Jean 13
11.3.2007
Jésus prend la place du plus humble.
Marc 14 : 12-17 Marc 14 : 18-25 Jean 13 : 1-14
Chères paroissiennes, chers paroissiens, chers catéchumènes et parents,
Nous vivons le temps de la Passion — du Carême — c'est-à-dire le temps — après mardi gras jusqu'à Pâques — où nous retraçons les événements qui ont conduits au procès et à l'exécution de Jésus sur la croix. A Pâques, nous fêterons sa résurrection. Pendant ce temps de la Passion, Jésus a enseigné et vécu des moments forts avec ses disciples, les 12 compagnons qu'il a choisis pour l'accompagner dans ce parcours.
L'enjeu de cet enseignement et de ces signes c'est que les disciples comprennent ce qui arrive à Jésus, une fois que tout sera accompli. L'enjeu, c'est que les disciples comprennent le sens de la mort de Jésus. Aussi Jésus les prépare-t-il.
Les lectures bibliques nous rapportent deux événements qui prendront leur sens après la mort de Jésus : le lavement des pieds des disciples et le dernier repas, qu'on appelle la sainte cène. Je les prends ensemble, parce que l'Evangéliste Jean place précisément le lavement des pieds à l'emplacement où les autres Evangélistes placent la sainte cène. En effet, dans les deux récits sont intercalés l'annonce de la trahison de Judas et l'interrogation des disciples pour savoir s'il s'agit d'eux-mêmes et se passent le jour avant le jugement et l'exécution de Jésus.
Ce repas du soir est le moment choisi par Jésus pour faire connaître — par un signe, un geste concret — que son destin, qui va basculer dans les heures qui suivent, n'est pas le produit du hasard, mais un événement qui a du sens, qui a une portée, un effet sur chaque personne qui va entendre parler de Jésus et de sa mort.
Par ces gestes, le lavement des pieds et la sainte cène, Jésus nous montre qu'il choisit cette voie, ce destin. Il n'est pas une victime qui n'y peut rien et qui va subir ce qui va lui arriver. Jésus choisit d'affronter le tribunal, il choisit d'affronter la mort, il choisit d'affronter l'injustice du monde, il choisit cela parce qu'il sait que cela va transformer les humains et le monde.
Et c'est vrai que depuis ce moment-là, il y aura toujours des chrétiens pour dénoncer les injustices, les crimes et les violences des puissants.
Par ces gestes, le lavement des pieds et la sainte cène, Jésus nous montre que la voie qu'il suit est celle de l'abaissement. Il choisit de se mettre au niveau du plus petit, du plus humble, de celui qui n'a aucun droit, de celui qui n'a aucune voix pour protester, de celui qui se fait constamment moquer, écraser, rembarrer. Jésus prend la place du serviteur qui a les tâches les plus humbles, les plus dégoûtantes.
En cela, Jésus montre qu'il n'y a rien d'humiliant, rien de dégoûtant lorsqu'on choisit librement de le faire.
Et c'est ainsi que les chrétiens vont se mettre à construire des hospices et des hôpitaux pour accueillir gratuitement les malades couverts de plaies et de pus que personne ne voulait laver et soigner. Et c'est comme cela qu'est venue la dénonciation de l'esclavage, puis plus récemment du travail des enfants ou de l'exploitation actuelle des ouvriers et ouvrières de Chine qui fabriquent nos ordinateurs. Jésus s'abaisse jusqu'à nous, jusqu'au plus petit d'entre nous pour nous dire notre vraie valeur. Personne n'est trop bas pour Jésus.
Vous vous sentez petits, faibles, indignes, fautifs ? Vous ressentez durement le regard des autres qui vous fait vous sentir petits, inadéquats, pas assez bien… ? Jésus ne vous regarde pas comme cela. Il a lavé les pieds de ses disciples, c'est lui qui les rend propres, qui les purifie.
On pourrait penser qu'il nous lave parce qu'il nous voit sales. Et bien, écoutez ce qu'il dit à Pierre qui comprend tout à coup le comportement de Jésus et lui demande de le laver entièrement. Jésus lui dit : "Celui qui a pris un bain n'a plus besoin de se laver, sauf les pieds, car il est entièrement propre" (Jn 13:10). Ce que Jésus veut dire, c'est comme à la plage, en sortant de l'eau et en se séchant, on a toujours encore les pieds plein de sable, c'est la vie. Ce n'est pas parce qu'on n'est pas totalement irréprochable qu'on est tout noir et inacceptable. Les fautes, les erreurs font partie de la vie et Jésus ne les retient pas pour nous accuser. Il nous rend juste. Il nous considère comme acceptables, comme pardonnés, comme dignes d'amour.
En s'abaissant jusqu'au plus bas des humains, il renverse toutes les valeurs. La grandeur de l'être humain, elle est dans le service. La valeur de l'être humain est dans ce qui est invisible, dans son cœur. La vraie vie, elle est dans la confiance. C'est ainsi que Jésus nous invite à manger à sa table, à nous restaurer, à retrouver notre estime de soi.
En vous remplissant de la vie de Jésus, vous n'aurez plus peur que les autres vous considèrent comme faibles, indignes, incapables, fautifs… Seul l'avis de Jésus sur vous compte vraiment. Et Jésus vous considère dignes de manger avec lui de partager sa vie avec nous, de vivre en nous nourrissant de sa vie.
C'est pourquoi Jésus dit (Apoc 3:20) "Ecoute, je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte j'entrerai chez lui, je mangerai avec lui et lui avec moi."
A nous de répondre à son invitation.
Amen