que nous pouvons découvrir qui est Dieu. C'est en tout cas ce que nous croyons comme chrétiens : c'est le Christ qui nous donne accès à Dieu.
    Dans ce récit Jésus rencontre deux femmes. Jésus entre dans la maison de Marthe et Marie, deux sœurs. Dans l'Evangile de Jean, on découvre qu'elles ont encore un frère qui s'appelle Lazare — mais il n'apparaît pas dans le récit de Luc — et nous apprenons que Jésus fréquente souvent cette maison de Béthanie (Jn 11:1).
    Marie et Marthe connaissent donc bien Jésus. Des habitudes ont été prises. Quand Jésus arrive, Marthe s'occupe de préparer le repas et Marie s'assied auprès de Jésus pour parler, pour écouter. Les choses se sont établies comme cela, mais, comme le récit nous le fait découvrir, cette situation crée un malaise : Marthe est fâchée et elle va se plaindre auprès de Jésus de l'attitude de sa sœur Marie. Marthe se plaint d'être seule à assurer le service alors que sa sœur ne fait rien en restant à écouter Jésus.  
    Jésus répond à Marthe, mais sans désavouer l'attitude de Marie dont il dit qu'elle a choisi la bonne part et qu'il ne va pas la lui enlever. Traditionnellement, pendant longtemps, cette réponse a été comprise comme la désapprobation de l'activisme de Marthe et la valorisation de l'attitude contemplative de Marie. En résumé, mieux vaut une vie de prière et de lecture de la Bible qu'une vie active dans le monde.
    Je pense qu'on peut dépasser ce clivage "action-contemplation" issu d'une lecture superficielle de ce récit. Essayons de voir plus en détail le dialogue entre Marthe et Jésus :
    "Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma sœur me laisse seule pour accomplir tout le travail ? Dis-lui donc de m'aider." (v.40)
    Essayons d'imaginer la scène : Marthe bondit hors de la cuisine et s'en prend à Jésus "Ça ne te fait rien…" On voit la colère de Marthe, elle est irritée, fâchée, mais derrière cette colère on voit la souffrance. Si Marthe se plaint, c'est qu'elle se sent lâchée, abandonnée dans sa cuisine, seule, isolée, en train de ruminer que sa sœur ne fait rien, ne l'aide pas et profite de l'invité.
    Il y a là — en plus du sentiment d'abandon — une certaine jalousie : moi aussi j'aimerais être là-bas en train d'écouter Jésus, être dans sa présence. Mais au lieu de ce bon moment, Marthe est débordée par toutes les tâches d'accueil et de préparation du repas. Donc, quand elle n'en peut plus, elle sort et va râler auprès de Jésus.
    On s'attendrait à ce que Marthe demande à Jésus de la sortir de là, mais ce n'est pas ce qui se passe. C'est le deuxième aspect de ce dialogue : la demande est décalée. Marthe en veut à sa sœur, mais elle s'en prend à Jésus ("Ça ne te fait rien que…" et "Dis à ma sœur de m'aider"). Marthe est incapable de formuler une demande directe. Au lieu de s'adresser à sa sœur en disant "J'ai besoin de ton aide" ou "Veux-tu venir m'aider" elle râle et donne des ordres.
    Combien de fois agissons-nous aussi de cette façon indirecte et décalée ? Marthe n'est pas à blâmer, elle agit comme tout le monde, elle agit comme nous tous : nous passons plus de temps à râler, à nous plaindre — pas toujours au bon endroit — plutôt que de voir ce dont nous avons besoin et de le demander directement à la personne qui peut nous le donner. La colère est une émotion et une force qui est positive lorsque nous arrivons à la transformer en une demande — polie — envers la bonne personne.
    Jésus reçoit donc cette demande décalée. Comment réagit-il ? Il répond : "Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses." Jésus commence par dire deux fois le prénom de Marthe. Une façon de prendre contact, de créer un lien personnel avec elle. "Marthe, Marthe, je suis avec toi, regardons-nous et voyons ce qu'on peut faire ensemble."
    Ensuite Jésus reformule ce qui se passe pour Marthe : il reconnaît la réalité que vit Marthe. Oui, elle vit dans l'inquiétude et le débordement. Jésus ne gomme pas les sentiments de Marthe, il les reconnaît, il en donne quittance.
    Ensuite seulement, Jésus pose une affirmation énigmatique : "Une seule chose est nécessaire." Face à la tempête de sentiments qui agite Marthe, Jésus pose la question de l'essentiel, des priorités. "Quelle est la seule chose nécessaire ?" Et il montre Marie, la sœur de Marthe, pour dire qu'elle a choisi l'essentiel et que cet essentiel ne lui sera pas ôté à cause du désarroi de Marthe.
    Cet essentiel n'existe pas à un seul exemplaire qu'il faille le retirer à Marie pour le donner à Marthe ! Marthe peut le trouver aussi. Marthe peut aussi découvrir l'essentiel qu'a trouvé Marie.
    Ce que Marie a choisi, c'est d'habiter son présent. Ce que Marthe n'arrive pas à faire, c'est d'habiter son propre présent, qui peut aussi bien être le présent du service. Marthe a l'impression de ne pas avoir choisi ce qu'elle fait. Elle râle donc pour ce qu'elle "doit" faire. Elle râle pour ce que les autres ne viennent pas faire avec elle.
    Comment prenons-nous la vie ? Comment choisissons-nous d'habiter notre présent ? Comme catéchumène, comment vais-je vivre mon année de catéchisme ? Comme une corvée que d'autres ne font pas ou comme un moment où profiter de découvrir quelque chose à vivre avec des copains ?
    Comme mère de famille, comment est-ce que je vis mes activités ? Comme des corvées, avec des courses, du ménage, du travail, ou bien comme des moyens de faire plaisir à ceux que j'aime ?
    Comme père de famille, comme employé, comme patron, qu'est-ce que j'ai ? De dures journées pour avoir de quoi boucler les fins de mois et ça ne suffit pas toujours ou une façon de participer à la construction de la société, de mon entreprise, d'un projet ?
    Marie habite son écoute de Jésus et elle se sent bien. Marthe n'arrive pas à habiter son service et elle se sent mal. Jésus n'oppose pas action et écoute. Il nous invite à habiter pleinement chaque geste, chaque activité que nous faisons au fil du temps. Habiter pleinement notre présent, c'est la bonne part et elle ne sera pas retirée à ceux qui l'ont trouvée.
    Jésus nous invite à trouver comment habiter notre vie, en choisissant ce que nous faisons, en comprenant pourquoi nous faisons les choses, en orientant nos actions vers un but. A partir de cela, il n'y a aucune activité inutile ou dégradante. Tout prend sens et nous avons trouvé la meilleure part.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Luc 7. La foi chrétienne, c'est découvrir une personne, la comprendre et la suivre

    Luc 7
    25.9.2011
    La foi chrétienne, c'est découvrir une personne, la comprendre et la suivre
    Lc 7 : 36-50

    Téléchargez le texte ici : P-2011-09-25.pdf

    Chers catéchumènes, chers parents, chères paroissiennes, chers paroissiens,
    "Mais qui est cet homme ?" se demandent les invités au repas auquel participe Jésus. Qui est cet homme Jésus pour que aujourd'hui — 2'000 ans plus tard — il y ait des Eglises, des paroisses, des cultes où on continue de parler de lui, de lui rendre un culte.
    Qui est cet homme Jésus pour que des parents inscrivent leurs enfants au catéchisme pour qu'ils apprennent à connaître Jésus ? Qui est cet homme Jésus ? C'est bien ce qu'il y a à découvrir dans le parcours de catéchisme, comme dans les cultes de chaque dimanche.
    La foi chrétienne n'est pas un ensemble de croyances à apprendre ou à adopter, ou de gestes à répéter. La foi chrétienne, c'est s'attacher à une personne, à la découvrir, à la comprendre et à la suivre. Dans le christianisme, la personne de Jésus est le message. La Bible est aujourd'hui notre source d'information sur Jésus, sur ce qu'il a fait (dans le Nouveau Testament) et sur d'où il vient (dans l'Ancien Testament).
    Ce matin, nous nous arrêtons sur une petite scène de la vie quotidienne de Jésus, un repas où il est invité. Jésus a été invité chez Simon le Pharisien. Les pharisiens sont des gens très religieux. Ils veulent vivre selon la loi divine, telle qu'ils la comprennent. L'accent est mis sur la pureté. Ils doivent éviter tout ce qui pourrait les souiller, les rendre impurs, sales aux yeux de Dieu. Ce qui fait qu'ils doivent éviter les contacts avec les gens qui ne se lavent pas, ou qui ont des métiers salissants ou pas très honnêtes (les collecteurs d'impôts) ou qui sont d'une autre religion (comme les romains) ou encore éviter les contacts avec les femmes qui ne sont pas de leur famille.
    Jésus — on le voit dans d'autres textes — ne partage pas ces points de vue. Il entre dans toutes les maisons où on l'invite, il s'invite même chez des romains ou chez des collecteurs d'impôts comme Zachée. C'est une des premières choses qu'on découvre de la personnalité de Jésus : il ne met pas de barrière entre les gens et lui, il est ouvert et accueillant.
    Ce n'est pas le cas des pharisiens, aussi est-ce un scandale pour Simon lorsqu'un femme inconnue entre chez lui et se met à toucher les pieds de Jésus. Aussitôt, Simon se met à juger cette femme et Jésus ! Cette femme sans gène ne peut être qu'une femme dérangée ! Et que Jésus ne s'aperçoive pas qu'elle dépasse toutes les limites et les convenances le fait dégringoler dans l'estime de Simon qui pense : "Si Jésus était vraiment un prophète (un homme proche de Dieu) il saurait qu'il ne doit pas se laisser faire." (Lc 7:39). Ainsi, Simon le Pharisien croit tout savoir, qui est cette femme et qui n'est pas Jésus.
    Jésus saisit ce qui se passe, il voit combien Simon est en train de juger tout le monde ! Mais Jésus ne se met pas à blâmer Simon. Jésus ne se met pas — comme nous en général — en position de miroir (il est fâché alors je me fâche, il m'agresse alors je lui rends). Non, Jésus se met à raconter une petite histoire qui semble ne rien avoir à faire avec la situation.

    "Si deux homme te doivent de l'argent et que tu supprimes leurs dettes, à l'un 500.- et à l'autre 50.-, qui te sera le plus reconnaissant ?" (v.41-42)
    Simon, qui a du bon sens, voit bien que plus la dette remise est élevée, plus grande sera la reconnaissance. Alors Jésus lui explique comment il voit les choses entre la femme et lui, Simon. Simon n'a vu que l'extérieur de cette femme, son apparence. Jésus, lui, a vu l'intérieur de cette femme, il a vu l'intention du geste, l'amour qui remplissait ses gestes, ses larmes, ses cheveux et ce parfum.
    Simon voyait le dérangement extérieur dans son organisation du repas. Jésus voit l'amour de cette femme dans chacun de ses gestes. En révélant l'inspiration intérieure des gestes de la femme à son égard et le manque de ces mêmes gestes chez Simon, Jésus les amène à se connaître eux-mêmes.
    Jésus fait prendre conscience à Simon qu'il a manqué d'amour. Simon a manqué d'amour, de prévenance à l'égard de Jésus, mais plus encore Simon a manqué d'amour reçu. N'est-il pas celui qui pensait n'avoir pas (ou presque pas) de dette envers Dieu tellement il obéit bien aux lois de pureté ?
    Jésus fait découvrir tout cela à Simon, toujours sans le blâmer, sans lui faire de reproche. Jésus n'est pas celui qui punit, il est celui qui libère celui qui annonce le pardon — comme il le dit à la femme.
    Ce récit nous fait comprendre comment Jésus agit, comment il se comporte à notre égard, comment il est là pour nous révéler à nous-mêmes comment nous vivons, comment nous sommes en relation avec les autres.
    Nous avons découvert le personnage de Jésus à travers cette histoire, nous comprenons comment il agit, quelle attitude il a à notre égard. Il reste à suivre Jésus dans ses manières de faire. Bien sûr, on peut rester spectateur, comme les autres invités au repas auquel Jésus participe et qui se demandent à la fin du repas : "Mais qui est cet homme ?"
    Mais nous pouvons aussi relever le défi d'aller à la rencontre de cet homme Jésus, d'essayer de le comprendre à travers la lecture de la Bible et de la participation à la vie de l'Eglise, et finalement prendre la décision de le suivre.
    Le christianisme n'est pas un savoir, ou une ensemble de dogmes. Le christianisme est un choix de vie. Le choix de découvrir Jésus, de le comprendre et de le suivre.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Jean 9. Jésus ouvre les yeux de ses disciples sur leur propre pouvoir, il les mobilise, il les envoie.

    Jean 9
    4.9.2011
    Jésus ouvre les yeux de ses disciples sur leur propre pouvoir, il les mobilise, il les envoie.
    1 Jn 4 : 7-9    Rm 12 : 1-2     Jn 9 : 1-7

    téléchargez la prédication ici : P-2011-9-04.pdf

    téléchargez le projet général de DM-Echange et Mission à Madagascar dans l'enseignement

    Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers invités,
    J'ai choisi le récit de cette guérison d'un aveugle par Jésus pour le message de ce matin parce que la personne que nous envoyons aujourd'hui en mission à Madagascar (par l'intermédiaire de DM-Echange et Mission) a trouvé sa vocation professionnelle dans le travail auprès des personnes handicapées. Son travail de fin d'étude traite de la représentation du handicap en Occident et à Madagascar.
    Questionner la représentation du handicap, c'est se demander quelle image mentale nous nous faisons du handicap, d'où il provient, quel sens il peut avoir. Et c'est exactement ce que nous trouvons comme questionnement dans la bouche des disciples : "Pourquoi cet homme est-il né aveugle ? A cause de son propre péché ou à cause de celui de ses parents ?" demandent les disciples (Jn 9:2).
    Les disciples ont une image mentale de l'origine du handicap, ils ont une représentation qui leur dit que le handicap est sûrement la conséquence d'une faute, d'un manquement.
    La représentation, c'est un peu comme un théâtre, intérieur à soi, dans lequel on joue une scène de rencontre avant qu'elle ne se produise. On fait une répétition générale pour se préparer (comme on préparerait un entretien d'embauche). Mais dans cette représentation théâtrale, on joue tous les rôles. Alors on invente le rôle de l'autre, ce qui donne une couleur à ce qui sera joué dans la réalité. Par cette représentation préalable, on influence la rencontre elle-même. Dans le meilleur des cas, notre représentation sera modifiée par la rencontre et l'on s'exclamera : "Ah, ben j'aurais pas cru ça de lui ou d'eux !"
    Les disciples ont donc une représentation du handicap qui repose sur une faute passé ("Est-ce à cause d'un péché…") Les disciples sont focalisés sur le passé, sur l'origine. S'ils trouvent l'origine du mal, ils seront rassurés et pourront se positionner face à cet homme — pensent-ils.
    Mais Jésus ne répond pas à la question de l'origine. Plus, il récuse l'idée qu'on puisse reporter la cause sur quelqu'un (la personne elle-même ou ses parents). Jésus donne une réponse énigmatique à la question des disciples. "Ce n'est pas à cause de… c'est pour que… pour que l'œuvre de Dieu puisse se révéler en lui !" (v.3)
    Jésus  nous détourne du passé et de l'origine pour nous orienter vers le présent et le futur. Ne cherchez pas dans le passé, faites quelque chose de ce présent pour améliorer la condition de cet homme. Et c'est ce que Jésus va faire en pétrissant de la boue à appliquer sur les yeux de l'aveugle. Ensuite, Jésus donne une tâche à l'aveugle pour le rendre participant de sa propre guérison. Il l'envoie se rincer les yeux à la piscine de Siloé.
    Les disciples avaient une représentation attachée au passé qui pouvait déboucher sur le reproche et qui aboutit à blâmer la victime. Jésus barre cette issue pour nous mobiliser dans le présent et pour nous pousser à une action constructive. Comme si Jésus disait : Cet homme est là pour que vous puissiez faire quelque chose pour lui !
    Jésus change la représentation des disciples face à cet homme. On peut même dire que Jésus ouvre les yeux de ses disciples sur leur propre pouvoir, il les mobilise, il les envoie.
    Pour moi, ce n'est pas un hasard que la personne guérie soit aveugle. Le récit veut nous ouvrir les yeux sur une réalité : Jésus est celui qui veut nous sortir de nos aveuglements. Le récit se veut porteur de notre guérison aussi, c'est pourquoi l'évangéliste Jean y insère cette parole de Jésus : "Je suis la lumière du monde." (Jean 9:5). Jésus est venu pour nous faire sortir de l'obscurité.
    C'est dans ce même sens que l'apôtre Paul nous dit : "Ne vous conformez pas aux représentations de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer pour un changement complet de votre intelligence ! Vous pourrez alors comprendre ce que Dieu veut." (Rm 12:2).
    Ce changement complet de l'intelligence, c'est nous guérir de trois aveuglements, changer trois de nos représentations :
    (i) notre représentation de Dieu. Jésus est venu remplacer un Dieu comptabilisateur de nos manquements par un Dieu qui nous soutient comme un Père.
    (ii) Jésus est venu pour transformer notre vision des gens, des "autres" : comme nous sommes tous les enfants d'un même Père, nous pouvons rencontrer les autres comme des frères et des sœurs. Le monde ne tournerait-il pas plus rond si nous cessions de nous méfier les uns des autres ?
    (iii) Jésus vient changer notre idée de nous-mêmes. Ne sommes-nous pas constamment en train de nous faire des reproches à nous-mêmes, tournés vers le passé ? Nous nous accusons et nous condamnons, alors que Dieu ne nous condamne pas (Rm 8:33), mais nous accueille comme ses enfants. Il nous mobilise et nous envoie.
    Dieu nous offre de nous guérir de ces trois aveuglements; irons-nous nous laver à la piscine de Siloé ? Parce que nous avons notre part à faire en réponse à cette guérison ! Dans ce récit, Jésus barre le retour sur le passé, mais il ouvre un avenir en nous désignant le grand dessein de l'existence : "nous devons accomplir les œuvres de celui qui m'a envoyé" (Jn 9:4). A nous de réaliser le travail pour lequel nous sommes faits. A nous de réaliser la vocation à laquelle le créateur nous a appelé.
    Aujourd'hui, nous saluons la vocation et l'envoi d'une jeune femme pour un travail à Madagascar. Mais n'oublions pas que nous avons tous reçu un appel du Seigneur, une vocation et un envoi. Forts du "changement complet de notre intelligence" que Jésus nous propose, nous pouvons partir raffermis — comme de vrais enfants de Dieu — sur nos lieux de vie et de travail pour accomplir l'œuvre de Dieu.
    Amen

    © Jean-Marie Thévoz, 2011

  • Juges 6. Reconnaître sa faiblesse et recevoir la force que Dieu donne.

    Juges 6
    28.8.2011
    Reconnaître sa faiblesse et recevoir la force que Dieu donne.
    Juges 6 : 2-6 + 11-16     Mt 4 : 12-13 + 18-22

    Téléchargez ici la prédication : P-2011-8-28.pdf

    Chères paroissiennes, chers paroissiens,
    Pour ce culte de rentrée, j'ai choisi cette histoire de Gédéon, parce que je suis habité par cette question : "Comment reprendre des forces après avoir vécu une situation qui nous laisse particulièrement affaiblis ?" Notre paroisse, et spécialement notre Conseil paroissial, a vécu une période difficile, marquée par plusieurs deuils, déménagements et départs. En sous-effectif, nous nous sentons affaiblis, comme ministres, comme Conseil et comme communauté. L'histoire de Gédéon m'est apparue comme une bonne illustration de ce que nous vivons et comme porteuse d'une espérance pour remonter la pente.
    Cette histoire nous présente la situation d'Israël comme misérable. A cause des razzia des Madianites, les Israélites en sont réduits à se cacher dans des grottes, dans des trous, ou dans des endroits inaccessibles des montagnes. Chaque fois que les Israélites plantent quelque chose, les Madianites viennent piller les champs juste avant la récolte. Quand les Israélites reconnaissent que la situation est sans issue, ils en appellent à Dieu.
    C'est par la reconnaissance de leur faiblesse, de leur impuissance, que les Israélites vont inaugurer un changement. Rien ne change tant qu'on se dit que c'est tolérable, que c'est encore supportable, qu'on peut tenir. Reconnaître la faiblesse, le manque ou le malaise, est le début du changement.
    Et Dieu n'est pas indifférent à l'appel au secours de son peuple. Il envoie un messager dans la bourgade d'Ofra, auprès de Gédéon. Le récit nous dit que Gédéon est en train de battre du blé dans le pressoir pour ne pas être vu des Madianites. Comme nous achetons notre farine au supermarché, on ne voit pas tout de suite ce qui cloche dans la position de Gédéon. Battre le blé pour séparer le grain de la balle se fait normalement en plein air, dans la brise pour que le vent emporte la balle. Et cela fait un nuage qui se voit de loin. Or, pour ne pas être vu des Madianites et risquer une razzia, Gédéon s'est enfermé dans la maison du pressoir et bat le blé à l'intérieur.
    On ne sait pas si les Madianites sont dans la région, mais chacun agit comme s'ils voyaient tout. Gédéon pense toutes ses actions en fonction d'eux, dans leur crainte, dans la crainte de leur intervention. Tous ses gestes sont mesurés en tenant compte de ce possible ! Il vit dans la peur et la méfiance. Même absents, les Madianites contrôlent les faits et gestes de Gédéon. Cette situation n'est plus tenable. Dieu envoie donc son messager pour délivrer Gédéon et Israël de cette obsession.
    Le messager salue Gédéon par ces mots : "Le Seigneur est avec toi, valeureux combattant !" (Jg 6:12) On pourrait presque penser que c'est de l'ironie mordante, mais Gédéon ne retient que la première partie de la phrase : "Le Seigneur est avec toi" pour la contester vivement. "Si le Seigneur est avec nous, pourquoi tous ces malheurs nous sont-ils arrivés ?" (v13) Comme la plupart de nos contemporains, Gédéon se sent abandonné de Dieu dans son malheur.
    Dieu laisse Gédéon exprimer son doute, il ne nie pas le malheur, mais il se rapproche. Depuis là dans le texte, c'est Dieu lui-même qui parle, le messager a disparu. Quand on doute de lui, Dieu se fait encore plus proche ! Et Dieu donne à Gédéon une parole de soutien et d'envoi. "Avec la force que tu as, va délivrer Israël" (v14).
    Après avoir douté de la présence de Dieu, Gédéon doute de lui-même. N'est-il pas du plus petit clan de la tribu de Manassé et le plus petit de sa maisonnée ? Gédéon doute de lui-même, et ces doutes intérieurs —  n'est-ce pas ? — sont les doutes les plus difficiles à contrer.
    A ce doute, Dieu oppose cette parole : "Va —avec la force qui est la tienne !" De quelle force Dieu parle-t-il ? Le mot utilisé signifie "énergie", "force brute", c'est l'énergie que donne la nourriture (Gn 4:12), c'est la force musculaire lorsque Habacuc dit de quelqu'un "celui-là, sa force est son dieu" (Hab 1:11). Dans les Psaumes, ce sont les forces humaines qui déclinent avec l'âge. Mais cette force brute est aussi entre les mains de Dieu, p. ex. dans les plaies d'Egypte contre Pharaon (Ex 9:16) ou dans la force que Dieu donne à Samson proportionnellement à la longueur de ses cheveux. Cette force est aussi celle de la révolte devant l'injustice et le malheur. Et c'est cette force de l'inacceptable que Dieu ranime en Gédéon, comme s'il lui disait "Va avec cette colère qu tu as et délivre Israël !"
    Mais Gédéon ne connaît pas encore cette force, ou plutôt, il la voit encore comme un obstacle, une faiblesse ou un défaut. Gédéon doit surmonter deux épreuves qu'il a énoncées avec ses deux doutes. Il doit surmonter le sentiment d'abandon exprimé dans le doute que Dieu soit présent malgré les malheurs du peuple. Et il doit surmonter son sentiment d'impuissance exprimé dans le doute sur ses propres capacités. Le chemin de Gédéon — et le nôtre — c'est de retrouver la confiance dans la Présence divine et retrouver la confiance en notre propre valeur.
    Au premier doute, Dieu nous répond : "Je serai avec toi !" (Jg 6:16) ne doute pas de ma présence, je viens à toi, je suis là. Au deuxième doute, Dieu répond : "Va avec la force que tu as !" (v14) Quelles que soient les razzia, les attaques, les malheurs qui te tombent dessus, quels que soient les retours à zéro et les recommencements à faire, le Seigneur est avec nous, il se fait proche, jusqu'au fond du pressoir.
    Ces razzia, ces malheurs prennent de nos forces, bouffent de l'énergie comme on dit, mais ils ne disent rien, au fond, sur la valeur intérieure de chacun, même s'il est difficile de s'empêcher de faire le lien dans nos pensées. Le sentiment d'impuissance n'a rien à voir avec les capacités réelles. Le sentiment d'impuissance a été porté par Jésus sur la croix pour nous en délivrer.
    Comme nous l'avons entendu dans l'Evangile, Jésus n'a pas recruté des surhommes, mais de simples pêcheurs au bord du lac. Il recrute des gens ordinaires, même un Gédéon pétri de peur au fond de son pressoir.
    Dieu est celui qui fait confiance, qui donne confiance. Il accompagne, il coache, il révèle la force qui existe en nous, les capacités et les compétences. Il nous sort de notre isolement, de nos peurs pour que nous puissions à nouveau marcher la tête haute, sans peur, sans avoir le sentiment d'être toujours observé par les Madianites. Dieu est avec nous pour affronter les difficultés et renforcer notre estime, ré-attester de notre valeur. 
    Gédéon va reprendre confiance, il va relever la tête, mais il ne va pas partir seul. Il a besoin de tous les volontaires pour reprendre le dessus. Notre paroisse aussi a besoin de toutes les forces disponibles pour se relever et avancer.
    Amen
    © Jean-Marie Thévoz, 2011